3. H. Les indéfinis

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Les indéfinis peuvent être soit déterminants, soit pronoms, soit les deux. Ils peuvent consister en un seul mot, ou être centrés sur un mot - indéfinis simples -, ou en plusieurs mots formant ensemble un indéfini - indéfinis composés.


Indéfinis simples

Affirmation universelle

TOT, TOTA

Tot, tota, déterminant et pronom, s'emploie comme le français "tout"; comme lui, il exprime la totalité et l'intégralité; comme lui, il peut avoir un emploi adverbial.

  • Seul, déterminant employé sans autre déterminant, généralement au singulier, mais parfois au pluriel, il équivaut à cada:

Per lo sopar, que causiva tota setmana las napas vienudas de la lana mèi eslunhada, teishudas a Liglon. (Manciet): "Pour le dîner, elle choisissait toutes les semaines les nappes venues de la lande la plus éloignée, tissées à Luglon."

Que calè crompar tots ans au *buraliste ua bilheta. (Sègues): "Il fallait acheter chaque année un billet au buraliste."

  • * Au pluriel, tots, totas a un sens distributif:

en m’estangant tots quate pas (Sègues): "en m'arrêtant tous les quatre pas"

  • Tot peut être employé avec un autre ou d'autres déterminants:

La plana atau tot l'an que serà mei grasida. (Al-Cartero) (tot l'antot an): Ainsi, la plaine sera plus abondante toute l'année."

... dab l'idea de non pas aver hèit tot lo son dever. (Lapassade): "... dans l'idée de ne pas avoir fait tout son devoir."

Fernand se sovingut d'un còp totas las rimonèras passadas. (Belloc): "Fernand se souvint de toutes les gronderies passées."

  • Tot peut suivre le nom s'il est déterminé par un complément:

après ua vita tota de tribalh e d'estauvi (Rédaction de Reclams): "après une vie toute en travail et épargne"

  • Dans la langue ancienne, le sens de tots peut être renforcé par sengles; peut-être faudrait-il récupérer cet usage:

totes e sengles las causes sober diites (For d'Oloron): "toutes les choses susdites"

  • Comme pronom:

E tot que se'n va a la vanvòla! (Palay): "Et tout s'en va à vau-l'eau!"

E tots que s’esplasmèn. (Lavit): "Et tous s'écrièrent."

  • Tots s'emploie sans article devant un numéral cardinal:

Quauques segondas, tots dus que s'estén en silenci. (Peyroutet): "Quelques secondes, tous les deux restèrent en silence."

  • Tot s'emploie après un nom avec un sens particulier:

Lo país qu'ei tot pujas e baishas. (d'après Sègues): "Le pays n'est que montées et descentes."

B'ac vedetz: qu’ei tota torns e virolets. (Palay): "Vous voyez bien: elle est toute en tournants et en virages."

Calèva passar per ua maishanta camiòla tota hanga, tota traucs. (Pérès): "Il fallait passer par un mauvais chemin qui n'était que boue et que trous."

  • Tot pronom a un sens neutre; c'est ce qui explique que lorsqu'il est COD, il est généralement employé avec ac, qui précède le verbe:

Eth qu'ac sabè tot suu quartièr. (Javaloyès): "Lui savait tout sur le quartier."

Qu'ac hasó passar tot sus lo cap de la dauna. (Yan Palay): "Il fit tout passer sur le compte de sa femme."

En arribant davant la pòrta qu'ac tròbi tot barrat. (Badiolle): "En arrivant devant la porte je trouve tout fermé."

Mais:

comandat / que m'a d'aparià'c tot, que's tròbe tot en plaça / tà aunorar ‘th estrangèr. (Sarrieu) (le second tot est sujet de la proposition): "Il m'a commandé de tout mettre en ordre, que tout se trouve à sa place pour honorer l'étranger."

L'ordre des mots étant plus souple, qu'en fr., tot peut précéder ac dans la phrase:

Lo huec tròp gualhard tot qu'ac crema. (Casebonne): "Le feu trop vigoureux brûle tout."

Toutefois, on n'emploie pas ac si tot est suivi d'une relative explicative:

Que'us cau hèr véser, ça ditz, segur, tot çò qu'avèm pr'ací de beròi. (Saint-Bézard): "Il faut leur faire voir, dit-il, sûr de lui, tout ce que nous avons dans le coin de joli."

  • Dans une phrase comme Mes l’endedia, que sabèi punt per punt tot quin s’èra passat ("Mais le lendemain, je savais en détail comment tout s'était passé." - Abadie), il y a une prolepse (v. la fiche 1. B. La prolepse; l'ordre normal de la phrase serait: Que sabèi punt per punt quin tot s'èra passat.
  • Note pour la traduction: tot a le même sens que sancer, mais est plus employé:

Que la se minge tota! (Palay): "Qu'il la mange entière."

On l'utilisera donc de préférence:

"Je suis restée une semaine entière.": Que soi demorada tota ua setmana.

  • On dit tot de devant un adverbe ou une locution de temps:

Qu’ei la pensada / qui'm segueish tot de uei.: "C'est la pensée qui me suit depuis ce matin."

Toutefois, dans certains parlers gascons, on emploie tot seul:

La mair qu'a plorat tot anueit. (Tallez): "Ma mère a pleuré toute cette nuit."


TOTÒM

Totòm ("tout le monde", "tous") est un ancien pronom indéfini rarement employé dans la langue actuelle (cf. catalan tothom):

Qu'i son au segur las rasons qui a totòm de voler resistir tà poder víver dret. (Lavit): "Il y a bien sûr les raisons que tout le monde a de vouloir résister pour pouvoir vivre debout."

Qu'ei un explic qui estauvia a totòm de cercar ua responsa vertadèra. (L'òrra istoèra d'un hilh de Gelòs): "C'est une explication qui épargne à tout le monde de chercher une vraie réponse."


Affirmation particulière

BÈTH, BÈRA

  • L'adjectif qualificatif bèth, au fém. bèra, s'emploie comme déterminant, surtout dans la zone pyrénéenne, avec le même sens que quauque; on le trouve surtout au singulier:

bèth còp de uelh lèste (Casebonne): "quelque coup d'oeil hardi"

  • Dans certains parlers, on l'emploie à la place de l'article indéfini après com:

Que seguiva l'ahoalh com bèth pèc. (Casebonne): "Il suivait la multitude comme un sot."

S'espian de travèrs com bèths lops. (Daugé): "Ils se regardent de travers comme des loups."

  • Le pronom correspondant est bèth un, bèra ua (ou, avec le passage de -th à -r entre deux voyelles, bèr un, bèra ua), qui est synonyme de quauqu'un, quauqu'ua, v. plus bas); ces formes sont rarement employées; plus fréquent est le pluriel bèths uns, qui est synonyme de daubuns:

Bèth un que's troçava ua cigarreta. (Peyroutet): "Quelques-uns se roulaient une cigarette."

Quan bèra ua petava, que'm dava ua estrèita. (Palay): "Quand certaines pétaient, j'avais un mouvement de recul."

Lo nom de bèths uns a pena trobaratz. (abbé Puyoô): "Vous trouverez à peine le nom de certains."

Bèths uns se n'arridèn. (Cérez): "Quelques-uns riaient."

  • Bèths, déterminant au pluriel, est rare aussi:

'Nà'm sèter coma bèths diés a ath cap deth vièr... (Noguès): "Pour m'asseoir comme certains jours au bout du sentier..."

  • On le trouve aussi devant aute, -a:

Que voi anar tà Marieta, véder se i tròbi a Jan de Casanava e bèr aute amic. (Casebonne): "Je vais aller chez Mariette pour voir si j'y rencontre Jean Cazenave et quelque autre ami."

