4. E. La construction partitive de l'adjectif
Généralités
- La construction partitive de l'adjectif s'emploie lorsqu'il y a lieu de mettre ce dernier en évidence.
- Elle n'est pas possible avec les adjectifs relationnels; v. 4. A. Les différents types d'adjectifs.
Cas où l'on emploie la construction partitive de l'adjectif
- La construction partitive de l'adjectif n'est pas possible avec les adjectifs épithètes d'un groupe nominal introduit par un déterminant défini (articles définis, déterminants possessifs ou déterminants démonstratifs); on ne doit pas dire, on ne peut pas dire *lo devís deus longs.
- Elle est possible lorsqu'un adjectif épithète fait partie d'un groupe nominal introduit par un déterminant indéfini (articles indéfinis, numéraux non précédés d'un déterminant défini, indéfinis, interrogatifs, exclamatifs) ou un déterminant ø ("déterminant zéro" qui peut avoir un sens partitif ou représenter le pluriel de l'article indéfini).
- Lorsque le déterminant zéro a un sens partitif, l'adjectif épithète est au singulier dans la construction partitive:
vin deu bon (Palay)
Qu’èi set de l'espessa. (Sabalot)
Açò qu'ei grèisha de la bona! (Abadie)
- Dans les autres cas, l'adjectif épithète est au pluriel:
Que me'n còsta un prosei deus lèds. (Camélat)
ua peguessa de las granas (Javaloyès)
causas de las bonas (Sabalot)
duas pomas de las rojas (Bouzet)
quauques pruas de las verdas (Bouzet)
Non i a nat arbe deus grans (Bouzet)
- La construction partitive est possible dans tous les cas avec l'adjectif attribut:
Lo vent qu’èra deus hòrts. (Javaloyès)
Aquiu que l'avetz lo men aprentissatge de goja. Qu'ei deus beròis, eh? (Camélat)
Sabí qu'èra pas l'Annà de las lèu eishentadas. (Manciet)
N'ei pas deu terrible, aqueste vin. (Palay)
Cas particulier
On trouve parfois dans les textes antérieurs en 1950 des constructions partitives, aujourd'hui sorties de l'usage, où vin est sous-entendu:
ua pinta deu blanc (Camélat): ua pinta de vin deu blanc
dètz o dotze pichèrs deu roi (Hustach): dètz o dotze pichèrs de vin deu roi
Mise en garde quant à l'emploi de la construction partitive
Contrairement à ce que semblent croire de nombreux néo-locuteurs, la construction partitive n'est pas propre au gascon: on la rencontre dans d'autres dialectes occitans. D'autre part, une construction comme vin deu bon n'est pas "plus gasconne" que bon vin ou de bon vin; même s'il est intéressant d'employer cette construction propre à une partie de l'occitan, on se gardera donc d'en faire un usage fréquent, comme font par erreur certaines personnes.
Construction partitive et apposition avec de
On ne confondra pas la construction partitive de l'adjectif avec les constructions où un adjectif est apposé au nom relié à lui par la préposition de:
aqueth pèc de vesin
deu son amorós de carboèr (Sabalot)
un brave òmi de capucin (Sabalot)
Cette construction est d'ailleurs d'un plus large emploi qu'en français:
iva mostosa de graolha (Fablas causidas): litt. "une gluante de grenouille"
e coma ac vederatz que sermoneja / lo pèc de Gondovaud aquiu present (Camélat)
Elle peut traduire une nuance d'ironie:
la toa beròja de seror (Camélat)