Différences entre les versions de « 5. Mots à revoir »
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Ce mot signifie "fauve" (la couleur). Le ''Tresor dóu Felibrige'' donnat des formes avec ''v'', on doit écrire ''hauve''. Ici, le Per Noste se trompe avec les dictionnaires de Laus et de Lagarde. | |||
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Ce mot venant du latin FORCELLA, in doit écrire '''horcèra'''. | Ce mot venant du latin FORCELLA, in doit écrire '''horcèra'''. | ||
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Version du 13 janvier 2020 à 14:16
Le dictionnaire de Per Noste est d'un niveau globalement satisfaisant, mais l'orthographe de certains mots gascons y est à revoir; nous ne traiterons ici que de quelques cas à revoir, et d'autres où le mot donné par ce dictionnaire a été inventé de toutes pièces par les auteurs.
A
*ÀNJOL
L'étymologie étant ANGELU, il n'y a pas lieu d'adopter cette graphie faussement étymologique. On écrira anjo. On évitera tous les -l muets en fin de mot puisque le -l final roman s'est vocalisé en gascon; on écrira còsso et non *còssol (et encore moins *cònsol). On admettra capítol, títol parce que ces formes sont largements socialisées, mais il faut les prononcer correctement, sans [l] final: [kaˈpitu ], [ˈtitu].
*'ASSASSIN
Le Per Noste porte *'assassin pour le français "assassin ", mais le Palay donne <assasî>, que l'on trouve, au demeurant, dans plusieurs textes d'auteurs de la pemière moitié du XXe siècle. La forme correcte est donc assasin, et de là assasinar, assasinat, assasinaire.
*ATÉNER
Cette forme est une invention du dictionnaire de Per Noste: la forme authentique est aténder. Cette forme peut étonner: il s'agit sans aucun doute d'un emprunt au latin. Elle est attestée depuis au moins le XVIe siècle: Ordonnam que los Executors deus Mandements de Iusticy (…) segon que per la partide executante seran requerits, sens attender ni seruar l’ordre de drect tocquant lasdites executions... (Styl de la Justicy deu païs de Bearn)
*AUTORN DE
On écrit au près, on écrira donc au torn de, d'autant plus que l'on dit tirà's deu torn, Que'm virava au torn.
B
BRUTLAR
[bɾylˈla] doit-il s'écrire brutlar ? Dans la mesure où le Palay donne une variante de prononciation [brynˈla], cette orthographe est sans aucun doute correcte: on sait que le groupe de consonnes TL se prononce [nl] dans de nombreux parlers. Pour autant, elle n'englobe pas toutes les terminaisons possibles: Palay donne aussi <bruslà>, et Camélat a écrit ce mot ainsi dans toute son oeuvre. Il convient donc d'accepter une forme bruslar (prononcée [bɾylˈla] ou [bɾyzˈla], forme au moins béarnaise et lavedanaise, en plus de brutlar. Au demeurant, cela est conforme à l'étymologie USTULARE (voir ici: [1]).
C
*CAUT E HRED
"Un chaud et froid" ne se dit pas *un caut e hred, francisme à rejter absolument et que l'on s'étonne de trouver dans le dictionnaire de Per Noste, mais un contrari:
Quan vien d’amainadar, Belina que gaha un contrari e que se’n moreish, la praubòta, en deishar soleta ua nèna qui gemica au brèç. (Simin Palay)
*CHACAR
Il existe une forme sacar, ce qui prouve qu'il y a eu chuintement du s initial; Vincent Foix donnant, pour les Landes, la forme [caˈka], on admettra que sh peut se prononcer [c] en gascon occidental. Pour ce mot et les suivants, cf. la fiche [2]
*CHEBIT ET DÉRIVÉS
Ce mot est sans doute à l'origine une onomatopée; de ce fait, il n'y a pas d'étymologie qui imposerait une orthographe plutôt qu'une autre. Cependant, le dictionnaire de Vincent Foix ne donnant pas de forme avec [c] et l'aranais écrivant shebitejar, il convient d'écire shebit', shebitar, shebitejar et dérivés.
*CHISCLAR
Il existe une forme sisclar, ce qui prouve qu'il y a eu chuintement du s initial; on doit donc écrire shisclar'. Au demeurant, le dictionnaire du Vincent Foix donne <chiscla> [ʃisˈkla].