On le trouve toutefois normalement dans les locutions temporelles a bèths còps (plus courante que a còps) et bèths dias a, et dans le quantifiant-pronom bèra tropa:

Que n'i a bèra tropa. (L2): "Il y en a beaucoup."

  • Parfois, il est difficile de savoir si on a affaire à bèth indéfini ou à bèth adjectif qualificatif, celui-ci semblant employé parfois sans article:

Bèth disnar que'us atendè: qu'i hen aunor. (Lalanne): "Un dîner les attendait: ils y firent honneur."


DUS, DUAS

Le numéral dus, duas peut prendre le même sens que quauques; on a alors affaire à un indéfini, déterminant ou pronom:

Que'vs pòrti dus crespèths. (Bouzet): "Je vous apporte quelques beignets."

V. aussi la fiche 3. N. Numéraux.


GRAN CAUSA

Cette locution employé dans les phrases négatives, avec une valeur de pronom indéfini, est un calque du fr. ("grand-chose"):

Non crei pas que sabossin gran causa de la literatura de lenga d'Òc ad aqueth moment. (Palay): "Je ne crois pas qu'ils savaient grand chose de la littérature d'oc à ce moment-là."

Il vaut mieux employer quasi arren, batlèu arren, ou encore guaire arren.


QUATE

Le numéral quate est employé au sens d'un indéfini; son sens équivaut à uns quants, il exprime l'existence d'êtres ou d'objets en faible nombre:

quate maisons devath lo cèu (Nadau): "une poignée de maisons sous le ciel"

V. aussi la fiche 3. N. Numéraux.


QUAUQUARREN

  • Quauquarren est un pronom utilisé pour exprimer la présence ou l'existence d'une chose, d'un être inanimé, que l'on ne spécifie pas autrement:

Que tròbe en era madeisha quauquarren que correspon ara diversitat des dialèctes emplegats per aquera tragediá. (Sarrieu): "Elle trouve en elle-même quelque chose qui correspond à la diversité des dialectes employés par cette tragédie."

  • L'adjectif qui le suit est toujours précédé de de:

Qu'èi donc hèit quauquarren de bon / pusque'm tractatz com un trobaire? (Yan Palay): "J'ai donc fait quelque chose de valable puisque vous me traitez comme un poète?"

  • Dans le Gers, on n'emploie pas quauquarren, mais quaucom.


QUAUQUARRÉS

Quauquarrés, pronom, sert, dans certains parlers béarnais, à exprimer la présence ou l'existence d'une ou plusieurs personnes, sans que leur identité soit spécifiée autrement; comme avec arrés, le verbe peut être au pluriel:

Qu'auré volut que quauquarrés que las vedossin en dab eth. (Hustach): "Elle aurait voulu que quelqu'un les voie avec lui."

On emploie plus souvent, avec le même sens, quauqu'un; v. plus bas.


QUAUQUE

  • Quauque, invariable en genre, est un déterminant qui marque l'indétermination (fr. "quelque"):

en quauque trauc de bomba (Casebonne): "dans quelque trou de bombe"

  • Devant un nom abstrait, il peut, comme "quelque" en fr., avoir le sens de "un peu":

S'avès quauque bon sens, n'assegurarés pas la causa. (Casebonne): "Si tu avais quelque bon sens, tu ne présenterais pas la chose comme certaine."

  • Il est plus fréquent au pluriel:

Jo que hèi quauques pas vergonhós e qu'entri. (Javaloyès): "Je fais quelques pas hésitants et j'entre."

  • Dans le Gers, l'est de la Bigorre, le Comminges et au val d'Aran, le féminin est quauqua:

quauque drollòt, quauqua drollòta (Philadelphe): "quelque jeune garçon, quelque jeune fille"

En quauqua manèra, que se pòt díder encara qu'era Gramatica ei eth resultat dera fatiga. (Carrera): "D'une certaine façon, on peut dire encore que la Grammaire est le résultat de la fatigue."

  • On peut employer ensemble quauque avec aute:

Mes aqueths bravòs que devèn prúder a las aurelhas e au nas de quauque aute candidat. (Palay): "Mais ces bravos devaient chatouiller les oreilles et le nez de quelque autre candidat."

Qu'ètz tròp luenh, quauque aute que'n profieitarà. (Larroque): "Vous êtes trop loin, d'autres en profiteront."


QUAUQU'UN

  • Quauqu'un est un pronom exprimant la présence ou l'existence d'une ou de plusieurs personnes dont on ne spécifie pas autrement l'identité:

Que s'arrèsten o non, quauqu'un que i a a estar. (Bouzet): "Qu'ils s'arrêtent ou non, il faut que quelqu'un y soit."

Si quauqu'un entra, lo portau que crida pro tà nse n'avertir. (Bouzet): "Si quelqu'un entre, le portail grince assez pour nous en avertir."

  • L'adjectif qui le suit est toujours précédé de de:

Qu'ei quauqu'un d'estranh. (Javaloyès): "C'est quelqu'un de bizarre."

  • Dans les Landes, on emploie quauque d'un:

Qu'entenom vailets, dahòra, e quauque d'un dens la part de darrèr, qui galopavan. (Manciet): "Nous entendîmes des valets, dehors, et quelqu'un du côté arrière, qui galopait."


QUAUQU'UN, QUAUQU'UA

  • Distinct du précédent, le pronom quauqu'un, quauqu'ua remplace quauque lorsque le nom qui suivrait n'est pas exprimé; il peut se référer à une personne ou à un inanimé; au singulier; il n'y a pas d'équivalent fr.:

... shens lo mendre quehar taus corbashs, qui guinhava per devath, prèst s'ac avè calut a n'arrapar quauqu'un per la polacra. (Lapassade): "... sans se préoccuper le moins du monde des corbeaux, qu'il regardait par en dessous, prêt s'il avait fallu à en attraper un par le cou."

Mei sovent que sòus, de la tireta enlà que me n'aparivan pomas d'aqueras... Un pomèr de haut brangatge que las madurava, e defendut qu'èra de'n har càder capvath l’estiu. Arrés n'i toquèra, d'aulhors, dinca pair Francés e s'i pugèsse tà las s'amassar, ua per ua, dens un tistalh de còstas. Que'm trobavi aquiu, be vse'n mensh·hidatz, entà la cuelhuda, e a bèths còps en me'n causint quauqu'ua de géncer. (Camélat): "Plus souvent que de l'argent, je réussissais, du tiroir, à avoir de ces pommes... Un pommier à haut branchage les faisait mûrir, et il était interdit d'en cueillir pendant l'été. Personne n'y aurait touché, d'ailleurs, avant que père François y montât pour les ramasser, une par une, dans un panier placé à côté de lui. Je me trouvais là, vous vous en doutez bien, pour la cueillette, et parfois en en choisissant une parmi les plus belles."

  • On le trouve aussi exprimant un élément d'un ensemble exprimé par un complément de nom introduit par de:

E son au pè d'Aqueras montanhas dens las vaths gasconas o catalanas, o dens quauqu'ua d’aqueras maisoetas... (Casebonne): "Sont-elles au pied de Ces montagnes dans les vallées gasconne ou catalanes, ou dans une de ces maisonnettes..."

  • Quauqu'un o quauque aute peut servir à exprimer une alternative.
  • Cet indéfini est plus employé au pluriel:

N'i a quauques uns que sagèn de l'escotelar coma un praube innocent. (Saint-Bézard): "Il y en a quelques-uns qui essayèrent de le tuer d'un coup de couteau comme un pauvre innocent."

Nostes legidors qu'auràn podut saborejar quauques uas d'aqueras poesias autan leugèras que delicadas. (Camélat): "Nos lecteurs auront pu savourer quelques-unes de ces poésies aussi légères que délicates."

