2. D. Emploi des prépositions: comparaison entre le français et le gascon

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Cette fiche indique les cas où on emploie une autre proposition qu'en fr., et également certains cas où on emploie la même préposition, lorsque cela pourrait ne pas aller de soi.

Nous partons du fr.


Absence de préposition

Le gascon construit avec dab des compléments de manière introduits en fr. sans aucune préposition:

Qu'èra lo *puble praubilhòt qui cantava, temps a, dab lo contentament au còr e l'arrisolet suus pòts. (Daugé): "C'était le petit peuple pauvre qui chantait, il y a longtemps, la joie au coeur et le sourire aux lèvres."

Que m'ei arribat dab la harda esperrecada. (Bouzet): "Il m'est arrivé, les habits en loques."


À

A est souvent en concurrence avec de, mais ce n'est pas parce que l'emploi de a correspond à l'usage du fr. que l'on peut décider, comme certains semblent le faire, que seul de est correct dans les cas où le gascon hésite entre a et de. En effet, cette hésitation existait dès l'ancien gascon, et on y trouve des cas d'emploi de a là où on voudrait le bannir aujourd'hui:

Dixon que en Jerusalem aben ad anar. (Récits d'Histoire sainte): "Ils dirent qu'ils devaient aller à Jérusalem."

De plus, on trouve a même là où le fr., contemporain en tout cas, ne l'emploie pas:

Las gents que partisson en viatge riscan a tombar de chivau, e a se negar en passar las ribèras a guad. (Bladé): "Les gens qui partent en voyage risquent de tomber de cheval, et de se noyer en passant les rivières à gué."

On distinguera d'ailleurs des constructions proches c. pòrc de pelar ("cochon bon à être tué") et porc a pelar ("cochon à tuer").


L'appartenance

L'appartenance est toujours rendue par de. Une construction comme "sa maison à lui" n'a pas de réel équivalent en gascon; on peut dire la maison soa, qui marque une insistance sur le possesseur, ou tout simplement la soa maison. Il existe toutefois l'interjection Mon Diu de jo, où de introduit un pronom personnel fort.


Le complément du nom

Le complément du nom n'est jamais introduit par a, mais, généralement, par de:

ua damisèla deus pòts prims (Camélat): "une demoiselle délicate [aux fines lèvres]"

la caça de las palomas (Camélat): "la chasse aux palombes"

ua *larja frinèsta de petits carrèus (Sabalot): "une large fenêtre à petits carreaux"

pescador de linha (Camélat): "pêcheur à la ligne"

On trouve aussi dab:

Qu'èra ua gojata deus setze... dab los uelhs blus e pregons drin eslamats. (Camélat): "C'était une jeune fille de seize ans... aux yeux bleus et profonds quelque peu ardents."

tavalhas dab rajas rojas o bluas (Sabalot): "nappes aux raies rouges ou bleues"

Il est préférable d'employer dab dans certains cas:

"une économie à fort taux d'emploi": ua economia dab un haut taus d'emplec.

V. aussi 2. B. Le complément du nom.


Devant un complément d'objet second

Le complément d'objet indirect ou second est introduit par a; néanmoins, on peut trouver en devant un article indéfini, un démonstratif ou un indéfini, par confusion avec l'alternance entre a et en dans les compléments de lieu (v. fiche 2. E. A, EN et DENS):

Eh donc, que pensi en ua, qui ei leugèra com l'ausèth. (Casebonne): "Eh bien, je pense à une, qui est légère comme l'oiseau."

Cet usage n'est pas à conseiller.


Devant un complément de l'adjectif

À l'instar du fr., on emploie a devant un infinitif en fonction de complément de l'adjectif:

solet a saber çò qui's devira (Camélat): "seul à savoir de quoi il retourne"

De même, avec un numéral ordinal:

Que soi estat lo prumèr a m'arrapar au darrèr deu camion e qu'èi sautat. (L'estranh): "J'ai été le premier à m'accrocher derrière le camion et j'ai sauté."

De est néanmoins employé avec aisit, mauaisit et leurs synonymes:

dur de portar (Sabalot): "dur à porter"


Devant un numéral cardinal

On emploie a:

N'arribavan pas a compréner aqueth retorn a tres, quan èran partits a dus. (Sabalot): "Ils n'arrivaient pas à comprendre ce retour à trois, alors qu'ils étaient partis à deux."

