Différences entre les versions de « 3. B. Le présent de l'indicatif »
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L'indicatif s'emploie à propos d'un fait qui se déroule au moment où l'on parle. | L'indicatif s'emploie à propos d'un fait qui se déroule au moment où l'on parle. | ||
Il peut aussi être employé pour désigner un fait qui s'est répété jusqu'à maintenant. | Il peut aussi être employé pour désigner un fait qui s'est répété jusqu'à maintenant: | ||
'''Quan ua hemna recep çò qui’s merita, qu’ei era la planhuda.''' (Palay) | |||
Il existe également un ''présent historique'' qui remplace le prétérit pour donner plus de vivacité au récit. | Il existe également un ''présent historique'' qui remplace le prétérit pour donner plus de vivacité au récit. |
Version du 14 octobre 2020 à 14:37
Paradigmes
Les terminaisons sont en italiques; en lettres capitales, l'infixe de la conjugaison inchoative.
Verbes réguliers: modèles
CANTAR | BÀTER | DROMIR | BASTIR |
---|---|---|---|
canti | bati | dromi | bastEISHi |
cantas | bates | dromes | bastEISHes |
canta | bat | drom | bastEISH |
cantam | batem | dromim | bastim |
cantatz | batetz | dromitz | bastitz |
cantan | baten | dromen | bastEISHen |
En Barousse et à Luchon, en plus des six personnes habituelles de la conjugaison, il existe au présent de l'indicatif une septième personne, de sens indéfini; elle est formée en soudant òm à la 3ème ps; il est légitime de parler de septième personne, car on a un seul mot, comme le montre le passage de [ɔ], devenu atone, à [u]:
podòm (< pòt + òm): "on peut"
viòm (<ve + òm): "on voit"
pojòm (poja + òm): "on monte"
Verbes du deuxième groupe: sous-groupes
Au deuxième groupe, il n'y a pas de terminaison à la 3ème p. s., mais la dernière consonne du radical peut se modifier.
- verbes à l'infinitif en -BER:
Dans les verbes à l'infinitif en -BER, la dernière consonne du radical se transforme en p ou en u, selon les parlers (u en Béarn et Bigorre; il forme alors une diphtongue avec la voyelle précédente. Cette terminaison est analogique à celle des verbes en -VER):
RECÉBER: recebi - recebes - receu / recep - recebem - recebetz - receben
- verbes à l'infinitif en -CER:
Pour conserver le son [s], on note -ç la consonne finale à la 3ème p. s.:
TÒRCER: tòrci - tòrces - tòrç - torcem - torcetz - tòrcen
- verbes à l'infinitif en -DER:
Le D final du radical s'écrit -t à la 3ème p. s., sauf dans càder et prúder, qui sont d'ailleurs des formes spécifiquement béarnaises:
PÚDER: pudi - pudes - put - pudem - pudetz - puden
- verbes à l'infinitif en -GER:
Dans les verbes en -GER, le g final passe à i en Béarn et dans la plus grande partie de la Bigorre:
HUÉGER: huegi - hueges - huei - huegem - huegetz - huegen
On maintient -g à l'écrit plus au nord et en Gascogne orientale; ce g se prononce [ˈhyt͡ʃ].
- verbes à l'infinitif en -LER:
Dans les verbes en -LER, à la 3ème p. s. le -l final passe à -u et forme une diphtongue avec la voyelle précédente:
VALER: vali - vales - vau - valem - valetz - valen
- verbes à l'infinitif en -SER:
Dans les verbes en -SER, le -s final du radical passe à -tz à la 3ème p. s. Ce tz se prononce [ts], ou [t] dans beaucoup de parlers béarnais:
DÍSER: disi - dises - ditz - disem - disetz - disen
- verbes à l'infinitif en -VER:
Dans les verbes en -VER, le -u final du radical se transformeen -u à la 3ème p. s., formant diphtongue avec la voyelle qui précède:
ESCRÍVER: escrivi - escrives - escriu - escrivem - escrivetz - escriven
Verbes du troisième groupe: conjugaison inchoative et conjugaison non-inchoative
Certains verbes en -ir se conjuguent toujours à la forme inchoative, comme bastir; mais pour beaucoup de verbes, la conjugaison sera inchoative ou non selon les parlers; en gros, en Gascogne orientale, presque tous les verbes sont inchoatifs, sauf gessir, et sortir qui ne l'est pratiquement nulle part; au fur et à mesure qu'on va vers l'ouest, de plus en plus de verbss en -ir se conjuguent sans l'infixe inchoatif, comme escopir, morir, obrir, partir, sentir, servir... C'est dans les Landes que les verbes en -IR non-inchoatifs sont les plus nombreux; dans ce département, cette catégorie peut même inclure des verbes de formation savante comme DISCUTIR.
Dans la langue écrite, la conjugaison inchoative a progressé partout depuis une trentaine d'années.
Verbes irréguliers
Les verbes irréguliers sont ceux qui ne suivent pas les règles vus dans les deux paragraphes précédents.