  • Dans les Landes, on emploie quauque d'un, quauque d'ua:

Au mensh, que n'i augi quauque d'un d’urós! (Daugé): "Du moins, qu'il y en ait un d'heureux!"


UNS QUANTS, UAS QUANTAS

  • Uns quants, uas quantas ("quelques") est un indéfini à la fois déterminant et pronom qui exprime une pluralité plus réduite que quauques ou quauques uns:

Que m'a hèit signar uns quants papèrs. (L'estranh): "Il m'a fait signer quelques papiers."

  • En Béarn, on emploie plutôt uas quandas au féminin, et parfois uns quandes au masculin:

En darrèr numerò deths Reclams qu'èi legut uas quandas linhas sus çò qui's passa en *Alsaça. (Lahargue): "Dans le dernier numéro des Reclams j'ai lu quelques lignes sur ce qui se passe en Alsace."

Uns quandes, ailàs! non son mei d'aquesta tèrra (Camélat): "Quelques-uns, hélas ! ne sont plus de ce monde."


Affirmation déterminée

DABAUTES, -AS

V. le suivant.


DAUBUNS, -UAS

  • Daubuns, -uas s'emploie à la fois comme déterminant et comme pronom, avec le même sens que le français "certains":

Qué hèn alavetz daubuns arren-que-valhas? (Bladé): "Que font certains vauriens?"

Daubuns vilatges qu'avèn lo renom d’aver la joenessa patacassèra. (Palay): "Certains villages avaient le renom d'avoir une jeunesse bagarreuse."

Daubuns, pres de holia o de rauja, autanplan qu’avèn getat tot çò qui no’s podèn pas har seguir. (Javaloyès): "Certains, pris de folie ou de rage, avaient même jeté tout ce qu'ils ne pouvaient pas emporter."

  • Cet indéfini avait en ancien gascon la forme auguns (cf. cat. algun, cast. algún):

Auguus dixon: "Si." Autes: "Que no eg." [eth] (Récits d'Histoire sainte): "Certains dirent: "Si". D'autres: "Pas lui"."

Le g intervocalique est passé à b (évolution rare, mais constatée dans quelques autres mots: agòr / abòr); pour le d- initial, cf. d'autes, de qui n'i a.

  • Il existe un déterminant-pronom qui s'emploie en corrélation avec daubuns: dabautes, -as (< *daubautes):

Daubuns que disen qu'ei grèu, dabautes qu'asseguran que non.: "Certains disent que c'est grave, d'autres (/ certains autres) assurent que non."

Dabautes est rarement employé.

  • Daubuns, -uas est peu employé dans la langue parlée; on emploie plutôt qui i a, de qui n'i a. V. plus bas.


DIFERENTS, -AS

L'adjectif qualificatif diferents, -as s'emploie comme déterminant, avec le même sens qu'en fr., seul ou précédé de l'article défini:

No's sap quin se son formadas las diferentas lengas qui's parlan per tota la tèrra. (Palay): "On ne sait pas comment se sont formées les différentes langues qui se parlent à travers le monde entier."

À vrai dire, cet emploi a été rarissime jusqu'à aujourd'hui, mais tend à se répandre à cause de la pression du français. Comme le même usage existe aussi dans d'autres langues romanes, nous pensons qu'il est acceptable.


DIVÈRS, -AS

  • Au contraire du précédent, le déterminant divèrs, -as existe depuis l'ancien gascon:

A laquoau poblation bienco homes de diverses partides. (For d'Oloron): "Fondation à laquelle il arriva des hommes de diverses régions."

  • Son emploi n'a cessé depuis lors:

N'es qu’un aire a divèrs estatges. (Dastros): "C'est un seul air à divers étages."

A trevèrs divèrs noms, shens hèra de richessa, Arious que sap de luenh amiar sa noblessa. (abbé Puyoô): "À travers divers noms, sans beaucoup de richesse, Arious sait de loin amener sa noblesse."

On peut donc employer sans crainte ce déterminant, qui peut être précédé de l'article défini:

era formacion des divèrses espèces de nebuloses en bòla, en espirala, en chapelet, ò traucades coma eth nòste camin de Sent Jaques (Sarrieu): "la formation des diverses espèces de nébuleurses en boule, en spirale, en chapelet, ou percées comme notre Voie lactée"

Que son los divèrs punts de l’alternativa KAS. (Arantxa): "Ce sont les divers points de l'alternative KAS."


QUI I A, DE QUI N'I A

  • La locution qui i a (parfois que i a), postposée au nom, joue le rôle d'un déterminant avec le même sens que daubuns, mais un emploi beaucoup plus large dans la langue parlée:

Lengassuts que i a que's botavan a díser que m'i deví maridar. (Camélat): "Certains cancaniers se mettaient à dire que je devais me marier avec elle."

  • Le pronom de même sens est de qui n'i a (parfois de que n'i a):

De qui n'i a que diserén que't pagui de ua auta mòda. (Peyroutet): "Certains diraient que je te paie d'une autre façon."

  • Lorsque la préposition de précède de qui n'i a, on maintient les deux de:

Espiatz lo maganhèr de de qui n'i a. (Lo defunt mèste): "Regardez la méchanceté de certains."


Affirmation indéterminée

ÒM

  • Òm (fr. "on") est un pronom qui exprime un sujet indéterminé; il n'existe pas dans tous les parlers gascons; v. la fiche 3. L. Les équivalents de ON.

Que's calerà contentar de çò qui òm a. (Palay): "Il faudra se contenter de ce qu'on a."

Qu'i avó dus morts a çò qu'òm ditz. (Lavit): "Il y eut deux morts à ce qu'on dit."

  • En gascon pyrénéen, il peut suivre l'énonciatif que, et même suivre le verbe:

En agüeità'u d'estant eth escalèr, qu'òm a, a dreta, era carrèra... (Sarrieu): "En regardant de l'escalier, on a, à droite, la rue..."

Que i enten òm tres pos. (Philadelphe): "On entend trois heurts."

En un didau que't har'òm càber de tant que plegas eths currons. (Philadelphe): "On te ferait entrer dans un dé à coudre tellement tu plies les croupions."

V. 3. B. Le présent de l'indicatif, 1. 1.


Négation

ARREN

  • Arren ("rien") est un pronom exprimant la négation ou l'absence d'êtres inanimés, dans une phrase négative:

Vos non trobatz gost en arren. (Dastros): "Vous ne trouvez goût à rien."

  • Avec arren, l'adjectif qualificatif est toujours précédé de de:

Tot es burlat, las vacas e lo can son mòrts. Autament i a pas arren de nau. (Bladé): "Tout a brûlé, les vaches et le chien sont morts. À part ça il n'y a rien de nouveau."

  • Arren de s'emploie aussi avec un sens adverbial, pour exprimer le haut degré de la qualité exprimée par l'adjectif au comparatif de supériorité qui suit:

Figuratz-vse qu'aví un hasan qui anonciava lo dia arren de mei beròi. (Palay): "Figurez-vous que j'avais un coq qui annonçait le jour de façon très jolie."


ARRÉS

  • Arrés ("personne") est un pronom exprimant la négation ou l'absence d'êtres humains, dans une phrase négative:

Arrés ne's bromba d’ac aver jamei vist. (Sègues): "Personne ne se souvient de l'avoir jamais vu."

Certains parlers du Sud béarnais emploient arrens; on évitera cette forme à l'écrit.

  • L'adjectif qualificatif employé avec arrés est toujours précédé de de:

dab los auts gojats arrés de mei charmants qu’eth (Hustach): "avec les autres garçons personne de plus charmant que lui"


CAP

  • Cap s'emploie, tant devant un nom masculin que féminin, au lieu de nat, nada, dans les parlers pyrénéens. Dans les parlers orientaux, il s'emploie avec de:

N'avèvi pas cap experiéncia dera vita. (Isabèu de la Valea): "Je n'avais pas d'expérience de la vie", "Je n'avais aucune expérience de la vie."