Toutefois, avec le verbe càber, on n'emploie pas a; on fait du groupe nominal contenant le numéral cardinal le sujet du verbe:

ua taula de corau, pesanta e carrada, on podèn au mens càber dotze (Palay): "une table en coeur de chêne, lourde et carrée, où on peut contenir au moins à douze"


Devant un toponyme

Pour indiquer l'endroit où on se trouve, devant un toponyme, on emploie assez rarement ad ou en devant une voyelle. Dans tous les cas, on se référera à l'usage local.


Devant une date de l'année

Il faut ici distinguer la date précise, qui est introduite par a, et la période autour, qui est introduite par per:

Qui a Nadau s'assorelha, a Pascas que s'atorrelha. (Bladé): "Qui à Noël prend le soleil, à Pâques se chauffe devant le feu."

Per Nadau qu'èri dab Judit. (L'òrra istoèra d'un hilh de Gelòs): "À [la période de] Noël j'étais avec Judith."


La distribution avec un numéral cardinal

Comme en fr., on peut dire un a un, dus a dus, etc, ou un per un, dus per dus, etc. On trouve aussi de dus en dus, etc:

De dus en dus que pugè los escalèrs. (Casebonne): "Il monta les escaliers deux par deux."


L'obligation

Elle est exprimée par a ou de; en particulier, on dit aver a (le plus souvent), mais aussi aver de:

Qu'ei en votant qui averetz d'aver la frèbe! (Badiolle) : "C'est en votant que vous devriez avoir la fièvre!"


Quelque chose est à faire

Pour exprimer la notion de quelque chose à faire, on emploie a, ou encore per dans certains parlers, rarement entà:

Qui a hilhas a maridar n'a pas hrèita de qué har. (proverbe): "Qui a des filles à marier ne manque pas de quoi faire."

Tot que demora a har! (Camélat): "Tout reste à faire!"

Morí's quan tot èra per har... (Peyroutet): "Mourir alors que tout était à faire..."

Que volèn saber se la maison èra a véner. (Sabalot): "Ils voulaient savoir si la maison était à vendre."

La mia *consciença n'ei pas véner. (Badiolle): "Ma conscience n'est pas à vendre."

De est rare dans ce sens; toutefois, on dit aussi bien qu'èra de véder que qu'èra a véder ("c'était à voir", "c'était prévisible").

De même, on dit qu'ei de non pas créder:

Qu'ei de non pas créder quin joeneja. (Peyroutet): "C'est incroyable comme il paraît jeune."

Pour "assez à faire", "trop à faire", etc. on utilise plutôt les constructions pro de qué har, tròp de qué har, etc:

Arantxa qu'avè pro de qué har dab son pair entà anar colar afichas. (Arantxa): "Arantxa avait assez à faire avec son père pour aller coller des affiches."


Après un verbe

  • "aider à": ajudar a, ajudar de, ajudar entà.
  • "amener à" [+ infinitif]: amiar a.
  • "appeler à": cridar a. (cridar de: "crier de (faire quelque chose)", par ex. Que l'èi cridat de's carar).
  • "apprendre à" [+ inf.]: apréner a, apréner de; amuishar a, amuishar de; ensenhar a, ensenhar de.
  • "arriver à" (expression du lieu): arribar tà est aussi fréquent qu'anar tà dans les régions où cette construction est employée.
  • "arriver à" (= "réussir"): arribar a; escade's a (et escàder-s'i a, escade's de); dar-se-n'i a, dar-se-n'i de.
  • "avoir affaire à": aver ahar(s) a, aver ahar(s) dab, aver-s'ac dab.
  • "chercher à": cercar a, cercar de.
  • "continuer à": continuar a, continuar de.
  • "convier à" [+ infinitif]: convidar a, convidar de, convidar entà.
  • "commencer à": començar a, començar de.
  • "comparer à": comparar a, comparar dab.
  • "se décider à": decidí's a.
  • "donner à" [+ infinitif]: balhar a, balhar entà.
  • "échapper à": escapà's de.
  • engager à: engatjar a', engatjar de.
  • "être à" [ ieu]: estar a, mais aussi estar tà dans le cas d'un déplacement de courte durée; v. 2. A. Les prépositions atones#Emploi_6; estar per dans le cas d'un lieu indéfini ou d'un mouvement à l'intérieur de ce lieu.
  • "être à la mode": estar de mòda (mais on dit a la mòda de).
  • "forcer à": forçar a, forçar de.
  • "habituer à" [+ infinitif]: acostumar a, acostumar de.
  • "hésiter à": balançar entà, ou balançar se + subordonnée interrogative indirecte, pleitejar se + subordonnée interrogative indirecte, trantalhar entà ou trantalhar se + subordonnée interrogative indirecte.
  • "se heurter à": tumà's dab.
  • "inviter à" [+ infinitif]: invitar a, invitar de, invitar entà.
  • "mettre [qqch.] à": hicar a, botar a, méter a.