*CHUCAR
Ce mot vient du latin SUCCARE. En outre, Simin Palay donne: suc. — V. chuc plus usité et ses dérivés. Vincent Foix donne les deux formes [ʃyˈka] et [cyˈka]. L'étymologie devant être préférée pour le choix de la graphie englobante, celle-ci ne peut être que shucar, en admettant, comme nous l'avons déjà dit, que sh peut se prononce [c] en gascon occidental.
COIRASSA
Donné par le Per Noste pour "cuirasse", coirassa est un mot de l'ancien occitan, mais le mot gascon est cuerami.
*COLHON ET DÉRIVÉS
Palay écrit <couyoû>. Il s'agit visiblement d'une prononciation déformée par euphémisme de colhon. On distinguera donc coion "sot, imbécile" de colhon (vulg., "testicule).
*COLPA
Ce l s'est vocalisé très tôt et n'est prononcé nulle part; on écrira copa; de même, on écrit vop (< VULPE) et pas *volp.
*CONSIRAR
Le n de ce mot ne se prononce nulle part; il était d'ailleurs déjà muet en latin parlé. On écrira 'cossirar.
*CORBAISH
Ce mot, qui est une variante de corbàs, doit être écrit corbash. Nous nous permettons de renvoyer à la fiche sur l'emploi de CH, SH et TH: [3]
D
*DELICATESSA
Per Noste donne justement pour "délicat, -e", delicat, -ada. Les dérivés se formant à partir de la forme féminine, on doit avoir la forme delicadessa. On peut aussi, pour la formation des dérivés, remonter au latin, mais force est de constater que le catalan, qui remonte lui aussi largeent aux formes latines pour la formation des dérivés, a delicadesa. Le dictionaire du CREO Provence opte lui aussi pour delicadesa. On choisira donc, pour le gascon, la forme delicadessa.
DESAPARÉISHER
Desaparéisher existe:
Que desapareishèn, un còp « vrenhas hèitas », dinc a un aute torn. (Palay)
Que desapareish ua pausa. (Bouzet)
Mais cette forme semble moins courante que desparéisher:
De dia en dia la plaga que despareish. (Abadie)
Los dus auts que despareishen. (Palay)
Narcisse Labòrda que despareishè. (Camélat)
Lo cafard despareish davant lo vin, se ne bevan pas tròp. (Saint-Bézard)
La soa familha que despareish deus actes de la vila de Montrejau. (Camélat)
L’avion despareishè tot doç, mèi immobil que la nueit. (Manciet)
Qu’anèi de cap ad eths e que despareishón. (Javaloyès)
Desparéisher est en outre la forme donnée pour l'aranais sur le dictionnaire du site aranes.org Il faut donc privilégier cette forme.
E
*E DONC
E donc veut dire "et donc". Lorsqu'il s'agit de l'interjection qui signifie "eh bien !", il y a lieu d'écrire eh donc, et ce d'autant plus que dans de nombreux parlers on prononce [heˈðuŋ] ou [hɛˈðuŋ].
*ELEI(T)
Simin palay donne le mot <eléy> au sens d'"élite", et ajoute: "On écrit aussi de ley, avec le même sens." Nous pensons qu'il s'agit bien d'un emploi du mot lei et qu'il n'existe pas de mot *elei (et encore moins *eleit). Au demeurant, l'erreur semble remonter à Mistral lui-même. Le mot de la famille de esléger qui correspond par sa formation à "élte" serait esleita, mais il n'en a pas le sens. On adoptera le francisme "élite", comme l'on fait diverses langues européennes, d'autant plus que le mot a pris des connotations parfois péjoratives dans le contexte politique actuel. Nous proposons donc elita.
*EN DE BALAS
Cette locution doit s'écrire en de batles, conformément à la seule prononciation donnée par le dictionnaire de Simin Palay (<endebàlle̩s>) et à l'étymologie, arabe باطل (bâṭil).
*ENVÒUVER
Cette forme signifie "emblaver" et est donné dans le Palay sous la forme <embòbe̩>. Ce qui se prononce [emˈbɔβe] ne se prononçant pas [emˈbɔwβe], il y a lieu d'écrire envòlver, même si l'étymologie latine est INVOLVERE.
*ESBERIT
Le dictionnaire français-occitan limousin d'Yves Lavalade donnant la forme esverit [ejveˈɾiː] pour ce dialecte, il convient d'écrire esverit.
G
*GORBET
Ce mot, qui signifie "oyat", "roseau des sables", doit être orthographié gorbeth puisque un terrain où cette plante pousse en abondance est un gorberar (Gourbéra, toponyme).
