4. D. La conjonction QUI

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Dans certains cas, le gascon n'emploie pas la conjonction QUE, mais une autre conjonction, QUI, qui en dérive phonétiquement.


Origine et extension géographique de QUI

Jean Bouzet relie le passage de QUE à QUI à l'évolution E > I en position antétonique, c'est-à-dire dans les syllabes précédant directement la syllabe tonique. Il cite à l'appui de sa thèse des exemples comme bitara, digun, dilhèu, où il y a tout lieu de penser que le i procède d'un e.

Jean Bouzet ajoute que ce passage doit être antérieur à l'extension de l'énonciatif, "car, dans le cas contraire, celui-ci aurait subi la même évolution". En tout cas, la conjonction QUI n'existe que dans des régions où l'énonciatif QUE est d'usage courant, principalement en Béarn et en Bigorre. Ailleurs, on emploie QUE. En outre, les Récits d'histoire sainte montrent que QUI existait déjà et était employé au XVe siècle:

Quant fo lo VIIme die qui Daniel fo mes en la carsa ab los leoos: "Sept jours après que Daniel eût été mis en prison avec les lions..."

En lo temps aquet qui David regna...: "En ce temps où David régna..."


Emplois de QUI

En tête de propositions subordonnées circonstancielles

On trouve QUI pour introduire les propositions circonstancielles après les formes exprimant le temps, le lieu, la manière, la cause la concession...

E i a hèra qui m’avetz vista?' (Casebonne)

Que viení taus Escarts plan abans qui aquestes e s’estén maridats. (Peyroutet)

...iva òra après qui las gojatas, / au lhit estenudas e platas, / ne sonjavan a tamborins, / e ronflavan com bèths barquins, (Fablas causidas de La Fontaine en vèrs gascons)

Qu’a passat pro de temps embarrat, eth, mentre qui s’acabavan d’esclairar aqueths ahèrs de hurts e de murtres. (Lavit)

Qu’ei de la mar qui vien lo vent. (Nadau)

Qu’èra atau qui tots l’aperavan. (Palay)

Qu’ei per’mor d’aquò qui soi passat entad aquesta riba.. (Casebonne)

On le trouve également pour introduire les subordonnées de concession, après per tant:

Be son bracas aqueras pausas per tant qui durin! (Hustaix)

Per tant qui sian granas las hamièras, la necèra, que i a tostemps òmis tà véner e tà crompar. (Lapassade)

On trouve aussi des séquences: per + tant + adjectif + qui:

per pregond qui sia lo huec (Lalanne)): le feu a beau être profond

En tête d'une subordonnée exprimant l'intensité

On le trouve également QUI après tant lorsqu'il ne s'agit pas d'exprimer l'égalité, mais l'intensité:

Que hasè Papà! zozó! tant qui podè cridar. (Camélat)

=

Hésitation entre QUE et QUI

Bouzet explique que QUE et QUI sont deux conjonctions bien distinctes. Toutefois, on relève des exemples d'hésitation entre les deux formes. On comparera ainsi:

E se n’i a subjècts qui non sian estats passats, espugats despuish que lo monde estrenhen un calam d’auca o d’acèr aus dits? (Camélat), et:

E qu’ei un fèit que n’obrirà pas mei un libe, despuish qui a lo certificat. (même auteur)