Différences entre les versions de « 3. A. Diphtongues et triphtongues »

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En gascon, les groupes de deux voyelles peuvent noter des diphtongues et les groupes de trois des triphtongues.
En gascon, les groupes de deux voyelles peuvent noter des ''diphtongues'' et les groupes de trois des ''triphtongues''.





Version actuelle datée du 16 juin 2022 à 12:50

En gascon, les groupes de deux voyelles peuvent noter des diphtongues et les groupes de trois des triphtongues.


Les diphtongues

Généralités

On distinguera:

  • les diphtongues ouvrantes, à premier élément [j] ou [w]: [ja], [je], [jɛ]..., [wa], [we], [wɛ]...
  • les diphtongues fermantes, où [j] ou [w] sont l'élément final: [aj], [ej], [ɛj], [ew], [iw]...

Cependant, la prononciation des diphtongues peut être soumise est à une certaine variation diatopique (variation selon les régions) et il convient de le souligner le cas échéant.

Lorsque le premier élément d'une diphtongue ouverte est [j], il peut être écrit E ou I. Lorsque ce premier élément est [w], il peut être écrit O ou U, selon l'étymologie et la prononciation dans les autres dialectes occitans. Mais [j] peut s'écrire aussi j dans les lieux où cette consonne se prononce [j]. De même, v intervocalique se prononce parfois [w] dans certains mots et certaines régions. Nous ne considérons pas ces cas ici.

Dans le cas des diphtongues fermantes, [j] et [w] ne peuvent s'écrire que i et u.

Dans les diphtongues ouvertes, lorsque le premier élément est E, la diphtongaison n'est pas systématique; ce point aussi sera laissé de côté ici; voir 2. B. La prononciation de E, troisième partie.

Pour l'étude détaillée ci-dessous, nous partirons de la graphie pour aller à la prononciation.

N. B.: pour indiquer que deux voyelles qui devraient former une diphtongue n'en forment pas une, on emploie le tréma. Toutefois, on l'emploie le moins possible:

flaüta [flaˈytɔ]

anoïr [anuˈi]

toüt [tuˈyt] "creux"

mais: atribuir [atɾiβyˈi], sans tréma.


I suivi d'une autre voyelle: IA, IE, IÈ, IO, IÒ, IU

hialat [hjalˈat]

vièla [bjˈɛlɔ]

hariòla [harjˈɔlɔ] "fruit de l'arbousier"

  • IA en position post-tonique se prononce logiquement [jɔ] en gascon oriental:

bèstia [bˈɛstjɔ]

En gascon occidental, on devrait prononcer [jə], mais la prononciation se simplifie en [i]:

bèstia [bˈɛsti]

  • Dans briac, on prononce deux syllabes: [briˈak]
  • La locution i a ("il y a"), à ses divers temps et modes, se prononce [ja] comme attendu dans la plaine béarnaise et en Lavedan, mais [ʒa] en de nombreux lieux (Oloron, Ossau, Tursan...).
  • Deux I ne forment pas diphtongue: on ne prononce pas [ji] ou [ij], la prononciation se simplifie en [i]:

sentii [sentˈi] prétérit de sentir, "je sentis"

pàrii [pˈaɾi] présent de pariar, "je parie"

Mais au présent des verbes en -IAR, on prononce [iji]: mii [mˈiji].

  • IU représente généralement la diphtongue ouvrante [iw] comme dans adiu, mais il peut aussi représenter [jy], comme dans les mots se terminant par le suffixe -ut ajouté à un radical en -i: hariut, nerviut, omiut, vermiut. On peut écrire hariüt, nerviüt, omiüt, vermiüt.
  • La diphtongue [iw] passe à [jew] en gascon pyrénéen oriental: viu [bjˈew], arriu [aɾɾjˈew].


O suivi d'une autre voyelle: OA, OE, OÈ, OI, OÒ

Les groupes de lettres OA, OE, OÈ et OI transcrivent généralement une diphtongue:

ahoalh [ahwˈaʎ] "flopée", "gibier de potence"

joen [jwˈen], [ʒwˈen]

partiscoi [paɾɾtiskˈuj]

Parfois, la diphtongue naît de la chute d'une consonne:

coar [kwˈa] (chute de [β])

soar [swˈa] (chute de [n])

carboèra [kaɾβwˈɛɾɔ]

borroar [buɾɾwˈa]

motoòt [mutwˈɔt]

maisoòta [majzwˈɔtɔ]

Dans ces mots, la diphtongaison n'est pas systématique et on peut prononcer [kuˈa], [suˈa], [majzuˈɔtɔ]...