H
*HAUBE
Ce mot signifie "fauve" (la couleur). Le Tresor dóu Felibrige donnat des formes avec v, on doit écrire hauve. Ici, le Per Noste se trompe avec les dictionnaires de Laus et de Lagarde.
*HESTENAU
Le dictionnaire de Per Noste est le seul qui donne *hestenau. Les deux autres donnent hestau et les trois dictionnaires donnent un second mot, hestejada. Hestau et hestejada conviennent tous les deux: ce sont des mots authentiques, bien attestés. Quand à hestenau, c'est la gasconnisation artificielle du languedocien festenal. Si on tenait à emprunter ce mot au languedocien, les lois phonétiques qui font passer, en gascon, -al final à -au et f à h ayant cessé de jouer depuis plus de mille ans (!), on ne pourrait qu'avoir une forme festenal. Mais un tel emprunt est inutile puisque le gascon a déjà deux mots. Par ailleurs, la traduction que donne Alibert de festenal étant "grande fête de l'année", la forme gasconne correspondante est hèsta annau.
*HORSÈRA
Ce mot venant du latin FORCELLA, in doit écrire horcèra.
N
*NONARREN
Ce mot, qui signifie "néant", se prononce [nuaˈɾɾẽ], ou encore [nwaˈɾɾẽ]. On doit donc écrire non-arren.
P
*PÉBER
La forme *péber est une innovation du dictionnaire de Per Noste. Il convient de revenir à pebe: puisqu'on écrit èster (naguère èste), en dépit de l'étymologie, réservons le -r final de ces mots paroxytons (à accent tonique sur l'avant-dernière syllabe) aux verbes. Ainsi, on écrira pebe comme libe sans considérations étymologiques oiseuses. Au demeurant, le latin PIPĔRE a sans doute fait d'abord, en gascon, ?pebre, dont la prononciation s'est ensuite simplifiée en [ˈpeβe] comme la prononciation de ?libre s'est simplifiée en [ˈliβe].
Q
*QUE
Dans le dictionnaire et les publications de Per Noste, figure une double graphie: que interrogatif, sans accent, et qué, avec accent:
- Que dises ?
- Ne sèi pas de qué parlas.
C'est l'usage languedocien depuis Alibert. Selon nous, cet usage ne convient pas au gascon et il convient de s'en écarter. En effet, en languedocien, lorsqu'un mot commence par que, ce que ne peut être qu'un pronom interrogatif. En français, c'est la plupart du temps un énonciatif et il convient de signaler les cas où ce n'en est pas un. En outre, dans les interrogations indirectes, cela permet de distinguer interrogatif et conjonction de subordination. On écrira donc qué dans tous les cas:
Qué vòs ?
Ne sèi pas qué hè.
On comparera à cet égard:
Qué pensas ?: "Que penses-tu ?"
et
Que pensas ?: "Tu penses ?"
Dans une longue phrase, comme ci-dessous, on n'aura pas besoin de regarder s'il y a un point d'interrogation à la fin pour savoir qu'on a affaire à une phrase interrogative:
Mes qué diseram deu cant tresau tant asprut e tant encantaire en un còp, on, au ras deu brèç, e ploramiqueja la nèna, e deu lheit on la joena mair ei gahada d’un pos de frèbe, e van e tornan los de casa dens l’angüeisha, largant plors e gemits estupats ? (Bourciez, traduction probablement de Camélat)
R
*ROTLÒTA
Pour désigner la roulotte des Tsiganes, ce mot est une invention: on disait autrefois carreta, attesté dans Camélat et Joantauzy. Il convient de le rétablir.
T
TÒCA
Ce mot n'est pas donné comme traduction du français "but" dans le dictionnaire de Per Noste. Gilbert Narioo allait répétant qu'il "ne l'aimait pas". Indépendamment de son appréciation personnelle, il reste que ce mot est attesté depuis au moins 80 ans et que ce n'est donc pas une invention récente:
Òr, har ua òbra que deu estar la nosta ambicion, la nosta tòca. (Simin Palay, en 1939)
L’IE.O. de Tolosa… qu’a podut reünir un escabòt de regents e de professors occitans qui an pres per tòca de har compréner aus lors collègas quaus son las bonas metòdas, a l’escòla rurala sustot. (Reclams de mars 1958)
V
=== *VESTISSI
Ce mot vient du latin VESTE + suffixe -ITIU et doit donc être orthographié vestici.