1. J. La ponctuation
Les signes de ponctuation employés en occitan sont les mêmes que ceux employés en français. On peut toutefois faire quelques remarques.
Virgule entre le sujet et le verbe
Cas ordinaire: pas de virgule
Le français courant emploie volontiers la virgule devant "c'est". Soit la phrase suivante: Apprendre l'occitan, c'est apprendre une culture."
Cette phrase s'écrira ordinairement en gascon: Apréner l'occitan qu'ei apréner ua cultura. Il n'y a pas lieu de reproduire servilement la structure de la phrase française et de traduire: *Apréner l'occitan, qu'ei apréner ua cultura. Ce serait commettre un francisme de pensée à rejeter absolument. On doit écrire Apréner l'occitan qu'ei apréner ua cultura comme on écrit: L'occitan qu'ei ua lenga romanica. En effet, il n'y a pas de pause dans la prononciation après l'occitan.
Cas où le sujet est mis en relief
On ne peut employer une virgule entre le sujet et le verbe que lorsque le sujet est mis en relief, afin de marquer une certaine insistance:
Aquera mainada, qu'ei com un ausèth amèche per ací pè. (Palay) Cette phrase intervient à un moment de l'oeuvre où les interlocuteurs regrettent et commentent l'absence de la fillette en question: en son absence la maison semble vide. La conversation tourne autour d'elle.
Palay aurait tout aussi bien pu écrire: Aquera mainada qu'ei com un ausèth amèche per ací pè.
De même, on pourrait écrire apréner l'occitan, qu'ei apréner ua cultura dans un contexte où on se sentirait obligé d'insister sur les avantages de l'apprentissage de l'occitan vis-à-vis de ceux de l'apprentissage de l'anglais, par exemple.
La virgule n'est pas non plus obligatoire lorsque le sujet est un pronom personnel:
Jo que sèi un conte.
C'est que l'emploi du pronom personnel sujet marque une certaine insistance, mais moindre qu'en français: "Moi, je connais un conte. Cette insistance n'implique pas que d'autres ne savent pas de contes.
Par contre, si on écrit:
Jo, que sèi un conte.
on marque la même insistance que dans la phrase française: "Moi, je connais un conte" et cette insistance peut impliquer que les autres personnes n'en connaissent pas.
Lorsque le sujet se trouve rejeté après le verbe, il y a forcément insistance sur lui:
Qu'ac èi hèit jo.: "C'est moi qui l'ai fait.
On marque ici que ce n'est pas une autre personne qui l'a fait. Cependant, dans la phrase:
Qu'ac èi hèit, jo.: "Je l'ai fait, moi."
l'insistance est accrue: on insiste sur le fait que les autres personnes n'ont rien fait, on se met davantage en avant.
Cas d'un sujet long
La gascon place, plus volontiers que le français semble-t-il, une virgule entre le sujet et le verbe dans le cas où le sujet est plus long que d'ordinaire:
Aqueth mot cadut deus pòts de la mairia, qu'èra cuelhut còp sec per totas las aurelhas qui escotavan shens n'aver l'aire. (Camélat)
Camélat aurait tout aussi bien pu écrire: Aqueth mot cadut deus pòts de la mairia qu'èra cuelhut còp sec per totas las aurelhas qui escotavan shens n'aver l'aire.
Un complément circonstanciel précède le verbe
Soit la phrase suivante:
Aqueth dia, los bons republiquens que’s son hicats deu vòste costat. (Larroque)
On pourrait la traduire: "Ce jour-là, les bons républicains se sont mis de votre côté." On aurait tout aussi bien pu écrire: Aqueth dia los bons republiquens que's son hicats deu vòste costat., de même qu'on pourrait tout aussi bien écrire en français: "Ce jour-là les bons républicains se sont mis de votre côté." La virgule n'est pas obligatoire, mais elle est fréquente.
Par contre, dans la construction fréquente en gascon (beaucoup plus qu'en français) où un complément circonstanciel sépare le sujet du verbe, il est d'usage de mettre une virgule après le sujet:
Aquesta maison, despuish ueit dias que'm pareish hèra vueita. (Palay)
Lo huec de la soa vatininacion, dejà qu'a las espurnas escuridas. (Camélat)
Il en va de même lorsque, en l'absence de sujet exprimé, deux compléments circonstanciels se suivent; il est d'usage de mettre une virgule après le premier:
Mes davant eth, mei hòrt que continuà la luta. (Yan Palay)
Un complément est repris par un pronom personnel
Dans certaines phrases, on peut mettre un complément d'objet ou circonstanciel en relief en le reprenant par un pronom personnel; dans ce cas, le complément repris par le pronom personnel peut être séparé du reste de la phrase:
Que i vau sovent, tà Pau.
Que'u coneishi, a Labòrda.
L'emploi de cette virgule n'est pas obligatoire:
Non la volè pas véder a la mair. (Javaloyès)
Papà n'i va pas tad aqueth bar. (Javaloyès)
Dans ce cas, nous conseillons, plus de clarté, d'employer la virgule; d'ailleurs, l'oral marque dans tous les cas une légère pause:
Non la volè pas véder, a la mair.
Papà n'i va pas tad aqueth bar.
L'usage de la virgule est de rigueur lorsque le complément repris par un pronom personnel est placé en tête de la proposition:
A la mair, non la volè pas véder.
Tad aqueth bar, Papà n'i va pas.