2. B. Les suffixes (2): diminutifs et augmentatifs

De Wikigram
Aller à la navigation Aller à la recherche

Généralités sur la dérivation par suffixe

Formes prise pour bases de la dérivation

Lorsqu'un nom ou un adjectif a une forme masculine et une forme féminine, c'est à partir de la forme féminine qu'on forme les mots suffixés; on accole le suffixe au féminin sans le -a final: esberit, fém. esberida --> esberidet; hòu, fém. hòla --> holejar, cautèr, fém. cautèra --> cauterèr. Parfois (cas de certains noms), il n'y a pas de féminin, et on accole les suffixes à la forme féminine telle qu'elle se présenterait si elle existait: tablèu --> tablelòt, ridèu --> ridelòt.


Modifications orthographiques

Des modifications orthographiques sont susceptibles de se produire au cours de la dérivation; en particulier, lorsque è et ò, voyelles toniques, passent, suite à la suffixation, en position atone, elles deviennent e et o:

maishèra --> maishereta;

hòu --> holejar.

On consultera à ce sujet [1].

En outre, on ne peut pas employer j devant -e ou i (cf. [2]:

beròi --> berogin;

ploja --> plogeta.


Suffixes de noms et d'adjectifs

Diminutifs

Les diminutifs sont des noms ou des adjectifs formés à l'aide d'un suffixe, exprimant des nuances diverses: outre la petitesse, l'affection, la grâce, la tendresse, l'ironie ou le mépris.

  • Diminutifs en -ET, -ETA: ils expriment la petitesse, mais aussi l'affection; on les emploie souvent pour parler de quelque chose qu'on aime: anjolet, arbolet, maisoeta, ostalet, esteleta.
  • Diminutifs en -ÒT, -ÒTA: ils expriment aussi la petitesse, et soit l'affection, soit la compassion ou l'ironie, voire le mépris: molieròta (affection), blanquishòt (compassion), praubòt (compassion, ironie ou mépris), bravolòt (affection ou ironie), charmantòt (id.), omiòt (mépris). Dans le Bas-Adour et une partie des Landes, le suffixe -ÒT, -ÒTA sert aussi à former des gentilés: Bidaishòt, "habitant de Bidache".
  • Diminutifs en -IN, -INA: plus rares que les deux précédents, ils expriment la grâce, la joliesse, la tendresse: berogina, estelina, praubin.
  • Diminutifs en -ON, -ONA: beaucoup plus rares, ils expriment généralement la gentillesse, la délicatesse, la grâce: manon, mainadon, amigon, cabolon, mais s'appliquent aussi à des inanimés: soparon, caferon.

Augmentatifs

Changements de sens

Les noms munis d'un suffixe diminutif peuvent désigner un être ou objet en rapport avec ceux désignés par le nom de départ, mais distinct:

arrestèth pour arrastèth, "râteau"; arresterina, "petit râteau en bois";

barra, "barre" --> barròt, "bâton";

esclòp, "sabot" --> esclopeta, "petit sabot de femme, ordinairement orné;

gojat, "jeune homme" --> gojatòt, "petit garçon";

nueit, "nuit" --> nueitòta, "crépuscule".


Autres remarques

  • Des infixes tels que -ic-, -ilh-, -ish ou -ol- peuvent s'intercaler entre le nom de départ et le diminutif ou l'augmentatif:

aire --> airolet;

babau --> babolet;

brave --> bravolàs;

cap --> cabolon;

causa --> causilhòta;

còr --> corishòt;

palle --> pallishòta;

ragòt --> ragolòt;

sòu --> souricòt, sourilhòt;

veire --> veirolet, veirolòt.

  • Les consonnes finales muettes (-n et r) peuvent aussi bien se maintenir que disparaître dans la formation des dimunutifs et des augmentatifs: on trouve aussi bien frairet (<-- frair) que maiòta (<-- mair), bossaloòt (<-- bossalon) que parpalhonòt (<-- parpalhon).
  • Les mots gascons ont subi une certaine usure phonétique depuis le latin; il arrive que les suffixes d'augmentatifs et de diminutifs s'accolent non pas à un mot gascon, mais à une forme de celui-ci plus proche de l'étymologie latine:

còrps --> corpishòt (Palay)

libe --> libròt (forme armagnacaise, refaite en Béarn: liberòt).

  • D'autres formations irrégulières ne s'expliquent pas par l'étymologie:

aso --> asolòt;

hardèu --> hardolòt;

hasan --> hasanhòt;

paisan > paisantòt;

pan --> paitet;

seror --> seroleta.

  • Certaines s'expliquent par l'analogie:

cafè ---> caferon, par analogie avec les noms en -èr;

  • Les diminutifs de noms peuvent changer de genre par rapport au nom de départ:

aubèrja --> auberjòt (Camélat);

barra > barròt;

caisha --> caishòt (Manciet);

camisa > camisòt (Al-Cartéro);

copa > copishòt (Lapassade);

crampa --> crampòt (Palay);

esclòp --> esclopeta;

frinèsta --> frineston;

goja --> gojòt (Manciet);

hemna --> hemnòt (Daugé);

istoèra --> istoeròt;

maison --> maisoòt (Labeyrie);

man --> manon (Camélat);

pelha > pelhòt (Al-Cartéro);

teula --> teulon (Yan dou Sabalot).


Conseils pour parler et écrire

  • Les diminutifs et augmentatifs sont plus employés qu'en français. En particulier, on aura souvent intérêt à traduire par un diminutif l'adjectif "petit" du français: "la petite maison", la maisoeta, la maisoòta. Cela ne veut certes pas dire que l'adjectif petit, -a ne s'emploie pas en gascon ni qu'il faille placer un diminutif dans chaque phrase; en particulier, on prendra garde de ne pas employer les diminutifs dans les textes dont l'auteur n'est pas censé montrer ses sentiments personnels: rapport de stage, article de journal ou d'encyclopédie, par ex. Dans tous les cas, on se souviendra en employant les diminutifs qu'ils ont tous un contenu sémantique qui va au-delà de la petitesse.
  • Certains néo-locuteurs se méfient inconsciemment du suffixe de diminutifs -ET, -ETA, "suspect" en raison de sa ressemblance avec le suffixe français -et, -ette, et préfèrent employer -ÒT, -ÒTA, voire -IN, -INA. Or, le suffixe -ET, -ETA est aussi gascon que les autres diminutifs; de plus, chaque suffixe de diminutifs exprime sa propre nuance: on ne remplace pas -ET, -ETA par un autre suffixe de diminutifs sans risquer de commettre une erreur. Enfin, en évitant un suffixe qui "fait trop français", on accepte que le français conditionne l'usage qui est fait du gascon, ce qui revient à accepter l'influence française que l'on souhaitait éviter.