3. V. La concordance des temps

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Comme la plupart des langues romanes, l'occitan, et donc le gascon, connaît la concordance des temps. Dans les subordonnées dont le verbe doit être conjugué au subjonctif, le verbe se met à un temps du passé (généralement l'imparfait) si le verbe de la principale, à l'indicatif, est lui-même à un temps du passé. S'il est au présent ou au futur, le verbe se met au présent du subjonctif.


Le verbe de la principale est au présent ou au futur

  • Si le verbe de la principale, à l'indicatif, est au présent, au futur ou au futur antérieur, lorsque le verbe de la subordonnée doit être au subjonctif, c'est le présent du subjonctif qui est employé, ou le prétérit si on veut marquer une antériorité:

Que calerà que la toristalha coneishi plan lo prètz deu saunei. (Nadau) (coneishi: subjonctif en -i): "Il faudra que les touristes connaissent bien le prix du rêve."

Non vòu pas que vs'ac digui. (Sermon deu curè de Virdèren): "Il ne veut pas que je vous le dise."

Que i aurà passat aiga devath lo pont abans qu'aja hèit çò qui cau.: "Il aura passé de l'eau sous le pont avant qu'il n'ait fait ce qu'il faut."

  • Il en va de même lorsque le verbe de la principale est à l'impératif, mode qui ne peut parler que d'un événement futur:

Parla miélher quan t'adreces a jo.: "Parle mieux quand tu t'adresses à moi."


Le verbe de la principale est à un temps du passé

Cas général

  • Si le verbe de la principale, à l'indicatif, est à un temps du passé (imparfait, prétérit, prétérit indéfini, plus-que-parfait), lorsque le verbe de la subordonnée doit être au subjonctif, c'est l'imparfait du subjonctif qui est employé, ou le plus-que-parfait si on veut marquer une antériorité; il peut alors correspondre à un conditionnel du fr.:

E que'u t'an esplingat sus l'esquia, entà que ne'u te desbrombèsses, eh? (Courriades): "Et on te l'a épinglé sur le dos, pour que tu ne l'oublies pas, hein?"

Que m'a hèit gai que passèsses Rhythm of the night. (Isabèu de la Valea): "J'ai été contente que tu passes Rhythm of the night."

Mès las devòtas volèvan pas qu'estèsse lo dit que s'avossen a carar. (Bladé): "Mais les grenouilles de bénitier ne voulaient pas admettre qu'elles devaient se taire."

Qu’a calut que i anèssi. (L1): "Il a fallu que j'y aille."

Qu'èra com ua longa lama espurnejanta qui m'atenhosse au front. (L'estranh): "C'était comme une longue lame étincelante qui m'atteindrait au front."

La damisèla deu castèth qu'avè volut que totas las donzèlas que prenossen lo desabilhè de las mametas. (Palay): "La demoiselle du château avait voulu que toutes les demoiselles d'honeur prennent le costume des mamies."

Ja que n'ac avosse dit au son pair, partit per acerà hòra, que'm seguiva dinc au pont deu Gave. (Camélat): "Bien qu'il ne l'eût pas dit à son père, parti loin, elle me suivait jusqu'au pont du Gave."

Avec le présent de l'indicatif dans la principale, on aurait: E que'u t'esplingan sus l'esquia, entà que ne'u te desbrombes, eh?; Que'm hè gai que passes Rhythm of the night, Mès las devòtas vòlen pas que sia lo dit que s'ajan a carar, Que cau que i ani, Qu'ei com ua longa lama espurnejanta qui m'aténhia lo front, La damisèla deu castèth que vòu que totas las donzèlas que prengan lo desabilhè de las mametas, Ja que n'ac aja dit au son pair... que'm segueish dinc au pont deu Gave.

  • Il en va de même lorsque le verbe de la principale est au conditionnel:

Calineta ne partiré de la maison de Mariolin sonque quan la casa deu carboèr estossi crompada e hicada a nau. (Sabalot): "Calinette ne partirait de la maison de Marioulin que quand la maison du charbonnier serait achetée et rénovée."

Lo qui n'ac avosse pas credut qu'auré cambiat d’avís quan l'avosse vist gahar los quate. (Casebonne): "Celui qui ne l'aurait pas cru aurait changé d'avis quand il l'aurait vu partir en courant."

Que's poderé que trobèsse d'aviada reclams dens lo monde protestant. (Camélat): "Il se pourrait qu'elle ait trouvé d'emblée des échos dans le monde protestant."

La dernière phrase montre que le gascon emploie l'imparfait du subjonctif, là où le français emploie le passé du subjonctif, dès que le verbe de la principale est au temps du passé.


Exceptions

Lorsque l'événement mentionné dans la subordonnée au subjonctif a lieu au moment présent ou dure jusqu'au moment présent, on emploie le présent du subjonctif même si le verbe de la principale est à un temps du passé:

Tà qu'arròse los prats que'u sagnèn lo glerèr. (Camélat): "Pour qu'il arrose les prés on lui a saigné les rives."

S'il y a lieu de marquer une antériorité, on emploiera le prétérit du subjonctif:

Aus cinquanta ans qui èi, non m'èi jamei minjat lo pan sense que ne'u m'agi ganhat dab las unglas. (Camélat): "À mes cinquante ans, je n'ai jamais mangé le pain sans me l'être gagné avec les ongles."