La botèc a còser dens lo horn. (Bladé)

  • "penser à" [+ infinitif]: pensar a, pensar de. Toujours pensar de dans le sens de "avoir l'idée de".
  • "mélanger à", "mêler à": mesclar a, barrejar dab.
  • "mettre à l'honneur": hicar en aunor.
  • "pousser à": ahiscar a.
  • "préparer à" [+ infinitif]: aprestar a, preparar a; aprestar de, preparar de.
  • "réussir à": escade's a (ou escàder-s'i a) est plus fréquent que escade's de.
  • "servir à" [+ infinitif]: servir a, servir de, servir entà.
  • "tarder à": tardar a, trigar a; tardar de, trigar de.
  • "téléphoner à": telefonar a, telefonar tà. Telefonar peut être aussi transitif direct à l'instar d'aperar.
  • "toucher à": tocar a.


Mélange d'ingrédients

On emploie dab:

tripas dab mostarda (Sermon deu curè de Vidèren): "des tripes avec de la moutarde"

On doit donc dire cafè dab lèit, mais on pourra très bien abréger en cafèlèit.


Divers

  • "à demain" (ou "à dimanche", etc): a doman, tà doman, dinc a doman; a dimenge, tà dimenge, dinc a dimenge.
  • "à genoux": de jolhs.
  • "à l'avance": on dit a l'avança ou per avança.
  • "à la campagne": en campanha ou a la campanha.
  • "à la fenêtre": en frinèsta, plutôt que a la frinèsta.
  • "à la fois": au còp, mais aussi en un còp, a l'un còp. A l'encòp, usité dans le nord du domaine gascon, n'est qu'une déformation phonétique de a l'un còp et son usage n'est pas à conseiller.

Tota la plaça qu'èra sus las pòrtas o en frinèsta. (Palay): "Toute la place était aux portes ou à la fenêtre."

Que'u m'èi minjat en frinèsta. (L'estranh): "Je l'ai mangé à la fenêtre."

Mais "au balcon": au balcon, suu balcon:

Que caló que parescosse au balcon. (Palay): "Il fallut qu'il paraisse au balcon."

  • "à la nuit", "au petit jour": dab la nueit, dab l'escur; dab lo dia.

Que son partidas dab l'escur. (L2): "Elles sont parties à la nuit."

... qui's lhevava per abituda dab lo dia. (Palay): "... qui se levait par habitude au petit jour."

  • "à table": a taula, en taula.
  • "honte à toi", "bravo à toi" se disent vergonha tu, òsca tu, sans préposition.
  • "sourire à": arríder (/arríder-se'n/arridolar) de cap a.


APRÈS

  • On emploie naturellement après et apuish, despuish aussi dans certains parlers; mais il est également courant d'employer au cap de au sens d'"après":

Au cap de drin, que m'a demandat... (L'estranh): "Peu après, il m'a demandé...".

  • "jour après jour": dia per dia; "morceau après morceau": tròç a tròç, tròç per tròç.
  • "crier", "aboyer après": lairar, horvar de cap a.


DANS

  • "Dans la rue": sus la carrèra (comme suu camin).

Près de la sinagòga, qu'evitè de chic tres mainatges qui s'amusavan sus la carrèra. (Javaloyès): "Près de la synagogue, il a évité de peu trois enfants qui jouaient dans la rue."

  • "dans le journal", "dans un livre": sus plutôt que dens ou a.

*Portant, que legen sus las gasetas qu'en d'autas parts que's manejan... (Larroque): "Pourtant, on lit dans les journaux qu'ailleurs on se dépêche..."

Tè, com un d'aqueths vielhs sordats de las crotzadas qui èi vist, sus un libe d'istòria. (Javaloyès): "Tiens, comme un de ces vieux soldats des croisades que j'ai vus, dans un livre d'histoire."


DE

Notion de partitif

La notion de partitif peut ne pas être exprimée, ou être traduite par de; v. 3. E. L'article partitif.