Cap de Felibrejada encara: tròp de malurs de tot costat e manca de leser. (Escolo deras Pireneos): "Pas de Félibrée encore: trop de malheurs de tous les côtés et manque de temps libre."

  • Cap a aussi un emploi pronominal.


DEGUN, DIGUN

Ces pronoms s'emploient surtout dans une partie du Gers et des Landes avec le même sens qu'arrés; la fome digun est plus fréquente que l'autre:

Calè pas digun que i botèssi lo nas sonque quan estossi emprimat. (Daugé): "Il ne fallait que personne y mît le nez avant que ce soit imprimé."

Au segur n'a pas jamès volut empachar digun de parlar francés. (Saint-Bézard): "Naturellement il n'a jamais voulu empêcher personne de parler français."

Degun non n'avè jamei sabut arren. (Palay): "Personne n'en avait jamais rien su."


NAT, NADA

  • Nat, fém. nada dénote l'absence d'un élément cité ou connu dans le contexte. Il peut être déterminant ou pronom; son équivalent français est "aucun", mais aussi "de":

Amics ne n'èi pas nat. (Casebonne): "Des amis, je n'en ai pas."

La mar qu'ei lo país deus qui n'an pas nat país. (Nadau): "La mer est le pays de ceux qui n'ont pas de pays."

Ne volem pas nat MacDo. (slogan politique): "Nous ne voulons pas de MacDo."

  • Lorsqu'il détermine un nom qui n'existe qu'au pluriel, ou qui a un sens particulier au pluriel, nat, nada se met au pluriel:

Eth n’a nadas tornas dab jo. (Garros): "Lui n'a aucun retour avec moi."

Lorsque, pronom, il se réfère à un nom au pluriel, on peut le trouver employé au pluriel:

Huelhas, bèthlèu n'aurà pas nadas! (Ricau): "Des feuilles, bientôt il n'en aura aucune!"

Las letras qu'an avut gran renom dens los parçans vesins. B'èran atendudas mei que nadas, las qui èran signadas per Horncadut. (Camélat): "Les lettres ont eu une grande réputation dans les régions voisines. On attendait plus que n'importe quelles autres celles qui étaient signées par Hourcadut."

  • On peut l'omettre lorsque deux ou plusieurs noms se succèdent:

Non i averà pas marit ni maridatge. (Palay): "Il n'y aura ni mari ni mariage."

  • Il s'emploie dans les phrases négatives à la place de un, y compris dans des cas où le français maintient "un"; v. la fiche 3. D. L'article indéfini.
  • Lorsque nat, pronom, est accompagné d'un nom en apposition, celui-ci peut être précédé de de, sans que cet usage soit obligatoire:

Non te'n voi pas véder nat, de medecin! (Palay): "Je ne veux en voir aucun, de médecin!"

Ah! parlem-ne de las ideas... E n'as nada, idea, tu? (Palay): "Ah! parlons-en des idées... Tu en as une, d'idée, toi?"

  • Comme pronom, il peut aussi être synonyme d'arrés; dans ce cas, on le trouve parfois au pluriel.

Nat non l'a vist. (Palay): "Personne ne l'a vu."

Mes nat non responó sonque Bertà. (Peyroutet): "Mais personne ne répondit sauf Bertha."

Deus quate qui èm de familha, nats mei que non nse parlam. (Palay): "Des quatre enfants que nous étions, plus personne ne se parle."

Coma se n'avossen vergonha, tots que's caran, e nats non gausarén cridar, coma cridàvam nosauts d’autes còps, la politic de qui serveishen e la color deu lor drapèu. (Camélat): "Comme s'ils en avaient honte, tous se taisent, et personne n'oserait proclamer à voix haute, comme nous le proclamions autrefois, la politique qu'ils servent et la couleur de leur drapeau."

Dans ce cas, il renvoie souvent à l'absence de personnes d'un groupe déterminé plutôt qu'à l'absence d'être humain en général, comme le fait arrés.


PAS UN

La locution pas un, pas ua, s'emploie comme déterminant et pronom avec le même sens que nat, quoique moins fréquemment:

Qu'avetz argent de plaçat, vam, ci disè lo mossur. — Pas un sòu! ci hasè era. (Palay): "Vous avez de l'argent placé, allons, disait le monsieur. — Pas un sou ! faisait-elle."

Non trobarés tà't hèr dançar pas un gojat. (Abadie): "Tu ne trouverais pas un garçon pour te faire danser."


NULH, -A

Nulh, -a (fr. "nul") est un indéfini de l'ancien gascon, à la fois déterminant et pronom, de même sens que nat.

Are no an nulhe escuze. (Récits d'histoire sainte): "Maintenant ils n'ont aucune excuse."

Jo no trobi nulhe razoo en aquest homi per que deye morir. (Récits d'Histoire sainte): "Je ne trouve aucune raison chez cet homme pour qu'il doive mourir."

On pourrait le réintroduire dans la langue moderne au moins dans le langage juridique, à l'instar du "nul" français.


Distribution

CADA

  • Employé uniquement comme déterminant, cada exprime la totalité des éléments d'un ensemble, chacun étant envisagé séparément; on emploie la même forme au masculin et au féminin:

en cada maison (Sabalot): "à chaque maison"

en cada cap de taula (Palay): "à chaque bout de table"

Que i avè au prumèr reng ua gojata dab lo peu negre estirat de cada part d'ua randa suu miei deu front. (Lapassade): "Il y avait au premier rang une fille aux cheveux noirs étendus de chaque côté d'une raie au milieu du front."

  • Lorsqu'il y a plus de deux éléments, on emploie plus fréquemment tot, voire tots:

Que se rendèn atau tot an a la mar. (Manciet): "Ils se rendaient ainsi chaque année à la mer."

Que'ns cambiarà de las cuentas de tot dia. (Lapassade): "Ça nous changera des occupations de tous les jours."

tots ans (Yan Palay): "chaque année"

  • Cada a un sens distributif lorsqu'il est suivi d'un numéral cardinal:

cada duas minutas: "toutes les deux minutes"

  • Il existe d'autres tournures, peut-être plus employées:

De duas en duas minutas, qu'espiava lo quadrant qui batanava a gran galòp las escorrudas deu temps. (Casebonne): "Toutes les deux minutes, elle regardait le cadran qui rythmait le passage du temps."

de sèt a sèt ans (Peyroutet): "tous les sept ans"

a tot cap de dus mes (Lavit): "tous les deux mois"

On emploie notamment le participe passé passat, -ada pour signifier "un sur deux":

a setmana passada: "une semaine sur deux"

V. aussi ci-dessus, à tot.


CADUN

  • Cadun s'emploie comme pronom à la place de cada lorsque le nom n'est pas explicité:

Cadun d'eths que’s vienè cuélher lo son prètz. (Camélat): "Chacun d'entre eux venait chercher son prix."

Que seré un arrenjament enter comunas vesias dont cadua daré los miélhers gojats o gojatas entà har la tropa qui poderé, un còp apresa, seguir lo canton. (Palay): "Ce serait un arrangement entre communes voisines dont chacune donnerait les meilleurs garçons ou filles pour constituer la troupe qui pourrait, une fois instruite, parcourir le canton."

  • "tout un chacun" se dit tot cadun:

Tot cadun que crompa e que lei. (Camélat): "Tout un chacun achète et lit."

On trouve parfois, aussi, un cadun:

Un cadun que s'estava a casa. (Peyroutet): "Tout un chacun restait chez lui."

