4. G. Les équivalents de IL Y A

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Généralités

Comme dans les constructions ergatives, avec la locution verbale française "il y a" ("il y avait", "il y aura", "il y a eu", etc.) le sujet se place après le verbe; il en va de même en gascon pour i a:

Hens aqueth castèth que i a un mossur qui s'apèra mos de O... (Larroque): "Dans ce château il y a un monsieur qui s'appelle M. O..."

Cependant, i a n'est pas le seul équivalent de "il y a".


Équivalents possibles

Le sujet est indéfini

Lorsque le sujet est indéfini, c'est-à-dire ni un nom propre ni un groupe nominal introduit par un déterminant défini (1), on emploie i a dans tous les cas:

I a ua vita e ua mòrt endeus mòts coma ende las causas. (Saint-Bézard): "Il y a une vie et une mort pour les mots comme pour les choses."

Qu'èra dia de marcat, e que i avè monde capvath las arruas, a maugrat de l'òra tardiva. (Peyroutet): "C'était jour de marché, et il y avait du monde par les rues, malgré l'heure tardive."

Onqüèra se n'avè hèit d’autas holias, n'i auré avut que miei mau! (Lalanne): "Encore s'il n'avait pas fait d'autre folie, il n'y aurait pas eu grand mal!"


Le sujet est défini

  • Lorsque le sujet est défini (nom propre, groupe nominal introduit par un déterminant défini (1)), le gascon préfère employer le verbe estar:

Qu'i ei Mitterrand, bitara. (L2): "Il y a Mitterrand, maintenant."

Au ras deu bon, qui pòt tot entà vs'amiar escuts, que i ei lo "chèque". (Bastard): "À côté du bon, qui peut tout pour vous faire avoir de l'argent, il y a le chèque."

Que i ei lo Marquet. (Palay): "Il y a Marquet."

Entà nosauts, que i ei enqüèra la question de la portada de la pèça. (Palay): "Pour nous, il y a encore la question de la portée de la pièce."

Après, que i esté lo Maquís... (Peyroutet): "Après, il y a eu le Maquis..."

E comprenes, que i ei l’estenuda, mes tanben que ns'èm avuts de har anar, aqueste estiu. (Casebonne): "Tu comprends, il y a l'étendue [de la propriété], mais aussi nous avons dû nous bouger, cet été."

Fina! Que i ei lo huec au Domèc! (Peyroutet): "Fine! Il y a le feu au Doumecq!"

Per darrèr qu'i ei lo vilatge, mes enlà. (Lavit): "Derrière est le village, plus loin."

  • On fait l'accord du verbe avec le sujet:

E puish que i son... los autes! (Oéy en Bearn): "Et puis il y a... les autres!"

Que i son las bestiòtas de casa. (Camélat): "Il y a les petits animaux de chez nous."

A Sòst que i son eths deth Òste, tà servir a minjar; eths derà Hònt tà servir a béver; eths dera Carrèra tà lotjar... (Solé-Ventura): "À Sost il y a les Lhoste, pour servir à manger; les Lahon pour servir à boire; les Carrère pour fournir un logement..."

Qu'i son au segur las rasons qui a totòm de voler resistir tà poder víver dret. (Lavit): "Il y a bien sûr les raisons qu'a chacun de vouloir résister pour pouvoir vivre debout."

Qu'i son las bombas, los plastics e las fusilhadas (Javaloyès): "Il y a les bombes, les plasticages et les fusillades."

Aciu delà, a capsús, qu'i son las montanhas. (Lavit): "De l'autre côté, là-haut, il y a les montagnes."

E puish adara, qu'i ès tu. (Lavit): "Et puis maintenant, il y a toi."

  • Toutefois, il n'est pas impossible d'employer i a même dans ce cas, du moins quand le sujet n'est pas un pronom personnel; on en trouve des exemples chez les auteurs à la langue la plus sûre:

En casau que i a tostemps eth Còr. (Sarrieu): "Au jardin il y a toujours le Choeur."

Mes tots los corbashs ne son pas viatjadors. Que i a los qui's demoran sus l’endret. (Lapassade): "Mais tous les corbeaux ne sont pas voyageurs. Il y a ceux qui restent sur place."

(Cependant, on ne dirait pas *Que i a tu ou *Que i a era.)

  • En particulier, dans les propositions relatives et dans les équivalents de la formule "il n'y a que", le gascon préfère employer i a que i ei / i son:

lo mei brave òmi qui i avosse sus tèrra (Palay): "le plus brave homme qu'il y eût sur terre"

Eh! non vs'ètz donc pas jamei apercebut de la diferença qui i a quan parlatz e quan escrivetz ? (Palay): "Hé! vous ne vous êtes donc pas aperçu de la différence qu'il y a quand vous parlez et que vous écrivez?"

Non i avè que lo taupatèr de maucontent. (Ricaud): "Il n'y avait que le chasseur de taupes de mécontent."

Non i avè que Madama de Lagulhon, cargada, era tanben, de quate hilhas en quèsta de marits. (Palay): "Il n'y avait que Madame de Laguillon, qui avait sur les bras, elle aussi, quatre filles en quête de maris."

