Différences entre les versions de « 3. F. Les possessifs »
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Il existe deux séries de possessifs en gascon. Comme dans les langues voisines, le possessif s'accorde en genre et en nombre avec l'objet possédé. Dans chaque série, les diverses formes correspondent aux six personnes de la conjugaison?-. | Il existe deux séries de ''possessifs'' en gascon. Comme dans les langues voisines, le possessif s'accorde en genre et en nombre avec l'objet possédé. Dans chaque série, les diverses formes correspondent aux six personnes de la conjugaison?-. | ||
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== Deuxième série: possessifs | == Deuxième série: possessifs articulés: formes béarnaises == | ||
* La deuxième forme de possessifs se compose du mot posessif proprement dit, et de l'article défini, qui le précède; aussi | * La deuxième forme de possessifs se compose du mot posessif proprement dit, et de l'article défini, qui le précède; aussi les appelllerons-nous ''possessifs articulés''. Nous donnons ces formes avec leur article. Toutefois, dans certains cas, on peut trouver le mot possessif accompagné de l'article indéfini, ou encore le trouver employé seul. | ||
* Les formes de ces possessifs varient selon les régions; nous commençons par les formes employées en Béarn. | * Les formes de ces possessifs varient selon les régions; nous commençons par les formes employées en Béarn. | ||
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* Dans la vallée d'Aspe, on emploie comme possessifs de 2ème et 3ème ps. ''eth tò'', ''era tò'', ''eth sò'', ''era sò''. | * Dans la vallée d'Aspe, on emploie comme possessifs de 2ème et 3ème ps. ''eth tò'', ''era tò'', ''eth sò'', ''era sò''. | ||
=== Emploi des possessifs === | |||
* Les possessifs articulés sont la forme généralement employée en gascon. Ils s'emploient à la fois comme déterminants et comme pronoms: | |||
'''Quauque gelós, o quauque diable / lo men tresaur que m'a panat.''' (''Fablas causidas'') | |||
'''Quin sabetz qu'èra la soa?''' (Peyroutet) | |||
* Il arrive assez rarement que le mot possessif proprement dit se place après le nom: | |||
'''Que sentín dens l'èste lor quauquarren de navèth.''' (Casebonne) | |||
* Le mot possessif, sans article, marque la possession lorsqu'ils sont attributs (français ''à moi'', etc): | |||
'''S'ès malaut, lo men castèth qu'ei ton.''' (Palay): "mon château est à toi". | |||
On peut employer aussi le mot possessif avec l'article, mais avec une nuance de sens différente: | |||
'''Aqueste libe qu'ei men.''': "Ce livre est à moi." | |||
'''Aqueste libe qu'ei lo men.''': "Ce livre est le mien." | |||
Version du 9 novembre 2020 à 11:57
Il existe deux séries de possessifs en gascon. Comme dans les langues voisines, le possessif s'accorde en genre et en nombre avec l'objet possédé. Dans chaque série, les diverses formes correspondent aux six personnes de la conjugaison?-.
Première série: possessifs simples
Formes
1ère ps. | 2ème ps. | 3ème p. | 1ère pp. | 2ème pp. | 3ème pp. |
---|---|---|---|---|---|
mon | ton | son | noste | vòste | lur |
ma | ta | sa | nosta | vòsta | lur |
mons | tons | sons | nostes | vòstes | lur |
mas | tas | sas | nostas | vòstas | lur |
Prononciation
- Le -n final de mon, ton, son est dental; on prononce [mun], [tun], [sun]. Il en va de même au pluriel. Le -r final de lu se prononce: [lyɾ].
Emploi
- Ces possessifs sont utilisés uniquement comme déterminants et jamais comme pronoms.
- Selon Bouzet, ces formes sont "des gallicismes à proscrire. On ne les trouve que dans les actes notariés et des chansons francisées, ou chez les mauvais poètes à qui elles permettent d'économiser un pied."
- Seuls noste, vòste existent dans la langue parlée et écrite:
A vòste servici. (Casebonne)
- Les autres formes sont rarement employées dans la langue parlée, hormis dans quelques locutions comme Mon Diu, mon pair, mon amic (et encore, sauf dans la première on emploie plus volontiers l'autre série de possessifs) et la langue écrite les ignore largement aussi. En fait, on les trouve surtout dans des poésies du XVIIIe et de la première moitié du XIXe siècle, époque où l'influence du français n'était pas combattue par les écrivains.
Ò lenga deu bèth pèis on èi sajat mon pè... (Palay)
C'est un reste de cette influence que l'on perçoit dans ce passage en prose où l'auteur laisse parler sa fibre poétique:
Un matin estivenc, au moment qui lo dia e s'apelhava de son aubeta vermelha darrèr lo cim de la montanha, ua jaubèla que hasè son passei doriu sus l’arribèra deu gave, au parçan de Lahontan. (Lalanne)
Deuxième série: possessifs articulés: formes béarnaises
- La deuxième forme de possessifs se compose du mot posessif proprement dit, et de l'article défini, qui le précède; aussi les appelllerons-nous possessifs articulés. Nous donnons ces formes avec leur article. Toutefois, dans certains cas, on peut trouver le mot possessif accompagné de l'article indéfini, ou encore le trouver employé seul.
- Les formes de ces possessifs varient selon les régions; nous commençons par les formes employées en Béarn.
Formes
1ère ps. | 2ème ps. | 3ème p. | 1ère pp. | 2ème pp. | 3ème pp. |
---|---|---|---|---|---|
lo men | lo ton | lo son | lo noste | lo vòste | lo lor |
la mia | la toa | la soa | la nosta | la vòsta | la loa |
los mens | los tons | los sons | los nostes | los vòstes | los lors |
las mias | las toas | las soas | las nostas | las vòstas | las loas |
Remarques et variantes
- Dans la zone de l'article pyrénéen, ces formes, bien entendu, présentent l'article pyerénéen: eth men, era mia, etc.
- La loa a été formé par analogie avec la soa. Cependant, depuis quelques années se répand à l'écrit la forme la lor, plus conforme à l'étymologie.
- Dans certains parlers, on ne dit la mia, las mias, mais la mea, las meas, et même, localement, la me, las mes.
- Dans la vallée d'Aspe, on emploie comme possessifs de 2ème et 3ème ps. eth tò, era tò, eth sò, era sò.
Emploi des possessifs
- Les possessifs articulés sont la forme généralement employée en gascon. Ils s'emploient à la fois comme déterminants et comme pronoms:
Quauque gelós, o quauque diable / lo men tresaur que m'a panat. (Fablas causidas)
Quin sabetz qu'èra la soa? (Peyroutet)
- Il arrive assez rarement que le mot possessif proprement dit se place après le nom:
Que sentín dens l'èste lor quauquarren de navèth. (Casebonne)
- Le mot possessif, sans article, marque la possession lorsqu'ils sont attributs (français à moi, etc):
S'ès malaut, lo men castèth qu'ei ton. (Palay): "mon château est à toi".
On peut employer aussi le mot possessif avec l'article, mais avec une nuance de sens différente:
Aqueste libe qu'ei men.: "Ce livre est à moi."
Aqueste libe qu'ei lo men.: "Ce livre est le mien."