3. C. Les énonciatifs (2): l'énonciatif dans la proposition subordonnée
L'énonciatif de la proposition subordonnée affirmative est généralement e. Cependant, le cas des subordonnées introduites par les conjonctions que est plus complexe.
Cas général
0. C'est le cas des subordonnées introduites par une conjonction autre que que ou qu'une conjonction/une locution conjonctive contenant que (puishque, (en)tà que, per'mor que). Ceci comprend donc toutes les subordonnées relatives, de temps, de lieu et de condition:
1. Dans ces subordonnées, l'énonciatif employé est toujours e et jamais que:
...lo cosin qui, deu son costat, e’s devertiva hòrt... (Casebonne)
... Que conegoi a Arantxa per escunce, com se la vita e m’avè volut balhar ua mustra de la soa frivolitat.
espiant se bèra gojata, au gessit de missa, e seré per aquiu tà l’estangar... (Camélat)
2. Cet énonciatif e disparaît devant voyelle et n'apparaît jamais directement après la conjonction. Voir fiche "Les énonciatifs (1).
quan Casimir esté partit tau lheit (Peyroutet)
Lo defunt Papà que n’avè ueitanta quate quan se morí (Peyroutet)
Ainsi, il ne peut être employé que si le verbe de la subordonnée commence par une consonne et si au moins un mot le sépare de la conjonction de subordination:
Quan era e’s virè... (Peyroutet)
... los lugrans qui, acerà hòra, e lusivan e perperejavan... (Camélat)
3. De surcroît, contrairement à ce qui se passe, du moins en Béarn, lorsque l'énonciatif e introduit une interrogation, son emploi dans les subordonnées est loin d'être systématique:
Brembatz-vse deu monard deu catechisme a qui lo curè demandava... (Palay): rappelez-vous du garnement du catéchisme à qui le curé demandait...
Quan bèra lenga aguda lo disè... (Camélat)
Le cas des propositions introduites par que
Dans les subordonnées introduites par que, ou par une conjonction ou une locution conjonctive contenant que (puishque, (en)tà que, per'mor que), on peut employer l'énonciatif que aussi bien que l'énonciatif e:
Que’u semblava de sentir qu’un deus grans cutorns de la vita que l’atendè. (Casebonne)
Cette phrase montre que l'on peut ainsi avoir trois que dans une même phrase: l'énonciatif du verbe de la principale, la conjonction de subordination et l'énonciatif du verbe de la subordonnée.
...per’mor que Marie e m’a cridat que calè aver l’ahida... (notre traduction de "L'étranger")
... per'mor que los sons uelhs empensats que legèn au libe de la soa vita. (Casebonne)
... entà que la polícia e credosse que ne n’èri pas estada assabentada. (Arantxa)
Que’vs tiraretz un uelh tà que lo vesin qu’avosse los dus darrigats. (abbé Badiolle)
Toutefois, l'insistance des grammairiens à employer l'énonciatif e dans toutes les subordonnées affirmatives mène à considérer qu'actuellement, en gascon, il convient de faire ainsi, du moins à l'écrit, et, dans le cas présent, de réserver l'emploi de l'énonciatif que à l'oral. Il est toutefois un cas où on emploiera toujours que à l'écrit: lorsque une pause, éventuellement notée à l'écrit par une virgule, sépare que conjonction de subordination du verbe de la subordonnée:
Que sabè qu'aquiu dessús, que trobaré hèra de causas a díser.
Que sabè que se l'avè vist, que seré estat content.
Précision sur le cas des subordonnées introduites par qui
Si le mot que peut être un énonciatif ou une conjonction de subordonnée, qui peut être un pronom relatif, mais aussi une conjonction de subordonnée, employée notamment en Béarn et en Lavedan.
Lorsque qui est un pronom relatif, nous sommes dans le cas général: l'énonciatif est e, avec les restrictions d'emploi vues plus haut.
Lorsque qui est une conjonction de subordination, il prend généralement la place de que, qui est employé dans les autres régions gasconnes. Toutefois, dans ce cas, l'énonciatif est toujours e, jamais que:
Cada còp qui dab la mia mair e devisàvam de peishenças e de montanhas... (Camélat)
Deu temps qui Rosin e la cercava... (Hustach)
Voir aussi: La conjonction QUI