2. D. Les suffixes (4): suffixes adjectivaux

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Les suffixes adjectivaux servent à former des adjectifs à partir de noms ou de verbes.

On gardera à l'esprit que ces adjectifs peuvent être substantivés; c'est pour éviter de nous répéter inutilement que nous n'avons pas cité les suffixes de la présente fiche dans la fiche 4. Les suffixes (3): suffixes nominaux.


A

Les suffixes -ABLE, -ABLA; -IBLE, -ABLA

À partir de verbes, il permet de former des adjectifs indiquant la possibilité: aunorable, aimable, admirable, deplorable, durable, enfadible, invencible. Certains de ces adjectifs en -ible sont formés à partir d'une racine latine: factible, imperceptible, improbable, possible, terrible.


Les suffixes -ADER, -A; -EDER, -A; -IDER, -A; -ADÍS, -ISSA; -EDÍS, -ISSA

  • À partir d'un verbe, ils servent à former des adjectifs indiquant la possibilité ou l'obligation: bateder, dalhader, embarrader, haseder, lavader, prestider, veneder, barradís, vueitadís, escorredís.

E se lo hroment ei bateder, pren-te monde, pòrta'u a la batusa. (Camélat)

Lo qui n'a pas vist aquò, qu'ei a non pas ac créder! Un hòu, un hòu estacader! (Palay)

reviscolat per l'aire apatzadís de França (Massartic)

  • Selon le diccionaire de Per Noste (à l'article "susceptibles), les suffixes en -ER ont un sens passif et les suffixes en -ÍS un sens actif. Cette règle ne saurait être prise au pied de la lettre et on relève de nombreux cas où elle ne s'applique pas:

Las dobladuras deu pochic de Lagisquet qu'èran drin tocaderas. (Sabalot): sens actif et réciproque

un parelh de vacas ateladissas (Camélat): sens passif

On dit ainsi, selon les régions, cambiader ou cambiadís, atelader ou ateladís.

  • Les adjectifs à suffixe en -ÍS peuvent aussi exprimer une caractéristique:

L'auba rosenga qu'esquiça / la tula passadissa de l'escur (Camélat) (qui passe, qui ne dure pas)

  • Ces adjectifs équivalent souvent à des adjectifs français en -"able", -"ible"; ce n'est pas pour cela qu'il faut les employer à la place des adjectifs en -able, -a, -ible, -a qui ne sont pas moins gascons parce qu'ils ressemblent davantage à ce qui se passe en fr.
  • D'autre part, ces adjectifs n'admettent pas le préfixe privatif -in. On peut tout à fait dire atelable ou atelader (ou encore ateladís), mais on ne peut pas dire *inatelader ou *inateladís; on doit dire inatelable.


Les suffixes -ADOR, -A; -EDOR, -A; -IDOR, -A

À partir d'un verbe, ils servent à former des adjectifs indiquant l'accomplissement d'une action:

La mirada escapadora d'aqueths uelhs agradius qu'aborriva mei que jamei lo son poder engalinaire. (Casebonne): "regard qui s'échappe"

Un còp las batalèras acabadas, tà perlongar lo plaser de la lenga sauvadora, que'ns hicàvam a cantar. (Lapassade): "langue qui sauve", "langue du salut"

Que s'entenó de luenh ua votz aimadora qui disè... (Lalanne): "une voix aimante"

Lo còrn qu'èra prometedor e beròi a espiar. (Sabalot): "prometteur'

aqueths escrivassèrs arcuelhedors de novèlas (Larroque): "scribouillards accueillants"


Le suffixe -AN, -A

À partir d'un nom de ville, de pays ou de continent, ce suffixe sert à former des adjectifs indiquant une origine ou une relation: african, italian, kenyan.


Le suffixe -AR, -A

  • Ce suffixe se trouve en général dans des emprunts au latin et désigne une relation, ce qui a trait, qui concerne: escolar, popular, militar.
  • La prononciation de l'ancien gascon nous montre que le r final ne doit pas être prononcé.
  • On pourra le prononcer, par contre, dans des mots en -ar, -a où on n'a pas affaire à ce suffixe: catar, -a.


Le suffixe -ARI, -ÀRIA

  • On le trouve dans quelques adjectifs empruntés au latin: autoritari, literari, necessari, ordinari...
  • Par confusion avec le suffixe -AR, -A, on trouvait jusque dans les années 1990 des formes comme militari, populari... qui sont à rejeter.