  • N. B.: les locuteurs natifs emploient souvent chaque et chacun au lieu de cada et cadun. Ces francismes récents sont évidemment à rejeter.


Unité et pluralité

LA-UN

La-un est une forme aberrante de l'un employée dans certains parlers de Bigorre et du Gers; v. le suivant.


L'UN

L'un, pris globalement, est une forme de déterminant devant un nom lorsqu'existe une alternative ou une succession (l'un... l'aute). V. plus bas un.


MANT, -A

Mant, -a est un déterminant désignant un grand nombre (fr. "maint"):

mant aufici (Dastros): "maint office"

Il n'est guère employé dans la langue actuelle.


MANTUN, -UA

  • Mantun, -ua est un déterminant et un pronom désignant un grand nombre; lorsqu'il est sujet ou fait partie du groupe nominal sujet, l'accord se fait au pluriel:

Mantun deus de la taulada, còrclavats, non destecavan paraula. (Camélat): "Plusieurs de ceux qui étaient autour de la table, interdits, ne soufflaient mot."

  • Il n'est guère plus employé que dans la locution mantun còp:

Mantun còp qu'avè contat lo son devegèr a las comisas e a las costurèras. (Casabonne): "Bien des fois il avait raconté son ennui aux commises et aux couturières."

Papà que m'a dit mantun còp que Diu, estosse vertadèrament Diu, averé estangat la guèrra. (Javaloyès): "Papa m'a dit bien des fois que Dieu, s'il était vraiment Dieu, aurait arrêté la guerre."

  • Il est davantage employé au pluriel (mantuns, -uas):

los navèths confrairs – mantuns hèra esberits... (Eyt): "les nouveaux confrères - nombre d'entre eux très alertes..."

mantuns cabiròus e mantuas crabas (Camélat): "nombre de chevreuils et nombre de chèvres"

  • En gascon occidental, on a les formes manterun, -ua, mantrun, -ua, qui ne semblent pas beaucoup plus employées:

Com manteruns, que l'èi aidat tad aquerò. (Lalanne): "Comme beaucoup, je l'ai aidé pour cela."

Un còp, sus miejanueit escuranhós com los bòscs sacrats, entertant qui carculavi, flac e fatigat, sus manterun preciós e curiós libi d'un sapient sendèr desbrombat.... (Edgar Poe traduit par Darclanne): "Une fois, au milieu d'une nuit lugubre, alors que je réfléchissais, faible et fatigué, à propos de nombre de précieux et curieux livres d'une doctrine savante oubliée..."

  • Son emploi comme équivalent du fr. "plusieurs" ne correspond que partiellement au sens de ce mot et cela pose un vrai problème dans la langue écrite et parlée des néolocuteurs; v. la fiche 3. K. Les équivalents de PLUSIEURS.


MEI D'UN, MEI D'UA

  • Mei d'un, mei d'ua, déterminant et pronom ("plus d'un") est un équivalent du fr. "plusieurs":

Que s'i torna mei d'un còp. (Javaloyès): "Il recommença plusieurs fois."

Qu'averà cuentas dab mei d'un alemand. (Camélat): "Il doit avoir à faire avec plusieurs Allemands."

Mèi d'un meitadèr s'èra hèit renviar. (Manciet): "Plusieurs métayers s'étaient fait renvoyer."

Que voleré díser que i a mei d’ua organizacion politica occitana importanta. (Arantxa): "Cela voudrait dire qu'il y a plusieurs organisations politiques occitanes importantes."

Ua lengua cau qu'age mès d'un registre de lengua, mès d'un nivèu de lengua. (Carrera): "Il faut qu'une langue ait plusieurs registres de langue, plusieurs niveaux de langue."

  • Le verbe dont le sujet est mei d'un ou un nom déterminé par cet indéfini se met au singulier, ou parfois au pluriel:

Mes, e diseràn mei d'un, dont la boca ei sarcida de bonas ideas, qué haretz, se uei o doman, vse davan largança d'ensenhar la lenga? (Camélat): "Mais, diront plusieurs, dont la bouche est remplie de bonnes iédes, que feriez-vous, si aujourd'hui ou demain on vous donnait la possibilité d'enseigner la langue?"


TRÒPADUN, -UA

  • Tròpadun, -ua, déterminnt et pronom, s'emploie avec le sens de mantun, -ua dans certains parlers béarnais:

Tròpadun que pinta acen shens aver set! (Al-Cartero): "Bien des gens picolent ici sans avoir soif!"

  • On trouve aussi tròpun, -ua:

Qu'ac podè har, per amor que'u n’èi pagat tròpun pinton. (Badiolle): "Il pouvait le faire, parce que je lui ai offert bien des verres."


UN

  • Un peut être un article indéfini, un numéral, mais aussi un indéfini (déterminant ou pronom). Il n'est pas toujours facile de savoir si on affaire à un article ou à un autre déterminant indéfini; cependant, un ne semble pas être un article dans des cas comme celui-ci:

ua hemna d'un atge (Palay): "une femme d'un certain âge"

De même, lorsque un a le sens de quauqu'un:

Que'u reconegom com un de la familha. (Palay): "Nous le reconnûmes comme un membre de la famille."

Qu'èra flaca, flaca, e qu'alentava de quan en quan, com un qui ei a l’agonia. (Hustach): "Elle était faible, faible, et elle haletait de temps à autre, comme quelqu'un qui est à l'agonie."

Se n'ac hèi pas que van díser que soi un de qui non gausa, un *desgonflat, qué! (Lapassade): "Si je ne le fais pas on va dire que suis quelqu'un qui n'ose pas, un dégonflé, quoi!"

En aqueth demiei m'arriba un de la polícia. (Daugé): "Sur ces entrefaites m'arrive quelqu'un de la police."

Qu'ei de tròp qu'entà la maison de Labatut un de Bòrdavielha qu'aja mancat au dever. (Palay): "Il n'est pas acceptable que quelqu'un de Bordevieille ait manqué à son devoir envers la famille Labatut."

  • Un est un indéfini dans la locution un... o aute exprimant une alternative. V. plus haut, 1.3

Avec l'article défini, on a l'un... e l'aute (la-un... e l'aute dans certains parlers du Gers et de la Bigorre, v. ci-dessus):

Gojats, òmis e dinc aus vielhs, tots que's hiquèn en *rond l'un darrèr l'aute. (Casebonne): "Garçons, hommes et femmes et même les vieux, tous se mirent en rond l'un derrière l'autre."

Dans la locution l'un de l'aute, aute reste au masculin quel que soit le genre du second élément:

Ni mamà ni jo n’esperàvam mei arren l'un de l'aute. (L'estranh): "Maman et moi n'attendions plus rien l'un de l'autre."

  • On emploie l'un y compris lorsqu'un nom suit:

Que cor de l’un estrem tà l’aute. (L2): "Il court d'un côté à l'autre."

de l'un cap d'an a l'aute (Casebonne): "d'un bout de l'année à l'autre"

C'était déjà le cas en ancien gascon:

lo bel deu Temple, qui ere trop fort, se feno de l’un cap a l'autre. (Récits d'Histoire sainte): "le voile du Temple, qui était très solide, se fendit d'un bout à l'autre."

N. B.: On dira donc d'un mot tà un aute (cf. ci-dessus), mais de l'un mot tà l'aute.

  • Par contre, on emploie un seul devant la préposition de, là où le français emploie "l'un de...":

un deus prumèrs per l'endabans e la gràcia deus escriuts (Camélat): "l'un des premiers par la vivacité et la grâce de ses écrits"

"L'un d'eux" se dit un d'aqueths ou d'aquestes, selon le démonstratif qui convient:

... quate mossurs qu'èren a chivau. Un d'aquesti, tà trufà's des curès, que's met a dider-les: — E quin van aqueri ases? (Sarrieu): "... quatre messieurs étaient à cheval. L'un d'eux, pour se moquer des curés, commença à leur dire: — Comment vont ces ânes?"