Complément de moyen

Le complément de moyen n'est pas toujours précédé de à ou de de comme en fr., on trouve très souvent dab; nous conseillons d'employer plutôt dab, l'emploi de de étant probablement dû à l'influence du fr.:

lo mus blanguit dab eslor de haria (Casebonne): "le museau blanchi à la fleur de farine"

Que m'a amuishat dab lo dit. (L'estranh): "Il m'a montré du doigt."

arrehauçat dab còrs (Sarrieu): "rehaussé de choeurs".

aqueth vielh qui sense dise'n mei m'espiava dab los sons uelhs ardons (Camelat): "ce vieux qui sans rien dire d'autre me regardait de ses yeux ronds"

Rosin que l'espià ua pausòta, dab un uelh meishant, puish mei doç. (Hustach): "Rousin la regarda un instant, d'un oeil méchant, puis plus doux."

Après vestit, toutefois, on emploie de:

un mèste de negre vestit (Javaloyès): "un maître de noir vêtu"


Devant un infinitif sujet

L'infinitif sujet peut être précédé de de; v. 3. T. L'infinitif#Infinitif sujet ou attribut du sujet du verbe estar.


Devant un infinitif de narration

Contrairement à ce qui se passe en fr., de n'est pas obligatoire devant un infinitif de narration:

E jo carcular! (L2): "Et moi de réfléchir!"


C'est à X de (faire ceci ou cela)

On emploie a devant le nom de la personne concernée; devant l'infinitif, on utilise aussi bien a que de:

Qu'ei ad era a *decidà's. (Camélat): "C'est à elle de se décider."

Qu'ei aus auts d'aubedir. (Yan Palay): "C'est aux autres d'obéir."


Autre

  • "de peu", "de beaucoup": per pòc (/ per chic), de pòc.
  • "risquer de": riscar de, riscar a.
  • "suivi de": seguit per lorsque c'est un nom désignant un animé qui suit.

Lo Maire qu'entra, seguit peu Secretari. (Palay): "Le Maire entre, suivi du Secrétaire."

Mais:

Aqueth mot de dauna, seguit de quauques carcanadas d'arríder, qu'esmudiva au Jausepon. (Camélat): "Ce mot de maîtresse de maison, suivie de quelques gorges chaudes, laissait Joseph interloqué."

  • "faire connaissance de": On dit har coneishenças dab ou har coneishenças de.
  • "une odeur de": on dit sentir a, mais on doit dire ua aulor de:

ua aulor de carn poirida (Casebonne): "une odeur de viande pourrie"

  • "avoir peur de": aver paur de ou aver paur a:

Gat escautat qu'a paur a l’aiga hreda. (Lalanne): "Chat échaudé craint l'eau froide."


EN

Couleurs, deuil

  • On dit ua gojata vestida de blu, ua hemna vestida de dòu, mais si on n'emploie pas le verbe vestir ou un synonyme, c'est la préposition en qu'on doit employer (ua gojata en blu, ua hemna en dòu):

Que demandè s'èram en dòu e i avè pausa. (Manciet): "Il demanda si nous étions en deuil depuis longtemps."

vestit de caquí (Palay): "vêtu de kaki"

  • On dit pintrar de blu, de roi, etc.


Le complément de matière

Il se forme avec de:

Que la minjan totas amassa dab de grans culhèrs de husta. (Eyt): "Elles la mangent toutes ensemble avec de grandes cuillères en bois."

la rauba de crampa de lan cauta (Javaloyès): "la robe de chambre en laine chaude"


Le moyen de transport

On emploie en (en auto, en bicicleta), mais aussi, et plus souvent, dab (dab lo trin, dab l'autobús, dab la bicicleta). Cependant, on ne dit pas *dab l'auto.


Divers

  • "En feu": a huec.
  • "En semaine": sus setmana.

Que l'avisèi... qui caçava tanben, totun qu'estossi sus setmana. (Manciet): "Je l'aperçus... qui chassait aussi, bien que nous fûmes en semaine."

Tot dimenge e tanben sovent sus setmana. (L'òrra istoèra d'un hilh de Gelòs): "Tous les dimanches et aussi, souvent, en semaine."

  • "En mon pouvoir": au men poder.
  • "Avoir confiance en", "se fier à": aver (a)hida en, hidà's en mais (a)ver ahida a, hidà's a devant l'article défini et les possessifs articulés:

Ne la podó díser que d'aver ahida en Diu sol. (Sabalot): "Il ne put lui dire que d'avoir confiance en Dieu seul."

Que's hida au son jutjament. (Peyroutet): "Il se fie à son jugement."

Malestruc qu'ei lo qui a hida a las causas de l'aviéner! (Lalanne): "Malchanceux est celui qui se fie aux choses de l'avenir!"

  • "En fête", "en vacances", "en voyage": de hèsta, de vacanças, de viatge; en hèsta, en vacanças, en viatge.