  • Dans le cas de OI ([uj]), lorsque la diphtongue est tonique, sa prononciation passe à [wej] en Béarn et dans une partie de la Bigorre, alors que la plus grande partie du Gers garde [uj]:

coire [kˈujɾe] (Béarn: [kwˈejɾe])

Cette tendance est moins forte lorsque [uj] est atone:

lampoinèr [lampujnˈɛ] ([lampwejnˈɛ] en Béarn, rare)

poirir ([pujɾˈi] ou [pwejɾˈi] en Béarn, [pujɾˈi] ailleurs)

  • On emploie la forme avec tréma OÏ, non pas pour montrer l'absence de diphtongue, mais qu'on a affaire à une prononciation [wi] et non [uj]:

escoïcar [eskwikˈa]

  • Dans Loís ([lwˈis]), on doit en outre indiquer la place de l'accent tonique (on n'additionne pas un accent écrit et un tréma: l'accent l'emporte sur le tréma).

Dans les mots de formation savante, il n'y a en principe pas de diphtongue, mais on peut en trouver une dans la prononciation rapide:

coadjutor [kuadjytˈu] ([kwadjytˈu])

coerent [kueɾˈen] ([kweɾˈen])

  • On rencontre très rarement la suite de voyelles OU:

soutada "salaire" (on peut prononcer [sutˈaðɔ], ou, avec une diphtongue, [sewtˈaðɔ], [sɔwtˈaðɔ]).

  • alcoòl se prononce [alkˈɔl].


U suivi d'une autre voyelle: UA, UE, UÈ...

Ces groupes de deux lettres peuvent représenter une diphtongue à premier élément [w] (ex.: (wa]) ou un groupe de deux voyelles (ex.: [ua], mais aussi une diphtongue à premier élément [ɥ], comme dans le mot français aujourd'hui.

  • Les diphtongues en [w] sont le cas le plus fréquent: guardar, huec, huelha...
  • le groupe qwa se prononce souvent [kwa] (aquatic [akwatˈik]), pas toujours cependant (quadre [kˈaðɾe]).
  • On prononce deux voyelles dans des mots comme aduar, luet, luèc, enluar, barruèc, pruèr, atribuir, persuadir... Toutefois, dans la prononciation rapide, il est possible de prononcer [ɥa], [ɥe], [ɥɛ], etc.
  • eth tué, eth sué (formes des possesifs employées en Bigorre) se prononcent [et tˈɥe], [et sˈɥe].
  • Quelques mots acceptent les prononciations [w] ou [ɥ], selon les lieux: esdejuar ([ezðeʒwˈa], [ezðeʒɥˈa]), huet ([hwˈet], [hɥˈet]).
  • UE se réduit à [y] dans certains mots, selon l'étymologie, en Gascogne maritime et dans une partie du Gers et de la Bigorre: huéger [hˈyʒe], huec [hˈyk].
  • En gascon général, UI correspond à deux voyelles, et à la diphtongue [ɥi] dans continuitat. En nord-gascon, il correspond à [yj] dans quelques mots: fruit, bruit. Produit, emprunt au français employé en gascon général, doit être prononcé [pɾuðˈyjt] ou [pɾuðˈyt].
  • Lorsqu'elles se trouvent au début d'un mot, ces diphtongues sont renforcées par [g] initial dans certains parlers: uelh [gwˈeʎ] (Luchon)
  • Pour UU, voir ci-dessous.


I précédé d'une autre voyelle: AI, EI, ÈI, OI, ÒI, UI

Ces groupes de deux lettres équivalent toujours à une diphtongue: aimar, prosei, qu'èi, vedoi...

  • [aj] antétonique est réalisé [ɛj] dans la région d'Orthez et les Landes:

maison [mɛjzˈu]

  • [ej] et, souvent, [ɛj], sont réalisés respectivement [e] et [ɛ] en gascon pyrénéen:

Qu'ei eth mes bon qui èi [ˌkemˌmezˈβukiˈè] (L3)

  • [ej passe à [ɛj] dans une partie du gascon occidental (Salies, Bayonne, gascon maritime, Chalosse occidentale):

prosei [pɾuzˈɛj]

  • On doit noter un tréma à la première personne du singulier du présent des verbes en EAR et OAR afin d'indiquer qu'il n'y a pas diphtongaison: pleï, borroï...


U précédé d'une autre voyelle: AU, EU, ÈU, IU, ÒU, UU

Dans la plupart des mots courants, il n'y a aucune difficulté de prononciation: aujami, lhèu, hòu.

