2. C. Les suffixes (3): suffixes nominaux

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Les suffixes nominaux servent à former des noms à partir de noms, d'adjectifs ou de verbes. Ils sont nombreux en gascon.


Le suffixe -ADA

Il peut indiquer:

  • à partir d'un nom, la durée: tempsada, jornada, setmanada, quinzenada, mesada, annada, matiada, vrespada, serada, nueitada...

Qu’anèi peu torn deus bòscs enqüèra ua mesada. (Camélat)

dimenjada signifie à proprement parler "durée du dimanche". Pour "week-end", on pourra dire, comme en catalan, cap de setmana.

  • à partir d'un nom, le contenu et de là la quantité (plus grande que celle exprimée par le suffixe -at): descada, assietada, establada, maisoada.

ua padenada de pomas de tèrra fritas (Palay)

  • à partir d'un nom, un ensemble de plantes ou d'animaux, voire d'humains: hromendada, aulhada, vacada, mainadada.
  • à partir d'un nom ou d'un verbe, une portée d'animal (Romieu & Bianchi): canhotada, gatada.


Les suffixes -ADER, -ADERA, -EDER, -EDERA, -IDER, -IDERA)

Il sert à former, à partir d'un verbe, un nom indiquant le lieu où s'accomplit ordinairement l'action ou l'outil, l'instrument, à l'aide duquel il s'accomplit: aledader, bohader, abeurader, minjadera, prestider, arretorceder, peisheder...


Le suffixe -ALHA

Il indique, à partir d'un nom, un ensemble; il a généralement un sens péjoratif: toristalha, bascorralha, cureralha, mossuralha, mahometalha... Toutefois, le sens péjoratif n'est pas toujours présent: auseralha, arberalha, poralha...


Le suffixes -ADÍS, -ADISSA

Il indique, à partir d'un verbe, une action ou son résultat, souvent avec un sens péjoratif: amassadís, bramadissa, cridadís, parladís, netejadís, nevadissa.


Les suffixes -ADOR, -ADORA, -EDOR, -EDORA, IDOR - IDORA

À partir d'un verbe, ils indiquent l'agent de l'action: cantador, venedor, provedidor...


Le suffixe -AN, -ANA

À partir d'un nom, il indique la situation ou la profession: caperan, escolan, arbajan, escrivan, collegian. À partir d'un toponyme, il peut servir aussi à former le nom des habitants d'une ville, d'une région ou d'un pays: roman, aquitan, american, emploi dans lequel il est en concurrence avec le suffixe -ian, -iana.


Les suffixes -ANÇA, -ENÇA

À partir de verbes en -ar (pour le suffixe -ança), en -er ou en -ir (pour le suffixe -ença), ils indiquent l'action ou son résultat: perseverança, hidança, arcuelhença, planhença; plus rarement, l'objet de l'action ou le lieu où elle se produit: abitança, peishença...

  • Le suffixe -ança se prononce souvent [ensɔ]; il faut néanmoins écrire avec a les dérivés de verbes en -ar: venjança (prononcé [benˈdjensɔ] en Béarn).
  • Les noms en -ància, -éncia (substaància, aparéncia...) ne sont pas des dérivés, mais des formations savantes (Romieu & Bianchi).


Le suffixe -AR

Il indique, à partir d'un nom, un ensemble de plantes: hromendar, milhocar, segar, sambucar, pomerar...

On trouve ce suffixe parfois sous les formes -assar ('segassar) et -atar (vernatar).


Les suffixes -ÀS et -AU

Très rares, ils ont le même sens que le précédent: segàs, segau, nogarau... À partir d'u nom, le suffixe -au peut aussi prendre des acceptions très diverses et indiquer un ensemble (desmau, "ensemble des dîmes"), un lieu (marcadau, "place du marché"; porcau, "loge à porcs"), une relation quelconque (niau, "oeuf qu'on laisse au nid")...


Le suffixe -IAN, -IANA

Sur la base d'un toponyme (nom de ville, de région ou de pays), il sert à former le nom des habitants: egipcian, varsovian, caledonian. Il concurrence dans cet emploi le suffixe -an, -ana; il en est la forme employée à l'origine avec les toponymes terminés en -ia.