Différences entre les versions de « 4. J. La prononciation de N en fin de mot »
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Version du 3 avril 2018 à 13:32
La lettre n correspond en gascon à deux sons différents:
- [n]: "n dental", se prononce avec la langue à la racine des dents;
- [ŋ]: "n vélaire", se prononce avec la langue placée sur le voile, prolongement membraneux du palais vers l'arrière de la cavité buccale.
En fin de mot, n se prononce différemment selon la classe à laquelle appartient le mot (verbe, nom...) et selon les lieux.
N final dans les formes verbales
N apparaît à la troisième personne du pluriel des verbes conjugués et se prononce généralement comme un n dental:
Que son. [ke ˈsun ]
Que cantan. [ke ˈkantɔn]
Toutefois, dans le Lot-et-Garonne, le nord et le centre du Gers et presque tout le Comminges, c'est un n vélaire qu'on prononce:
Que son. [ke ˈsuŋ]
Que cantan. [ke ˈkantɔŋ]
N final des autres mots: cas général
À la fin des autres mots, n final se prononce généralement [ŋ] (n vélaire):
Doman, qu'auram pan e vin. [duˈmaŋ, kawˈram ˈpaŋ ˈe ˈβiŋ]
Toutefois, ce [ŋ] a disparu en Béarn et dans les Hautes-Pyrénées. Soit on ne prononce rien du tout, c'est le cas des Hautes-Pyrénées et des vallées montagnardes béarnaises:
Doman, qu'auram pan e vin. [duˈma, kawˈram ˈpa ˈe ˈβi]
Soit il en reste une trace: la voyelle précédente est plus ou moins nasalisée, c'est-à-dire prononcée en évacuant l'air en partie par les narines, c'est le cas de tout le Béarn non-montagnard:
Doman, qu'auram pan e vin. [duˈmã, kawˈram ˈpã ˈe ˈβĩ]
Dans les noms et adjectifs qui se prononcent avec n vélaire, dans les zones correspondantes, devant s du pluriel celui-ci peut être prononcé ou disparaître, suivant les zones:
los cans [lus kaŋs] (Landes), [lus kas] (Gers).
N se prononce également [ŋ], ou disparaît, suivant les régions, dans de nombreux toponymes gascons comme Juranson,Madiran...
N final des autres mots: cas particuliers
N dental
Dans certains mots (qui ne sont pas des verbes), n final se prononce [n] (n dental) dans l'ensemble du domaine gascon.
Il s'agit tout d'abord de mots existant depuis longtemps dans la langue et d'emprunts divers:
adarron
Aimon (Aymon, personnage de la littérature)
aliban (/aliman)
an
arron
Artaban
(a)ton
augan
balin-balan
bon (lorsqu'il est employé seul comme interjection, ou dans lo bon Diu)
bren
cancan
carcan
carlaman
carrin-carran
caven
chin
chorrin-chorran
clin
cohen
con
crin-crin
curran
curron
demon (francisme pour demòni)
din-din (onomatopée)
din-don (onomatopée)
dindon-dindon
divan
dondèna dondon
drin
emban
empan
endan
engan
enguan
entertien (/entretien)
entien/ entin, "tout de suite"
entin, "chantier"
estron
examen
forban
galin
gran
grenchin-grenchan (onomatopée)
guerlin-guerlan
gusman
man
mieitan
mon (possessif)
mon (forme ancienne de monde)
moribon
nan
on
pairan
pan ("pan de mur")
partisan
patin (dans e patin e patèna)
paulin
pregon
quan
quin
rapian
redon
riban
roman ("roman", genre littéraire)
Satan
segon
son (possessif simple)
s(h)orrin
sostien
tin-tan (onomatopée)
tin-tin (onomatopée)
tinticatan (onomatopée)
ton (manière de parler)
ton (possessif simple)
ton-tan (onomatopée)
zon-zon (onomatopée)
C'est aussi le cas des prénoms Bertran et Jan ou Joan, des formes verbales de la troisième personne du singulier des verbes en -éner et en -óner: enten, hen, pen, pren, ten, tien, ven et vien, et de leurs composés (apren...), hon, respon et de certains toponymes comme Montardon ou Orion.
C'est également le cas de mots entrés récemments dans la langue: mots en -èn comme diafan, eslovèn, oxigèn..., mots divers comme plan ("un plan") et ses composés, clan, fan, han (peuple de Chine), Neptun, roman ("un roman'), tsigan… y compris les toponymes étrangers qui n'étaient guère employés jusqu'à présent en gascon: Afganistan, Iran, Liban, Teheran...
Enfin, on a un n dental dans les diminutifs en -in: berogin [beɾuˈjin] ou [beɾuˈʒin].
- Toutefois, dans d'autres emprunts, plus anciens, c'est un n vélaire [ŋ] ou muet que l'on a: charlatan, cortisan, safran.
Le cas de TAN
L'adverbe tant s'écrit tan devant les adjectifs et les adverbes commençant par une consonne:
tant urós
tan viste
De même devant les locutions adjectivales et adverbiales:
tant a la corruda
tan de clar en clar
Ces deux formes peuvent se prononcer également [tan]. Toutefois, dans un grand nombre de lieux à travers toute la Gascogne, tan se prononce [ta]:
tan segur [ˈtan seˈɣy], [ˈta seˈɣy].
Le cas des toponymes gascons
Dans les toponymes gascons, n final peut être un n dental [n], ou un n muet. Se prononcent avec un n dental: Aran, Montardon, Orion, Sent Goen et, avec n suivi de s, Arrens, Trebons et Coserans. Se prononcent avec un n muet ou vélaire: Arrustan, Campan, Loron, Madiran, Nebosan, Sarrancolin, et, devant s, Lons.
Ces listes ne sont évidemment pas limitatives.
Le cas de n final des paroxytons
Certains paroxytons (mots ayant l'accent tonique sur l'avant-dernière syllabe) se terminent par n; ce n est toujous muet: arràfen, òrguen, Guíshen, Bidàishen, Dònhen, Vidèren.
On notera que la forme d'ailleurs que la forme de gérondif en dísent se prononce bel et bien [en ˈdize].
Le cas de UN AUTE
Dans un aute, le n se prononce [ɲ], c'est-à-dire comme nh dans montanha. Ainsi, un aute se prononce [yˈɲawte] et même [ˈɲawte]. On trouve parfois la graphie 'n aut, qu'il convient d'éviter.
En Béarn et Bigorre, ua auta présente la même prononciation que un aute.
Divers
- N est, selon les lieux, vélaire ou muet dans autan ("l'autan") et tron ("tonnerre", mot ancien).
- N doit être, selon les lieux, vélaire ou muet dans bon Diu et bon ser. Il faut s'attacher à prononcer ces séquences correctement.
- panquesa ("belette") se prononce selon les lieux [paŋˈkezɔ], [paˈkezɔ] ou [pãˈkezɔ]. Ce mot est un hispanisme, composé des mots pan et queso.
- Dans non, le n final semble partout muet à l'heure actuelle. L'étude de textes antérieurs au XXe siècle montre qu'il était prononcé en maints endroits.
- On prononce n dental, devant s, dans le mot volons employé dans la locution volons o non: "bon gré mal gré".