  • aur ("or") est à l'origine une graphie ancienne réintroduite par Lespy; on prononce [ɔɾ]. Cependant, rien n'interdit de réintroduire aussi la prononciation ancienne et authentique [aw]. Quant à tresaur, la forme authentiquement gasconne de ce mot est tesaur [tezˈaw].
  • paur (anciennement paor) se prononce [pɔw] dans tout le domaine gascon, mais les dérivés sont en [aw]: pauruc [pawɾˈyk].
  • [aw] antétonique passe à [ɔw] et même localement en [u] dans le nord-ouest du Béarn et le sud des Landes: autant [ɔwtˈan], [utˈan].
  • EU atone s'affaiblit en [u] dans le sud-ouest des Landes: neurir [nuɾˈi].
  • IU correspond à [iw] dans quelques mots très courants: arriu, adiu, miut... On a vu qu'il transcrit [jy] dans certains mots, cf. supra.
  • En outre, il triphtongue en [jew] en gascon pyrénéen oriental: Diu [ˈdjew], nhèu (> *nièu > niu) "neige", escriut [eskɾjˈewt]...
  • La diphtongue [ɔw] se simplifie en [ɔ] dans la plus grande partie de la Bigorre et du Gers:

hòu [hˈɔw], Big. et G. [hɔ]

sòu se prononce [ˈsɔ] même en Béarn; inversement, la prononciation [ˈsɔw] existe en Comminges. Pour soutada, cf. supra.

  • UU prononcé [yw] est très rare. En Béarn, on prononce [y] dans cuu [ˈky], [u] dans suu [su] ([siw] à Bayonne, et effectivement [syw] en Bigorre). Dans mossu'u (pour mossur lo), si la prononciation [musˈyw] existe, on simplifie le plus souvent en [musˈy] en amuissant 'u.
  • Les mots se terminant en [aw], [ɛw] et [iw] sont souvent prononcés avec un [t] final dans le nord-ouest du Béarn et les Landes:

en vaganau [em baɣanˈawt]

menshidèu [menʃiðˈɛwt]

Qu'escriu [keskɾˈiwt]

vei [bˈejt] "il voit"

  • le phénomène inverse se produit en gascon oriental: [t] s'amuït après la diphtongue [aw]:

malaut [malˈaw]

Gondovaud [gunduβˈaw] (v. 4. D. La prononciation de D)


Les triphtongues

Le gascon connaît quatre groupes de trois voyelles UAU, IEI, UEI, UÈI, UEU, et marginalement un cinquième, UÒU.


UAU

UAU note [waw], triphtongue très rarement rencontrée; on la trouve dans shuaus [ʃwˈaws]. En nord-gascon, on simplifie la prononciation en [ʃˈaws].


IEI

IEI note la triphtongue [jej] dans miei [mjˈej]. Cette triphtongue se réduit à [ej] en Bigorre et dans une partie du Gers ([mˈej]) et à [i] en gascon maritime ([mˈi]).


UEI

UEI note la triohtongue [wej], que l'on trouve, par exemple, dans hueita [hwˈejtɔ].

  • Elle se réduit à [Yj] dans l'ouest et le nord des Landes et en Gironde: [hˈYjtə] ([Y] est une voyelle proche de [y], v. [1].
  • On prononce [ɥej], [ɥɛj] en Lomagne: [hɥˈɛjtɔ].
  • Dans nueit, elle tend à se réduire à [ej], [ɛj] en Bigorre, Gers, Tarn-et-Garonne et Lot-et-Garonne, et même à [e] en gascon pyrénéen: [ˈnet] (la forme net est une variante graphique admissible (Ensergueix)).
  • Dans certains parlers, tant occidentaux (Salies, Bayonne) qu'orientaux ou pyrénéens (Luchon), [wej] au début d'un mot se renforce en [gwej].


UÈI

On trouve le groupe UÈI dans apuèi, mais ce groupe ne note pas une triphtongue; la prononciation est [apˈɛj].


UEU

Le groupe UEU note la triphtongue [wew], que l'on trouve dans ueu, bueu: [wˈew], [bwˈew].

  • Cette triphtongue [wew] se réduit à [yw] dans une zone comprenant un grand nord des Landes et la Gironde en partie, et une deuxième zone à cheval sur le nord du Gers, le sud du Lot-et-Garonne et l'ouest du Tarn-et-Garonne.
  • On insère un [g] initial à ueu dans certains parlers: [gwˈew].


UÒU

Le groupe de voyelles UÒU note la triphtongue [jɔw], rencontrée tout à fait à l'est du domaine: [jˈɔw], [bjˈɔw]. On écrit alors uòu, buòu.