3. A. Diphtongues et triphtongues
Le gascon comprends de nombreuses diphtongues et quelques triphtongues.
Les diphtongues
Généralités
On distinguera:
- les diphtongues ouvrantes, à premier élément [j] ou [w]: [ja], [je], [jɛ]..., [wa], [we], [wɛ]...
- les diphtongues fermantes, où [j] ou [w] sont l'élément final: [aj], [ej], [ew], [iw]...
Cependant, la prononciation des diphtongues peut être soumise est à une certaine variation et il convient de le souligner le cas échéant.
Lorsque le premier élément d'une diphtongue ouverte est [j], il peut être écrit E ou I. Lorsque ce premier élément est [w], il peut être écrit O ou U, selon l'étymologie et la prononciation dans les autres dialectes occitans.
Dans le cas des diphtongues fermantes, [j] et [w] ne peuvent s'écrire que i et u, sauf exceptions.
Dans les diphtongues ouvertes, lorsque le premier élément est E, la diphtongaison n'est pas systématique; nous n'en parlons donc pas ici; voir 2. B. La prononciation de E, troisième partie.
Pour une étude plus détaillée, nous partirons de l'orthogtaphe pour aller à la prononciation.
N. B.: pour indiquer que deux voyelles qui devraient former une diphtobgue n'en forment pas une, on emploie le tréma. Toutefois, on l'emploie le moins possible:
flaüta [flaˈytɔ]
anoïr [anuˈi]
IA, IE, IÈ, IO, IÒ, IU
hialat [hjaˈlat]
vièla [ˈbjɛlɔ]
hariòla [haˈrjɔlɔ] "fruit de l'arbousier"
- IA en position post-tonique se prononce logiquement [jɔ] en gascon oriental:
bèstia [ˈbɛstjɔ]
En gascon occidental, on devrait prononcer [jə], mais la prononciation se simplifie en [i]:
bèstia [ˈbɛsti]
- Dans briac, on prononce deux syllabes: [briˈak]
- La locution i a ("il y a"), à ses divers temps et modes, se prononce [ja] comme attendu dans la plaine béarnaise et en Lavedan, mais [ʒa] en de nombreux lieux (Oloron, Ossau, Tursan...)
- Deux I ne forment pas diphtongue: on ne prononce pas [ji] ou [ij], mais [i]:
sentii [senˈti] prétérit de sentir, "je sentis"
pàrii [ˈpaɾi] présent de pariar, "je parie"
- IU représente généralement la diphtongue ouvrante [iw] comme dans adiu, mais il peut aussi représenter [jy], dans les mots se terminant par le suffixe -ut ajouté à un radical en -i: hariut, nerviut, omiut, vermiut.
OA, OE, OÈ, OI, OÒ
Les groupes de lettres OA, OE, OÈ et OI transcrivent généralement une diphtongue:
ahoalh [aˈhwaʎ] "flopée", "gibier de potence"
joen [jwen], [ʒwen]
Parfois, la diphtongue naît de la chute d'une consonne:
coar [kwa] (chute de [β])
soar [swa] (chute de [ŋ])
carboèra [kaɾˈβwɛɾɔ]
borroar [buˈɾɾwa]
motoòt [muˈtwɔt]
maisoòta [majˈzwɔtɔ]
- Dans le cas de OI ([uj]), lorsque la diphtongue est tonique, sa prononciation passe à [wej] en Béarn et dans une partie de la Bigorre, alors que la plus grande partie du Gers garde [uj]:
poirir [pujˈɾi] (Béarn: [pwejˈɾi]
coire [ˈkujɾe] (Béarn: [ˈkwejɾe])
Cette tendance est moins forte lorsque [uj] est atone:
lampoinèr [lampujˈnɛ] ([lampwejˈnɛ] en Béarn, rare)
- On emploie la forme avec tréma OÏ, non pas pour montrer l'absence de diphtongue, mais qu'on a affaire à une prononciation [wi] (et non uj]:
escoïcar [eskwiˈka]
- Dans Loís ([lwis]), on doit en outre indiquer la place de l'accent tonique (on n'additionne pas un accent écrit et un tréma: l'accent l'emporte sur le tréma).
Dans les mots de formation savante, il n'y a en principe pas de diphtongue, mais on peut en trouver une dans la prononciation rapide:
coadjutor [kuadjyˈtu] ([kwadjyˈtu])
coerent [kueˈɾen] ([kweˈɾen])
UA, UE, UÈ...
Ces groupes de deux lettres peuvent représenter des diphtongues à premier élément [w] (ex.: (wa]) ou un groupes de deux voyelles (ex.: [ua], mais aussi une diphtongue à premier élément [ɥ], comme dans le mot français aujourd'hui.
- Les diphtongues en [w] sont le cas le plus fréquent: guardar, aquatic, huec, huelha...
- On prononce deux voyelles dans des mots comme aduar, luèc, luet, enluar, barruèc, pruèr, atribuir...
- En gascon général, UI correspond à deux voyelles, et à la diphtongue [ɥi] dans continuitat. En nord-gascon, il correspond à [yj] dans quelques mots: fruit, bruit.
- UU ne peut noter que la diphtongue [yw], d'ailleurs rarissime: mossu'u [muˈsyw] pour mossur lo, on prononce plus souvent [muˈsy] en amuissant 'u.
AI, EI, ÈI, OI, ÒI, UI
Ces groupes de deux lettres équivalent toujours à une diphtongue: aimar, prosei, qu'èi, vedoi...
La seule remarque est que [ai] antétonique est réalisé [ɛj] dans la région d'Orthez et les Landes:
maison [mɛjˈzu]
On doit noter un tréma à la première personne du singulier du présent des verbes en EAR, OAR et UAR, afin d'indiquer qu'il n'y a pas diphtongaison: pleï, borroï, tuï...
AU, EU, ÈU, IU, ÒU, UU
Dans la plupart des mots courants, il n'y a aucune difficulté de prononciation: aujami, lhèu, hòu
- IU correspond à [iw] dans quelques mots très courants: arriu, adiu, miut... On a vu qu'il transcrit [jy] dans certains mots, cf. supra.
- En outre, il triphtongue en [jew] en gascon pyrénéen oriental: Diu [djew], nhèu (> *nièu > niu) "neige", escriut [esˈkɾjewt]...
- La diphtongue [ɔw] se simplifie en [ɔw] dans la plus grande partie de la Bigorre et du Gers:
hòu [hɔw], Big. et G. [hɔ]
sòu se prononce [sɔ] même en Béarn, , mais la prononciation [sɔw] existe en Comminges. Le dérivé [suˈtaðɔ] doit être écrit soutada car une prononciation avec diphtongue est possible [sewˈtaðɔ], [sɔwˈtaðɔ]).
- UU prononce [yw] est très rare. En Béarn, on prononce [y]: cuu [ky], suu [su] ([siw] en Bayonne, et effectivement [syw] en Bigorre).
- Les mots en