Le suffixe -ASSÈR, -A

  • À partir de noms, il sert à former des adjectifs désignant un goût, une passion: aigassèr' ("curiste"), cridassèr, blagassèr, hemnassèr, hestassèr, patacassèr, tripassèr.
  • Il existe une variante en -assaire, -a: hestassaire.
  • Dans de rares cas, ils désignent un métier: aigassèr (ici, "porteur d'eau"), leitassèr ("laitier").


Le suffixe -AU

  • À partir d'un nom, ce suffixe sert à former des adjectifs indiquant une caractéristique: corau, hastiau, noviau, pairau.
  • Certains adjectifs pourvus de ce suffixe ne sont pas es créations du gascon mais viennnent du latin: centrau, personau, providenciau...


Le suffixe -AU

Ce suffixe diffère du précédent par son origine et son emploi; il sert à former, à partir d'un numéral cardinal, le numéral ordinal correspondant et s'il formait son féminin en -ava en ancien gascon, aujourd'hui il est toujours invariable en genre: dusau, tresau, quatau, etc.


E

Le suffixe -ÈC, -ÈCA

À partir d'un nom, d'un verbe ou d'un adverbe, ce suffixe sert à former des adjectifs exprimant une caractéristique: hidèc, matièc, abusèc, esulurrèc, dorèc, luenhèc. Si le féminin est généralement en -èca, on rencontre parfois au féminin des cas de doublets en -èga: vitèc, vitèca, vitèga.


Le suffixe -ENC, -ENCA

À partir d'un nom ou d'un adjectif, ce suffixe indique une relation, une origine géographique, et, rarement, une nuance de couleur: aubenc, aulorenc, felibrenc, estivenc, trobadorenc, parisenc, pirenenc, bluenc, rosenc ("rosâtre").


Le suffixe ÈR, -ÈRA

À partir d'un nom, d'un verbe ou d'un adjectif, ce suffixe marque une caractéristique: escusèr, estremèr, miegèr. Ce suffixe est rare, contrairement au suffixe homophone servant à former des noms; en outre, pour certains adjectifs, il existe une hésitation entre le suffixe -'èc, -èca et le suffixe -èr, -èra: on dit escusèc ou escusèr, matièc o matièr.


Le suffixe -ÉS, -ESA

À partir d'un nom de lieu, il sert à former des adjectifs désignant une origine ou une relation: baionés, bearnés, francés, romanés.


I

Le suffixe -IU, -IVA

À partir de noms, de verbes ou d'adverbes, ce suffixe sert à former des adjectifs indiquant une caractéristique: iverniu, costiu, enlugarniu, trompiu, prometiu, doriu. On trouve une variante -'adiu, -iva pour les adjectifs dérivés de verbe en -ar, formés à partir du féminin du participe passé passif: arrajadiu, cargadiu, entecadiu. Il existe enfin une forme -atiu, -ativa, empruntée au latin, toujours à partir de verbes uniquement: cooperatiu, qualificatiu, esvarjatiu. Dans ce dernier cas, le suffixe sous sa forme -atiu, -iva est ajouté à un verbe de formation populaire.


O

Le suffixe -ÒI, -ÒIA

Ce suffixe peu fréquemment sert à former, à partir d'un nom, d'un verbe ou d'un adjectif, un adjectif avec une nuance affective: amistòi', arridòi, beròi.


Le suffixe -ÓS, -OSA

À partir d'un nom, ce suffixe, fréquent, indique une caractéristique, et à partir d'un adjectif de couleur, une nuance: brumós, capriciós, laganhós; blavós (de blau, forme ancienne pour blu), blancós, verdós. On trouve rarement une variante -icós à partir d'un verbe: ploricós, senticós. Il existe une variante -assós du sufixe -ós, avec une nuance augmentative: aigassós, nevassós.


U

Le suffixe -UC, -UCA

À partir d'un nom ou d'un verbe, ce suffixe sert à former des adjectifs indiquant une caractéristique: malhuc, 'pauruc, 'pesuc, temeruc. Il est peu fréquent.


Le suffixe -UT, -UDA =

Sur une base nominale, ce suffixe indique une caractéristique: brancut, costut, hariut, laüt, peberut. On trouve une variante -assut avec une nuance augmentative: hangassut, nevassut, provassut. Le gascon hésite parfois entre le suffixe -ós et le suffixe -ut: on dit sabonós ou sabonut, peberós ou peberut, etc.