Jo ne me sentivi pas a l'aise, que me sovinèvi de las hrobidas que los pus grans nos balhavan a l'escòla. Caminàvam de cap a l'autar e un d'aqueths me bohava suu còth. (Belloc): "Je ne me sentais pas à l'aise, je me souvenais des raclées que les plus grands nous donnaient à l'école. Nous marchions en direction de l'autel et l'un d'eux me soufflait sur le cou."

  • a l'un còp veut dire "à la fois", "en même temps":

Sautem tots a l’un còp. (Bladé): "Sautons tous en même temps."

Par mauvaise interprétation, cette locution est devenue a l'encòp dans le nord du domaine. En Béarn, on dit au còp.

  • Un, indéfini, peut s'employer devant un nom propre:

un Salas (L2): "un certain Salles"

un mossur Torassa de Pau (Palay): "un certain monsieur Tourasse de Pau"


Parité et ressemblance

MEDISH, -A

Medish, -a a deux sens.

  • Placé avant le nom, c'est un déterminant qui exprime l'identité (fr. "même"); il suit généralement un autre déterminant, le plus souvent l'article défini:

Qu'ei la medisha canta com l'aute Casalet, acerà! (Javaloyès): "C'est la même chanson que Cazalet, là-bas!"

a la medisha rapiditat (Manciet): "à la même rapidité"

ua auta taula de medisha pagèra sus un tròç de tronc (Lalanne): "une autre planche de même taille sur un morceau de tronc"

  • Medish, -a exprimant l'identité peut aussi être pronom:

los medishs! (Javaloyès): "les mêmes!"

  • Placé après le nom, il exprime l'ipséité (fr. "lui-même", "en personne"); il peut suivre aussi un pronom personnel:

Lo diable medish ne i ved pas nada gota! (Larroque): "Le diable lui-même n'y voit que du feu!"

Aquesta cort medisha, mèstes, que va jutjar doman lo mei òrre deus crimis: lo murtre d'un pair. (L'estranh): "Cette cour même, messieurs, va juger demain le plus horrible des crimes: le meurtre d'un père."

Qu'èri jo medish estonat de çò qui hasí. (Arantxa): "J'étais moi-même étonné de ce que je faisais."

Mes eth medish que semblava estrementit... (L'estranh): "Mais lui-même semblait ébranlé..."

  • Il doit être suivi de que et non de com, faute fréquente:

En medish temps que la Finon? (Palay): "En même temps que Finou?"

  • Dans le Gers et les Landes, on emploie plutôt, pour exprimer l'ipséité, quite, -a.
  • Ua quita vesita, quan se tròban estremiats, lonh de pertot, que còsta astant *que l'abonament d'un an de d'autes còps. (Sanson): "Même une visite, quand on se trouve à l'écart, loin de tout, coûte autant que l'abonnement d'un an d'autrefois."
  • En gascon pyénéen, cet indéfini prend la forme madeish, -a:

Eth molièr qu'èra dera madeisha talha qu'eth monge. (Soulé): "Le meunier est de la même taille que le moine."

De camin, ja's convengueren de panar-les-se eth ser madeish. (Lux): "En chemin, ils se mirent d'accord pour les voler le soir même."

Mes eth madeish gòi qu'a de cantar eth gascon, / bigordan que sia o deth bocau der Ador. (Lavit): "Mais il a la même joie de chanter en gascon, qu'il soit bigourdan ou de l'embouchure de l'Adour."

  • Medish a un sens adverbial après un adverbe:

Adès, tè, adès medish que la cercava, la mia clau. (Camélat): "Tout à l'heure, tiens, pas plus tard que tout à l'heure elle la cherchait, ma clé."

Ací medish Marcèl Sent Besard que'ns devisava de l’artilheria d'en Gaston Febus. (Pic): "Ici même Marcel Saint-Bézard nous parlait de l'artillerie de Gaston Fébus."

Òc, si vadès craba uei medish? (Palay): "Oui, si tu devenais chèvre aujourd'hui même?"

  • Mais medish ne peut pas être adverbe dans n'importe quel cas; il ne peut s'utiliser, notamment, pour renchérir sur ce qui vient d'être dit. V. la fiche 3. J. Les équivalents de MÊME.


PARIÈR, -A

  • Parièr, -a ("semblable", "pareil") s'emploie comme déterminant avec un sens proche de celui de tau:

Cercatz-me d’auts pedaç de tèrra / e parièra tèrra planèra... (Camélat): "Cherchez donc d'autres bouts de terre / et semblable région plate..."

Despuish las eglògas de Pèir de Garròs, nosta literatura n'avè balhat parièra descripcion. (Camélat): "Depuis les églogues de Pèir de Garròs, notre littérature n'avait pas donné semblable description."

  • Il peut toutefois suivre le nom, qui est alors généralement précédé de l'article indéfini; on a alors affaire à un adjectif qualificatif:

un desmentit parièr (Camélat): "un démenti pareil"

ua loteria parièra (Casebonne): "une loterie pareille"

en cas parièr (Sabalot): "en pareil cas"


TAU

Tau, invariable en genre, est un déterminant correspond au français "tel, telle" dans ses divers emplois. Il peut aussi avoir un emploi adverbial.

  • Employé seul, il indique que le locuteur ne peut pas ou ne veut pas spécifier l'identité de l'être ou de l'objet désigné:

Qu'ac an lejut en tau endret e qu'ac trobavan beròi. (Lalanne): "On l'a lu en tel endroit et on le trouvait joli."

Tau dia, que guardavi las òulhas au bruishon de Codalonguet. (Eyt): "Tel jour, je gardais les brebis près du buisson de Coudelonguet."

  • Tau employé seul peut aussi avoir le sens de com (emploi adverbial):

Mes Jò qu'ei adara tau un herumi. (Lavit): "Mais Jo est maintenant comme une bête fauve."

  • Précédé de l'article indéfini, il indique la similitude et a un sens proche de parièr, fr. "semblable":

Qu'avèn lo còr premut de's trobar en tau endret ad aquera òra. (Sabalot): "Nous avions le coeur lourd de nous trouver en pareil endroit à cette heure-là."

Qu'èra bon qu'ua tau tradicion no's perdosse pas. (Palay): "Il était bon que semblable tradition ne se perdît pas."

Jamèi lo nòst Arnaut s'èra vist ua tau bugada a con·hessar, un jorn dont èra pas vigília. (Manciet): "Jamais notre Arnaud ne s'était vu semblable tas de péchés à confesser, un jour qui n'était pas vigile."

  • Dans ce sens, il est précédé de de au pluriel:

de taus còps de punhs (Lavit): "de semblables coups de poing"

Perqué hès donc de taus bramets? (Palay): "Pourquoi pousses-tu donc des cris pareils?"

  • On le trouve parfois dans ce sens sans déterminant, du moins au singulier; son sens peut alors être proche de celui d'un déterminant démonstratif:

Lo maire qu'arremercià tot lo monde deu vilatge per l'ajuda portada en tau escadença. (Sabalot): "Le maire remercia tous les gens du village pour l'aide apportée en pareille occasion."

Tau poesia non podè èster pensada aulhors que capvath Bearn ne èster escrivuda en ua auta lenga que la lenga mairana. (Ronjat cité par Camélat): "Cette poésie ne pouvait être pensée ailleurs qu'en Béarn ni être écrite dans une autre langue que la langue maternelle."

