4. B. Les verbes transitifs indirects

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Généralités

Les verbes transitifs indirects admettent un complément d'objet indirect (COI). On le qualifie d'indirect parce qu'il ne suit pas directement le verbe, mais est introduit par une préposition, le plus souvent a ou de:

Que's sembla a son pair.: "Elle ressemble à son père."

Aux temps composés, ils prennent l'auxiliaire aver:

Qu'a profieitat deu son viatge en Italia entà practicar l'italian.: "Il a profité de son voyage en Italie pour pratiquer l'italien."


Pronominalisation du COI

Le COI est introduit par a

  • Pour les verbes dont le COI est normalement introduit par a, lorsque c'est un pronom personnel qui est COI, il prend les formes me, te, nse, vse, et i à la troisième personne (pour le singulier et le pluriel):

Que participarà a la velhada. --> Que i participarà. Fr. "Il participera à la soirée." --> "Il y participera."

Que tribalharatz a la grana semialha. (P. D. Lafore) --> Que i tribalharatz.: "Fr. Il participera aux grandes semailles." --> "Il y participera."

Que's sembla a son pair. --> Que s'i sembla. Fr. "Il ressemble à son père" --> "Il lui ressemble."

Que se'm sembla.: "Il me ressemble."

Que's maridè a la gojata qui avè conegut a la hèsta de Maseròlas. --> Que s'i maridè. Fr. "Il se maria avec la jeune femme qu'il avait rencontrée à la fête de Mazerolles." --> "Il se maria avec elle."

A peut prendre la forme en devant un, ua, aqueste, aqueth, aceth:

Lo passatge, estret, se semblava en ua sala de venta. (Manciet): "Le passage, étroit, ressemblait à une salle de vente."


  • Certains verbes se construisent tantôt avec a, tantôt avec en; dans les deux cas, le COI se pronominalise par i:

Autant n'arriba, un còp o l'aut, / aus qui's hidan a las so's fòrças. (Fablas causidas) --> ... aus qui s'i hidan. Fr. "Cela arrive, de temps en temps, / à ceux qui se fient à leurs forces." --> "... à ceux qui s'y fient."

Adèla, la goja, qu'explica quin Mossur ei bon e quin non pensa jamei a mau, quin cred a la justícia... (Camélat) --> quin i cred... Fr. "Adèle, la bonne, explique comme Monsieur est bon et ne pense jamais à mal, comme il croit à la justice..." --> "... comme il y croit..."

Nat d'aqueths non cred en ua reviscolada. (Camélat) --> Nat d'aqueths no'i cred. Fr. "Aucun d'eux ne croit en une renaissance." --> "Aucun d'eux n'y croit."

Be cred en Diu! (Javaloyès) ---> Be i cred! Fr. "Comme il croit en Dieu!" --> "Comme il y croit!"


  • Toutefois, dans le cas de certains verbes, la pronominalisation du COI par i est réservée aux non-animés, tandis que les animés sont pronominalisés par lo, los (pour les deux genres). Comparer:

Que respon a la letra. --> Que i respon. Fr. "Il répond à la lettre." --> "Il y répond."

Que respon aus qui'u critican. --> Que'us respon. Fr. "il répond à ceux qui le critiquent." --> "Il leur répond."


  • Il existe aussi des verbes qui n'admettent qu'un COI animé, qui est pronominalisé par me, te, lo (pour les deux genres), nse, vse et los (toujours pour les deux genres):

Aquera rauba qu'està plan a Maria. --> Aquera rauba que l'està plan. Fr. "Cette robe va bien à Marie." --> "Cette robe lui va bien."


  • Enfin, la pronominalisation d'un COI animé par un pronom personnel complément tonique (jo, tu, eth, era, nosautes/as, vosautes, eths, eras), placé après la préposition a qui est maintenue, est de rigueur pour certains verbes:

Que pensi a tu: "Je pense à toi."


Le COI est introduit par de

  • Pour les verbes dont le COI est normalement introduit par de, lorsque c'est un pronom personnel qui est COI, il prend la forme ne à la troisième personne (pour le singulier et le pluriel):

Que's menshida de Laurenç. --> Que se'n menshida. Fr. "Il se méfie de Laurent." --> "Il s'en méfie."