Non i a sonque lo flaquèr per on èra lo repaus. (Camélat): "Il n'y a que la langueur là où était le repos."

  • Mais cette règle ne s'applique pas systématiquement:

Dab tot lo monde qui i ei ! (L5): "Avec tous les gens qu'il y a !"

Non i estó que Loïset, eth adjudant, qui s'avisè que Tanassa qu'avè quauques ditadas en eth casca. (Escoula): "Il n'y eut que Louiset, l'adjudant, qui se rendit compte que Tanasse avait quelques traces de doigts sur le casque."


Autre équivalent possible

Le français fait un large emploi de "il y a"; parfois, le gascon préférera employer simplement estar seul:

Qu'aví entenut mentàver qu'a París, desempuish dus mes, qu'ei hèsta tot dia. (Larroque): "J'avais entendu dire qu'à Paris, depuis deux mois, c'est fête tous les jours."

Dens la prumèra partida que son tres libes de fablas. (Camélat): "Dans la première partie il y a trois livres de fables."

Au demeurant, ces phrases peuvent être traduites en français aussi bien avec "il y a" qu'en employant le verbe "être".


L'attribut du sujet

  • Lorsqu'on emploie i a, l'attribut du sujet se construit introduit par de:

Be i a donc quauquarren de cambiat en punt de vista des qui mos govèrnen. (Sarrieu): "Il y a donc quelque chose de changé dans le point de vue de ceux qui nous gouvernent."

Que n'i a mei de maridats a Carnaval que de contents a Pascas. (Daugé): "Il y a plus de gens mariés à Carnaval que de gens contents à Pâques."

Sus las maishèras qu'i a de traçada tota la soa destressa. (Lavit): "Sur ses joues il y a tracée toute sa détresse."

Adara qu'i a un cosiòt de mesclat a la sauça? (Al-Cartéro): "Maintenant il y a un cousin mêlée à l'affaire?"

  • Au lieu du sujet, on peut trouver par le pronom personnel ne:

... dont los hilhs avèn estudiat: que n'i avè de medecins, d'oficièrs, d'avocats... (Palay): "... dont les fils avaient étudié: il y en avait qui étaient médecins, officiers, avocats..."

  • Le verbe peut être sous-entendu:

Ua causa de clara. (Camélat): "Une chose est claire."

(pour Que i a ua causa de clara.)


Équivalents de IL Y A... QUI

La formule française "il y a... qui" peut bien sûr se traduire selon les règles que nous venons de voir:

Que i ei l'Emila qui s'a pergut las vriuletas bèth temps a. (Oéy en Bearn): "Il y a Émile qui a des cheveux blancs depuis longtemps."

Cependant, le français parlé fait un large usage de cette formulation, et il vaudra mieux, la plupart du temps, éviter que i a... qui ou que i ei / que i son... qui:

"Il y a le voisin qui m'appelle." --> Lo vesin que m'apèra.


Équivalent de IL Y A DE QUOI...

La formule française "il y a de quoi...", suivie d'un verbe à l'infinitif, se rend en gascon par Que n'i a (en)tà... ou, moins fréquemment, Que i a de qué:

Que n'i a tà hèr *tramblar. (Solé-Ventura): "Il y a de quoi être inquiet."

Que n'i avè entà embriagar un regiment. (Larroque): "Il y avait de quoi enivrer un régiment."

Solide que ni avè tà plorar. (Javaloyès): "Bien sûr il y avait de quoi pleurer."

Que n'i a entà estonar. (l2): "Il y a de quoi être étonné."

Que i a de qué vàder pècs dab aqueth só maishant ! (Hustach): "Il y a de quoi devenir idiot avec ce mauvais soleil!"


Dans l'expression du temps

  • Dans l'expression du temps, IL Y A se rend par i a:

Que i a donc navanta ans batlèu, après mei de dotze sègles de sofrença, la còrda tan tenuda que's copà. (Larroque): "Il y a donc quatre-ving-dix ans bientôt, après plus de douze siècles de souffrance, la corde tellement tendue s'est coupée."

Mon Diu, qu'i a pausa d’aquò... (Manciet): "Mon Dieu, il y a longtemps de cela..."

Que i avè aputsprès un mes qui la mainada de Bartet avè dit adiu au son vilatge. (Casebonne): "Il y avait à peu près un mois que la jeune fille de Barthet avait dit au revoir à son village."

  • On trouve aussi a:

A bèra pausa qu'es partida? (Daugé): "Y a-t-il longtemps qu'elle est partie?"

  • On trouve notamment a postposé (peut-être pour ar, forme ancienne de ara):

N'èri pas ací, tres ans a! (Courriades): "Je n'étais pas là, il y a trois ans!"

  • Dans un contexte passé, on emploie aussi a postposé; on trouve également avè, toujours postposé.

Pa contre, les formulations à l'aide du verbe har du type Que hè tres ans sont un francisme récent à rejeter.



(1) les déterminants définis: article défini, déterminant possessif, déterminant démonstratif.