Jamei non s'èra sentit com a tau moment on èra cap a cap dab aquera mainada innocenta e dolorosa qui relhevava tot escàs de malaudia. (Palay): "Jamais il ne s'était senti comme à ce moment où il était face à face avec cette jeune fille innocente et douloureuse qui relevait à peine de maladie."

Taus son los vòts que nosauts tots / e vs'auherim... (Labaig-Langlade): "Tels sont les voeux que nous tous / vous offrons..."

  • On l'emploie devant com (tau com: "tel que") pour exprimer une comparaison; dans ce cas, tau reste généralement invariable et équivaut à atau:

De la parladura, tau com la devisavan adarron, no'n sobran que chic de tèxtes. (Camélat): "De la langue parlée, telle qu'on la pratiquait partout, il ne reste que peu de textes."

Que se'n van tau com èran vienuts. (Yan Palay): "Ils s'en vont comme ils sont venus."

Se son tau com son, qu'ei pr'amor de nosautes. (Lapassade): "S'ils sont comme ils sont, c'est à cause de nous."

Quan vs'ac disi, taus com los vedetz, qu'an abladat òmis cinglants com vencilhs o pregons com toneths. (Casebonne): "Je vous le dis, tels que vous les voyez, ils ont mis par terre des hommes très souples ou très robustes."

  • Avec un valeur intensive, tau précède une subordonnée de conséquence:

Aquera hemna, qui avè ua volentat de hèr, qui hasè regnar per casa un ordi tau que tota causa, per mendre qui semblèsse, qu'èra reglada a l’avança. (Palay): "Cette femme, qui avait une volonté de fer, qui faisait régner chez elle un ordre tel que toute chose, même si elle semblait peu importante, était réglée à l'avance."

  • Un tau, avec une valeur pronominale pour tau, est employé en parlant d'une personne qu'on ne veut pas ou qu'on ne peut pas nommer:

... parlant d'un tau e d'un tau, deus parents apercebuts la vèlha, deus amics drin desleishats despuish un an, de totas aqueras perpincalhas de la vita... (Palay): "... parlant d'un tel et d'un tel, des parents aperçus la veille, des amis plus ou moins délaissés depuis un an, de toutes ces menues choses de la vie..."

Cadun que pòt saber, o que cred saber, punt per punt, quin se'n devira en çò d'un tau o d'un tau: amors, pelejas, rencuras e dòus, tot que's vié a condar. (Camélat): "Chacun peut savoir, ou croit savoir, point par point, de quoi il retourne chez un tel ou un tel: amours, disputes, chagrins et deuils, tout vient à se raconter."

  • Avec le même sens, on trouve parfois la locution tau un, tau ua:

Tau un qui volè har burèu que's deu acontentar d'escobar per Bordèu los trotoèrs. (Palay): "Tel qui voulait travailler dans un bureau doit se contenter de balayer les trottoirs à Bordeaux."


Disparité

AUTE, -A

  • Aute, -a (parfois aut, -a) est un déterminant servant à distinguer une personne ou un élément de la phrase d'un autre déjà mentionné, ou sous-entendu. Il s'emploie avec un autre déterminant, généralement l'article:

Èi causit un aute mestièr. (Bladé): "J'ai choisi un autre métier."

Que calè ua auta flor au partèrra. (Lalanne): "Il fallait une autre fleur au parterre."

... de 'queras plaças tan peniblas e tan hòrt pagadas, qui dèishan lo laser de córrer entà’n cercar ua auta. (Larroque): "... de ces places si pénibles et si cher payées, qui laissent le loisir de se démener pour en chercher une autre."

quauque aute desèrt (Dastros): "quelque autre désert."

  • On l'emploie seul dans la locution exprimant une alternative un o aute; cette locution peut avoir le sens de uns quants:

un o aute vesin (Palay): "quelque voisin", "quelques voisins"

Un dia o aute que va har ua peguessa de las granas! (Javaloyès): "Un de ces jours il va faire une grosse bêtise!"

Que soi segur que un còp o aute qu’avetz desirat ua auta vita. (L'estranh): "Je suis sûr que quelquefois vous avez souhaité une autre vie."

De même dans la locution un e aute:

Que las deishavan córrer totas d'un costat e d'aute. (Arrieumajou): "Ils les laissaient toutes circuler d'un côté et de l'autre."

Mais hors de cettte locution, on emploie un devant aute:

d'un mèste tà un aute (Casebonne): "d'un maître à un autre"

d'un mot a un aute (Camélat): "d'un mot à un autre"

  • Au pluriel, on l'emploie avec un autre déterminant ou seul; il est alors précédé de d':

Perqué non gausan pas / parlà't com d'autes còps, ma lenga berogina... (Palay): "Pourquoi n'ose-t-on pas / te parler comme autrefois, ma jolie langue..."

Cet usage remonte au Moyen Âge et n'est donc pas un francisme:

Un die fo que l'enfant se anabe deportar ab d'autes infantz... (Récits d'Histoire sainte): "Il y eut un jour où l'enfnat allait s'amuser avec d'autres enfants..."

On trouve rarement autes au pluriel sans d':

Autes trebucs que'u tesiquejavan. (Camélat): "D'autres soucis le préoccupaient."

Cependant, lorsqu'il est suivi d'un numéral, autes s'emploie toujours sans d':

Que balhèi autes dus veires a Arantxa e Idoia, e que shabraquèi, genat... (Arantxa): "Je donnai deux autres verres à Arantxa et Idoia, et je bafouillai, gêné..."

eleccion deu Burèu entad autes quate ans (Simin Palay): "élection du bureau pour quatre autres années"

On peut dire autes còps ou d'autes còps.

  • Aute, -a a aussi un emploi pronominal, toujours précédé d'un autre déterminant, au pluriel précédé de d' s'il est seul:

Qu'arridè quan los autes se devertivan. (Lalanne): "Il riait quand les autres s'amusaient."

pensadas esgarissadas qui's tumavan las uas dab las autas (Casebonne): "des pensées échevelées qui se heurtaient les unes aux autres"

Palay, Boset, Dauger, Labòrda e quauques autes (Bastard): "Palay, Bouzet, Daugé, Laborde et quelques autres"

  • Dans une phrase négative, aute est précédé de nat:

N'as pas tu nada auta paraula en boca? (Lalanne): "N'as-tu pas d'autre parole à la bouche?"

  • La préposition de peut s'ajouter au d' de d'autes, notamment dans la locution d'autes còps:

... entertant qui cercavi çò qu'aqueth ausèth devinador de d'auts còps... e volè har enténer en chavecant lo son "jamés mes". (Poe, traduit par Darclanne): "... pendant que je cherchais ce que cet oiseau visionnaire d'autrefois... voulait faire entendre en croassant son "jamais plus"."

Qu'es çò que n’an hèit, deu petit vilatge de d'autes còps? (Sarran): "Qu'est-ce qu'ils en ont fait, du petit village d'autefois?"

l'Al-Cartero, lo poèta deus Picatalòs e de d'autas cantas suberbèras (Camélat): "Al Cartéro, le poète desPicatalòs et d'autres superbes chansons"

Mès la nueit que cad, la nueit de d'auts còps... (Manciet): "Mais la nuit tombe, la nuit d'autrefois"

Ena madeisha Lei der occitan de 2008 que se parle de difóner ena Val d'Aran emissions en occitan de d'auti territòris. (Carrera): "Dans la même Loi de l'occitan de 2008 on parle de diffuser au Val d'Aran des émissions en occitan d'autres territoires."

  • Dans certains parlers, notamment en Béarn, on emploie la forme aut pour les deux genres.


AUTRÚ

Autrú est un pronom qui appartient au langage soutenu:

Se tu caucionas per autrú, compda qué dives tu. (Bladé): "Si tu te portes garant pour autrui, dis-toi que c'est toi qui dois."


