3. R. Le participe et le gérondif
Le participe présent
Paradigmes
Le participe présent se forme en remplaçant le -r de l'infinitif par la désinence -nt; au second groupe, l'accent tonique se place sur la dernière syllabe y compris dans le cas des verbes à infinitif paroxyton. Il est invariable:
CANTAR --> cantant
BÀTER --> batent
DROMIR --> dromint
BASTIR --> bastint
Emploi des pronoms personnels compléments avec le participe présent
Les pronoms personnels compléments employés avec le participe présent peuvent se placer avant ou après celui-ci:
Mes l'aulhèr, m'espiant, coma empensat, no'm tornè arren. (Camélat)
Que dab l'uelhada me heresca / Diu, croishint-me los òs e l'amna, en tremolant, qué'u diserèi? (Camélat)
Emploi
- Le participe présent peut, en tant que forme verbale, recevoir des compléments. Il équivaut à une subordonnée circonstancielle:
Miquèu que's drecè e getant lo fesilh au pè d’un hau, que digó a votz hauta... (Casebonne)
E aqueste, lhevant lo cap, que'us tirava ua uelhada qui n'èra pas de las amistosas. (Camélat)
V. 6. A. La subordonnée participiale.
- Le participe présent ne s'emploie pas avec la valeur d'un adjectif et ne peut donc remplacer une subordonnée relative:
"Les musiciens jouant du violon" ne se traduit pas *Los musicaires jogant deu vriulon, mais Los musicaires qui jògan deu vriulon.
Le participe passé actif
- Le participe passé actif se forme à l'aide de l'auxiliaire conjugué au participe présent et du participe passé (passif):
CANTAR: avent cantat
BÀTER: avent batut
DROMIR: avent dromit
BASTIR: avent bastit
ESTAR: estant estat
VIÉNER: estant viengut
SORTIR: estant sortit
Il s'emploie dans les mêmes cas que le participe présent, mais est peu fréquent.
- Les formes cantat, batut, dromit, etc., sont des participes passés passifs; v. la fiche 3. U. Le passif et ses équivalents.
Le gérondif
Paradigmes
- Le gérondif se forme à l'aide de la préposition en et du participe présent, mais, dans certaines régions, l'accent tonique des verbes du deuxième groupe paroxytons peut rester à la place qu'il occupe à l'infinitif:
CANTAR: en cantant
BÀTER: en batent / en bàtent
DROMIR: en dromint
BASTIR: en bastint
- Il existe aussi un gérondif passé formé à l'aide de l'auxiliaire voulu au gérondif et du participe passé: en avent cantat, en estant viengut.
Emploi
- Le gérondif a un sens adverbial et indique la simultanéité d'un événement qui a lieu dans le cadre d'un autre événement:
Ò Menin, e plorava Zabelina en se torcent las mans... (Lalanne)
La hemna deu regent e ua vesia esvagada, en audint l'arrueit qu’avèn corrut... (Lalanne)
Cada matin, cada ser en tornant de l’escòla, Anna que m’encoratja. (Javaloyès)
- Il peut être précédé de tot adverbial pour insister sur la simultanéité ou marquer une certaine opposition:
Que'm detalha los tribalhs qui a hèit en tot planhe's deus tomates qui an la malaudia. (Peyroutet)
Apuish, tot en disnant, que parlaram d’ahars, / lo béver e lo minjar qu'aubreishen la paraula. (Yan Palay)
- Les pronoms personnels compléments employés avec le gérondif peuvent se placer avant celui-ci, mais aussi, moins fréquemment, après:
... coma ac disí en me’n tornant a la mia mair... (Camélat)
En jumpant-se los guits que corren tau varat. (Al-Cartéro)
Localismes
- Dans le nord des Landes et la Gironde, le gérondif prend un s adverbial (comme certains adverbes: amassas pour amassa, soventòtas...): en cantans, en batens, en bastins; en avens cantat, en estans vingut.
N. B.: dans ce cas, on ne note pas le t car il se prononcerait, selon les règles de prononciation de ces parlers. Or, on dit [eŋkanˈtans], etc.
- Dans une vaste zone de la Gascogne (Gers, est des Landes, nord-est du Béarn, plus grande partie de la Bigorre et Comminges), on forme le gérondif à l'aide de l'infinitif précédé de en, voire, dans certaines zones assez réduites, de en tot ou en bèth:
[Avèva] pas jamèi espiat a la prima les ausèths a alatejar, a s'acaçar en chiuchirlejar a travèrs las brostas. (Sabathé)
En tot demandar ajuda, que hè un saut tan bèth que cag deth aute costat deth chivau. (Arrieumajou)
En bèth arribar a la pòrta, que s'estancan... (Daugé)
Avec ce type de gérondif, les deux membres de la négation se placent devant le verbe, comme toujours avec l'infinitif:
... en non pas dromir mei que non hètz... (Palay)
N. B.: une forme comme en tot demandar + infinitif n'est pas l'équivalent de tot en demandant et ne marque pas d'opposition.