ENTRE

Noter seulement "le brave d'entre les braves": lo valent deus valents (Lalanne).


PAR

L'expression de la distribution

Le fr. exprime la distribution à l'aide de "par", le gascon l'exprime en utilisant a:

ad arpats (Casebonne): "par bribes"

De même, on trouve:

a bèths còps: "parfois".

a endrets: "par endroits".

a escabòts: "par groupes".

a eslanç: "par élans".

a gotas: "par gouttes".

a hardèus: en grand nombre".

a hutas: "par à-coups".

a milèrs: "par milliers".

a moments, a pausas: "par moments".

a pièlas: "par tas", "par grands groupes".

a sauts: "par sauts", "par bonds".

a tròç: "par morceaux".


Sens itératif ("par an", etc)

Pour "par an", "par mois", "par semaine", "par jour", etc on emploie per, ou l'article sans préposition:

La pelèra que non vié que un còp l'an. (Eyt): "Le pele-porc n'arrive qu'une fois par an."

Sent Martin n'ei qu'un còp per an. (Camélat): "La Saint-Martin n'est qu'une fois par an."


Faire faire qqch par qqn

Le fr. emploie "par", parfois "à"; le gascon emploie a plus souvent que per:

Hè't balhar lo retalh e hiu a la Mariòta. (Palay): "Fais-toi donner la retaille et du fil par Mariotte."


Divers

  • "mettre par écrit": botar en escriut.

Tot aquò qu'es entà vos díser que, sabossi la contramessa de sent Secari, vos la recitarí de bon còr, entà la botar en escriut. (Bladé): "Tout cela est pour vous dire que, si je savais la contre-messe de saint Sécaire, je vous la réciterais de bon coeur, pour que vous la mettiez par écrit."


POUR

L'équivalent de "pour" peut être entà ou per; v. 2. F. Emploi de PER et d'(EN)TÀ.


SUR

Devant un nom de lieu

  • On ne doit évidemment pas employer sus devant un nom de ville, contrairement à un usage (d'ailleurs peu correct) du fr. avec "sur":

Que soi a París.: "Je suis à Paris." (ou "Je suis sur Paris", peu correct).

  • Dans d'autres cas, sus est bel et bien employé devant un nom de lieu:

suu lòc: "sur place".


Idée de succession rapide

À l'instar du fr., le gascon emploie sus (ou ser dans une grande partie du Gers):

tassa sus tassa de cafè (Peyroutet): "tasse sur tasse de café"

corvadas sus corvadas (Lalanne): "corvées sur corvées"


Proportion

On emploie sus, parfois de:

Suus dètz qui avè guarit Noste Sénher, ne n'i avó pas que un qui'u viengó remerciar. (Palay): "Sur les dix qu'avait guéris Jésus, il n'y en eut qu'un qui vint le remercier."

Deus quate qui èm de familha, nats mei que non nse parlam. (Palay): "Des quatre frères et soeurs que nous sommes, aucun ne parle à l'autre."


Revenu ou ressources dont une proportion est prélevée

Que'u pagarèi sus la toa soutada! (Palay): "Je le paierai sur ton salaire!"


Cracher sur, tirer sur

  • "Cracher sur" se dit escopir a, escopir de cap a ou escopir sus.
  • Avec tirar, La forme authentique est tirar a; *tirar sus, construction calquée sur le français, doit être rejeté.

Avec un pronom personnel, à la troisième personne, on emploiera i; "Il lui tira dessus": Que i tirè.


Divers

  • "avoir sur soi": aver sus si.
  • "sur demande (de)": a demanda (de).
  • "sur un ton": on emploie sus:

E n'ei pas a mon atge / qui's pren la vita sus un ton de badinatge. (Abadie et Palay): "Et ce n'est pas à mon âge / qu'on prend la vie sur le ton de la plaisanterie."

Ne podí pas parlar ad arrés sus aqueth ton. (L'estranh): "Je ne pouvais parler à personne sur ce ton."

  • "être sur un travail": estar de cap a un tribalh.
  • "travailler sur qqch": tribalhar de cap a quauquarren.
  • "se défouler sur": esbate's de cap a.

Lorsque le nom ou le pronom qui suit normalement de cap a est remplacé par un pronom faible, l'équivalent fr. est "dessus":

Que i a ueit dias qui i soi de cap. (L3): "Il y a huit jours que j'y suis dessus."


VERS

Signalons simplement "tourner vers", "se tourner vers": virar tà, virà's tà sont des constructions beaucoup plus fréquemment rencontrées que virar de cap a (/tà), virà's de cap a (/tà).