Notes sur l'emploi des indéfinis de sens négatif

  • Lorsqu'un indéfini de sens négatif est placé en tête de phrase ou de proposition, l'usage est de ne pas employer la négation pas après le verbe:

Arren ne'u manca. (Lalanne): "Rien ne lui manque."

Arrés non sap que Mossur qu'ei mort. (Palay): "Personne ne sait que Monsieur est mort."

Nat mau ne'u hè. (Palay): "Il ne lui fait aucun mal."

  • On emploie parfois le verbe au pluriel avec arrés sujet:

Arrés ne sabèn qué pensar. (Lalanne): "Personne ne savait que penser."

  • Hors des phrases négatives, les indéfinis de sens négatif présentent un autre sens dans les phrases interrogatives et les subordonnées conditionnelles; arren s'emploie alors pour quauquarren, arrés pour quauqu'un, nat pour un:

E vs'èi jamei condat arren? (Palay): "Vous ai-je jamais raconté quelque chose?"

Si ns'an vists arrés aqueste matin, çò qui ne van pas díser! (Peyroutet): "Si quelqu'un nous a vus ce matin, que ne va-t-il pas dire?"

I a arrés qu'age jamès hèit mervelhas mès hautes? (Sarrieu): "Y a-t-il quelqu'un qui ait jamais fait des merveilles plus grandes?"

Se demora nat gèsto deus mens? (Lavit): "Attend-elle un geste de ma part?"

  • Dans les réponses et les phrases sans verbe, on emploie les indéfinis de sens négatif sans la négation:

E çò que s'i estuja, dens la bòstia de Saxa? — Arren, Mossur. (Manciet) : "Et qu'est-ce qui se cache, dans la boîte de Saxe? — Rien, Monsieur."

Arrés non sap pas encòra. Arrés. (Lavit): "Personne ne sait encore. Personne."

A qui cèrcas? — Ad arrés. (Camélat): "Qui cherches-tu? — Personne."

Aperèn. Nada responsa. (Manciet): "On appela. Pas de réponse."


Note sur l'emploi de NAT après SHENS

  • Après shens, on emploi volontiers nat:

Que son partits shens nat fusilh. (Casebonne): "Ils sont partis sans fusil."

Que passava au truvèrs deu camin en sautiquejant, mes shens nada paur, pr'amor que's sentiva a casa. (Hustach): "Elle passait au travers du chemin en sautillant, mais sans la moindre peur, parce qu'elle se sentait chez elle."

Semia e 'spèra shens nat aute mot. (Camélat): "Sème et attends sans aucun autre mot."

  • Cet emploi n'est toutefois pas constant:

Rosin e Daunina que s'assedón au còrn deu huec shens candela. (Hustach): "Rousin et Daunine s'assirent au coin du feu sans chandelle."

Shens prémer briga mei e shens aute mistèri, / que's bota a caminar de cap au presbitèri. (Yan Palay): "Sans hésiter davantage et sans autre détour, / il se met à marcher en direction du presbytère."


Indéfinis composés

Ils équivalent aux indéfinis du français "quel... que soit", "n'importe quel", "lequel que ce soit", "n'importe lequel", "un... quelconque".


QUIN QUE SIA, QUAU QUE SIA

Ces indéfinis composés sont formés à l'aide des interrogatifs qui ou quau et de que sia:

  • Lorsque ce sont des déterminants, le nom se place après quin ou quau:

... d'ua tilha mei nòbla que nat aute neurigat de quina província que sia de las Espanhas. (Camélat): "... d'une race plus noble qu'aucun autre enfant de n'importe quelle province des Espagnes."

Quin subjèct que sia de vèrs e de proseis que pòt èster enviat. (Rédaction de Reclams): "N'importe quel sujet de vers et de prose peut être envoyé."

en quin arrecot que sia (Camélat): "dans quelque recoin que ce soit"

Quau gojata que sia qu'ac pòt har. (Arantxa): "N'importe quelle fille peut le faire."

  • Le nom peut aussi précéder ou suivre ces indéfinis complexes; ils sont alors employés comme pronom; le groupe nominal a sa fonction propre dans la phrase et l'indéfini y est en apposition:

Qu'ei la costuma deu país que quan un òmi envita a dançar ua hemna quina que sia, si ei deu medish reng, de nada mòda era no's deu excusar si n'a pas ua rason coneguda... (Palay): "C'est la coutume du pays que quand un homme invite à danser une femme quelle qu'elle soit, si elle est du même rang, en aucune façon elle ne doit s'excuser, si elle n'a pas une raison connue..."

Quina que sia, tòi, adara la musica... (Lavit): "Quelle que soit maintenant, montagnard, la musique..."

  • Sens particulier:

Quau que sia veut aussi dire "quiconque", "n'importe qui":

Que s'i plega quau que sia.: "N'importe qui s'y plie." (Camelat)

V. fiche 3. S. Les relatifs.

  • Accord du verbe:

Dans ces formes, le verbe estar s'accorde avec le sujet, s'il y a lieu:

La tèrra qu'ei tota sa vita. Quaus que sian sons sovenirs, tristes o gaujós, s'i estaca tostemps quauque bocin de tèrra (Massartic): "La terre est toute sa vie. Quels que soient ses souvenirs, tristes ou gais, il s'y rattache toujours quelque bout de terre."

Quinas que sian las paraulas qui jo'vs mandi... (Palay): "Quelles que soient les paroles que je vous envoie..."

L'autor qu'a ganhat la partida, quins que sian los personatges de la soa envencion: qu'a hèit teatre deu bon. (Palay): "L'auteur a gagné la partie, quels que soient les personnages de son invention: il a fait du bon théâtre."

N'èra pas d'aqueras moscas hissantas, d'aqueras hromigas rojas qui saben volar, nhacar, tirà's d’entrigas en quin parat que sian (Camelat): "Il n'était pas de ces acariâtres, de ces bilieux qui savent voler, mordre, se sortir d'affaire en quelle circonstance qu'ils se trouvent."

  • "Quoi qu'il en soit" se dit sia com sia.
  • Note: "Tu dis n'importe quoi": dans cette phrase, n'importe quoi a une valeur dépréciative; le gascon qué que sia ne convient pas pour rendre cette idée. On dira: Que dises bestiessas mei granas que tu. De même, on pèsera le sens de locutions comme "faire n'importe quoi", "réagit n'importe comment", afin de chercher à chaque fois l'équivalent le plus juste.


QUIN SE VOLHA, QUAU SE VOLHA

On emploie aussi les indéfinis complexes quin se volha, quau se volha (variante: que's volha), avec le même sens (cf. cat. qualsevol):

Que pretendèn tractar quin subjèct que's volha en lenga mairana. (Camélat): "Ils prétendaient traiter n'importe quel sujet."

Que passas per un òmi charmant, serviciau, comun e prèste a signar quau se volha lo certificat qui lo presentan! (Camélat): "Tu passes pour un homme sympathique, serviable, affable et prêt à signer n'importe quel certificat qu'on lui présente!"

Lo frair no's ligarà pas dab quau se volha, mes que'u ne sèi ua, e tad aquera, non crei pas que'm diga que non. (Camélat): "Mon frère ne s'alliera pas avec qui que ce soit, mais je lui connais une femme, et concernant celle-là, je ne crois pas qu'il me dira non."


Concordance des temps

La concordance du verbe estar ou du verbe voler a lieu dans les cas qui l'exigent:

La nosta lenga que'n valè au mens ua auta, quan seré la francesa, e qu'avè tà nos un poder d’expression hèra miélher que quina qu’estesse. (Palay): "Notre langue en valait au moins une autre, même la langue française, et elle avait pour nous une puissance d'expression bien meilleure que n'importe laquelle."