Los òmis que's regaudeishen de la hèita. (Camélat) --> Los òmis que se'n regaudeishen. Fr. "Les hommes se réjouissent de l'affaire." --> "Les hommes s'en réjouissent."

Que'vs saberatz brembar d'aquesta òra. (Palay) --> Que vse'n saberatz brembar. Fr. "Vous saurez vous rappeler de ce moment." --> "Vous saurez vous en rappeler."


  • Aux deux autres personnes, seul un pronom personnel complément tonique (jo, tu, nosautes/as, vosaute/as), placé après la préposition de qui est maintenue, peut être COI: on dit Que's menshida de tu, mais non *Que se't menshida. Cette construction est possible également à la troisième personne, où elle peut être emphatique:

Que se'n menshida: "Il s'en méfie."

Que's menshida d'eth: "Il se méfie de lui."

Que'm brombarèi de tu tota la vita: "Je me rappellerai de toi toute ma vie."


Exceptions

Les locutions verbales aver besonh de, aver hrèita de, aver paur de, aver met de admettent comme COI les pronoms personnels me, te, lo, la, nse, vse, los, las, et concuremment les constructions avec un pronom personnel complément tonique (jo, etc.) après la préposition de; celle-ci est emphatique:

Qu'a paur de son pair. --> Que l'a paur. FR. "Il a peur de son père." --> "Il a peur de lui."

Que t'èi besonh: "J'ai besoin de toi."

Qu'èi besonh de tu: "C'est de toi dont j'ai besoin."

Toutefois, lorsqu'on se réfère à un groupe nominal indéfini, ce dernier sera pronominalisé par ne:

Qu'avem besonh deus cans. --> Que'us avem besonh. Fr. "Nous avons besoin des chiens;" --> "Nous avons besoin d'eux."

Qu'avem besonh de cans maishants tà guardar las maisons. ---> Que n''avem besonh. fr. "Nous avons besoin de chiens méchants pour garder les maisons." --> "Nous en avons besoin."

On trouve d'ailleurs, devant un groupe nominal, les constructions aver paur a, aver met a:

un òmi qui n'a pas paur a la bruma (Javaloyès): "un homme qui n'a pas froid aux yeux"

mais, devant un verbe, on emploie toujours de:

Qu'avè paur de's pèrder la hilha. (Javaloyès): "Il avait peur de perdre sa fille."


Cas particulier à connaître

  • Les propositions utilisées pour construire les COI sont généralement les mêmes qu'en français, pour les verbes correspondants; toutefois, en gascon, on ne dit pas *saunejar de, mais saunejar a (même si la construction avec de existe dans certains parlers), et, comme attendu, le pronom personnel utilisé à la troisième personne est i (pour le songulier et le pluriel):

L’amor que sauneja au dia shens vrespau.. (Labaig-Langlade): "L'amour rêve du jour sans soir."

Despuish ua setmana que i saunejava. (Casebonne): "Depuis une semaine il en rêvait."

  • On peut trouver saunejar en dans les cas signalés plus haut où a prend la forme en:

Tot còp dont saunejàvam en un mòrt... (Manciet): "Chaque fois que nous rêvions d'un mort..."

  • Mais saunejar peut aussi être transitif direct, notamment lorsque le complément d'objet est une proposition subordonnée:

Com lo Jan, Catalineta que caminava tota empensada, e las mans juntas que saunejava que poderé estar un dia dauna en çò de Bordar! (Larroque): "Comme Jean, Catalinette marchait toute soucieuse, et les moins juntes elle rêvait qu'elle pourrait être un jour maîtresse de maison chez Bourda!"

  • On emploie de pour introduire le complément lorsque celui-ci est une proposition infinitive:

Qu'avetz saunejat de comandar a la Glèisa. (Badiolle)": "Vous avez rêvé de commander à l'Église."


Autres COI

D'autres prépositions encore peuvent introduire le COI. Dans la plupart des cas, lorsque le COI est un pronom personnel, on maintient après le verbe un adverbe correspondant à la préposition:

Que vira au torn de l'amistòia de Jòrli. --> Que'u vira au torn. Fr. "Il tourne autour de la petite amie de Georges." --> "Il tourne autour de sa petite amie."

(mais aussi Que vira au torn d'era, emphatique)

(On considère ici virar comme un verbe transitif indirect, dans la mesure où, suivi de au torn de, il prend un sens particulier: "surveiller; courtiser".)