3. T. L'infinitif

De Wikigram
Aller à la navigation Aller à la recherche

Terminaisons

Les terminaisons propres à l'infinitif ont été vues dans la fiche 3. A. Les groupes de verbes.


Emploi

Place de la négation et des pronoms compléments

Les deux membres de la négation (généralement non... pas, l'usage avec l'infinitif étant de privilégier non sur ne) se placent devant l'infinitif; le plus souvent, les pronoms personnels compléments suivent directement pas; plus rarement, ils se placent après l'infinitif:

Que m'esté un gran crèbacòr de non pas lo poder anar véder quan esté malaud. (Palay): "Ça m'a beaucoup chagriné de ne pas pouvoir aller le voir quand il a été malade."


Sujet de l'infinitif

À la différence du français et à l'instar de l'impératif, l'infiniif admet parfois un sujet exprimé:

Lo temps de har la denonça a Nai e d'arribar los gendarmas, que serèi dejà luenh. (Bouzet): "Le temps de porter plainte à Nay et qu'arrivent les gendarmes, je serai déjà loin."


Infinitif sujet ou attribut du sujet du verbe estar

L'infinitif peut être employé en tant que sujet ou attribut du sujet du verbe estar ou d'un verbe équivalent (semblar, paréisher, etc).

Lorsqu'il précède le verbe conjugué de la proposition, l'infinitif peut être précédé de de; l'emploi de de est obligatoire lorsque l'infinitif suit le verbe conjugué de la proposition:

Díser e har que hèn dus. (proverbe): "Dire et faire sont deux choses différentes."

De morir que'm seré estat parièr. (Lapassade): "Mourir m'aurait été égal."

Que seré mauaisit de díser miélher. (Sabalot): "Il serait difficile de dire mieux."


Infinitif sujet d'un verbe impersonnel

  • Cet infinitif-là est toujours postposé au verbe et précédé de de, sauf avec caler:

Que se'm tarda de véser drin quina figura / los dus anciens galants e van hà's en passar! (Abadie et Palay): "Il me tarde de voir un peu quelle mine / les deux anciens amoureux vont se faire en passant!"

Que cau díser que hasè ua pausa a esvarjar tota amna viva e ariçar un còrps d'òmi. (Casebonne): "Il faut dire qu'il faisait un temps à effrayer toute âme vive et hérisser un corps d'homme."

  • Il n'est pas non plus précédé de de dans les expressions estar de bon, estar de mau, estar de maishant, ou dans les expressions avec le verbe har: Que hè mau, Que hè maishant:

Qu'ei de bon saber.: "C'est facile à savoir."

Qu'ei de mau / maishant compréner.: "C'est difficile à comprendre."

Que hè mau / maishant saber quauquarren dab eth.: "Il est difficile de savoir quelque chose avec lui."


Infinitif de narration

L'infinitif de narration s'emploie, plus largement qu'en fr., à la place d'un temps du passé, voire à la place d'un présent, dans un texte narratif, dans un souci de donner plus de vivacité au récit. Il est plus souvent employé seul que précédé de de, surtout lorsqu'on a affaire à une énumération d'actions:

E jo tota sola ací, escanà'm de tribalhar! (Palay): "Et moi toute seule ici, je me tue à travailler!"

Quan se cau explicar, viste parlar d’auta causa o enmalí's. (Palay): "Quand il faut s'expliquer, il passe vite à autre chose ou se met en colère."

Qu'èra un bocin de nèna coma non n'i a guaire, e plasenta, e gahada a tot, e saber beròi tribalhar. (Camélat): "C'était un brin de fillette comme il n'y en a guère, et plaisante, et vaillante pour tous les travaux, et qui savait bien travailler."

Qu'a arridut a bèths còps, e sospirar com las gojatas qui anavan taus comuns de Chez Liline. (Javaloyès): "Elle a ri parfois, puis soupiré comme les filles qui vont aux waters de Chez Liline."

Qu'èra mieidia passat quan èm arribats tà Solòrt. Alavetz, estangà'ns drin, espiar drin, béver un còp. (Sègues): "Il était midi passé quand nous sommes arrivés à Soulor. Alors, nous nous sommes arrêtés un court moment, nous avons regardé rapidement, bu un coup."

Que paupava la malauta, e de har... (Camélat): "Elle tâtait la malade, et de faire..."

La mar que va, la mar que vien, jamei pausar, combat tostemps. (Nadau): "La mer va, la mer vient, jamais de repos, du mouvement toujours."

Aquiu, Pirena vénguer amorosa de eth, con·hessà'c a sa pair, e ensajar de hèr demorar Ercula sense podé'c. (Sarrieu)

La phrase suivante combine l'infinitif de narration et le présent de narration:

Eth Renart non véder arren, e segur d'èster eth prumèr, que s'arrapa a cridar tan hòrt que pòth endà hè's enténer dentiá Murèth. (cité par Ensergueix): "Le Renard de ne rien voir, et sûr d'être le premier, il se met à crier aussi fort qu'il peut pour se faire entendre jusqu'à Muret."


Infinitif à sens d'impératif

L'infinitif a, dans de rares cas, le sens d'un impératif, d'un ordre sec:

Har lèu! (Lavit): "Vite!" / "Dépêche-toi!"


L'infinitif employé comme nom

  • Lorsqu'il est précédé d'un déterminant, l'infinitif devient un nom:

lo tocar

lo béver e lo minjar

  • L'infinitif nominalisé est plus employé qu'en français. Il peut désigner la manière d'accomplir l'action:

Qu'a un lèd cantar.: "Il a une vilaine façon de chanter." / "Il chante mal."

  • Il peut désigner le moment où a lieu l'action désignée par le verbe:

La bresca ei bona au shucar. (Camélat): "Le rayon de miel a bon goût lorsqu'on le suce."

Quin se hè no'ns siam pas trobats au devarar? (Palay): "Comment se fait-il que nous ne nous soyons pas retrouvés à la descente?"

hà'ns la lei tau hòder o tau sarclatge (Al-Cartéro): "nous commander lorsque nous bêchons ou pour le sarclage"

Néanmoins, lorsqu'un nom existe, il n'y a pas lieu, loin e là, d'employer systématiquement l'infinitif nominalisé et il n'y a aucune raison de dire, par exemple, lo foncionar plutôt que lo foncionament.


V. aussi: 4. H. Les verbes qui peuvent être suivis d'un infinitif