- verbes en -AR:
ANAR: vau - vas - va - vam - vatz - van
DAR: dau - das - da - dam - datz - dan
ESTAR (auxiliaire): soi - ès - ei - èm - ètz - son
ESTAR (2): estau - estàs - està - estam - estatz - estàn
HAR: hèi - hès - hè - hèm - hètz - hèn
Autres formes très employées de l'auxilaire ESTAR: à la 1ère p. s. sòi (sud-est-Béarn, Lavedan); à la 3ème p. s. es (Landes, Gers, Comminges); à la 1ère p. p. som (Gers). Autre forme employée d'ESTAR 2: estòi (sud-est Béarn, Lavedan).
- verbes en -ER:
AVER: èi - as - a - avem - avetz - an
CRÉDER: crei - credes - cred - credem - credetz - creden
DEVÈRSER: devèrsi - devèrses - devèrs - deversem - deversetz - devèrsen
DÒLER: dòli - dòles - dòl - dolem - doletz - dòlen
ENDÒLER: endòli - endòles - endòl - endolem - endoletz - endòlen
HÈR: v. ci-dessus conjugaison de HAR
MÓLER: moli - moles - mol - molem - moletz - molen
PODER: poish - pòdes - pòt - podem - podetz - pòden
RESÒLVER: resòlvi - resòlves - resòlv - resolvem - resolvetz - resòlven
SABER: sèi - sabes / saps - sap - sabem - sabetz - saben
SOLER: sòli - sòles - sòl - solem - soletz - sòlen
VÉDER: vei - vedes - ved - vedem - vedetz - veden
VOLER: voi - vòs - vòu - volem - voletz - vòlen
- verbes en -IR:
IR (verbe employé en Aspe et en Barétous au lieu d'ANAR): vòi - vas- va - vam - vatz - van
- Note de prononciation:
resòlv se prononce [ɾɾeˈzɔl].
- Autres irrégularités
Dans certains parlers, certains verbes "courts" du deuxième et du troisième groupe non-inchoatifs prennent un -e à la 3ème ps.: ainsi, àrder peut faire arde (concurremment avec ard) et parir (ancienne forme de paréisher, encore employée en vallée d'Aspe), fait pare.
Modifications orthographiques au cours de la conjugaison des verbes
Verbes en -CAR, - ÇAR, - GAR et -JAR
Au cours de la conjugaison des verbes en -CAR, -ÇAR, -GAR, -JAR, il arrive que la terminaison entraîne une modification orthographique dans le radical; au présent de l'indicatif, cela se produit à la première personne du singulier:
ESPERRECAR: esperrequi - esperrecas - esperreca - esperrecam - esperrecatz - esperrecan
DANÇAR: danci - danças - dança - dançam - dançatz - dançan
CARGAR: cargui - cargas - carga - cargam - cargatz - cargan
AVEJAR: avegi - avejas - aveja - avejam - avejatz - avejan
Verbes en -CER
V. supra, 1.2
Verbes en -EAR et -OAR
En ce qui concerne les verbes en -EAR et -OAR, le -i de la 1ère p. s. prend un tréma pour éviter la diphtongue:
PLEAR: pleï - pleas - plea - pleam - pleatz - plean
ARMIROAR: armiroï - armiroas - armiroa - armiroam - armiroatz - armiroan
Place de l'accent tonique dans les verbes en -IAR et -OAR
Dans le cas des verbes en -IAR et en -OAR, la question peut se poser de savoir si, au singulier et à la 3ème p. p., l'accent tonique se place sur la voyelle qui termine le radical ou remonte sur la syllabe précédente.
- Pour les verbes en -IAR, les deux cas existent; certains verbes, comme AMIAR, se conjuguent avec l'accent tonique sur le i final du radical: mii - mias - mia - miam - miatz - mian
On conjugue ainsi, par exemple, ACONSIAR, ADIAR, ALIAR, AMAITIAR, APARIAR, APRECIAR, ARREMERCIAR, ARREMOLIAR, AVIAR, BATIAR, COMUNIAR, COPIAR, DEMIAR, DESVIAR, EN·HOLIAR, ENTOPIAR, ENVIAR, ESPIAR, GRAFIAR, HÒRAVIAR, PARIAR, PROFIAR, REPATRIAR, REPEPIAR, UMILIAR.
Lorsqu'au verbe en -IAR correspond un nom terminé par -i atone, on fait généralement remonter l'accent:
CAMBIAR (cf. cambi): càmbii - càmbias - càmbia - cambiam - cambiatz - càmbian
On conjugue ainsi, par exemple, ANONCIAR (cf. anonci), DENONCIAR, EN·HASTIAR, GADIAR, GERMIAR, GRACIAR, INICIAR, LICENCIAR, OLIAR, ORDIAR, PREMIAR, PRONONCIAR, RECONCILIAR, REMEDIAR, SUPLICIAR, TESTIMONIAR.
Toutefois, malgré estudi, on conjugue ESTUDIAR comme MIAR: estudii - estudias - estudia - estudiam - estudiatz - estudian. Cela est sans doute dû à l'influence du fr. étudier, qui a cette accentuation. De même, NEGOCIAR malgré negòci et SEMIAR malgré semi.
Enfin, les parlers de l'Ouest du Béarn (Orthez, Salies, Sauveterre) ont tendance à conjuguer tous les verbes en -IAR comme MIAR. On pourrait suivre ce dernier modèle pour plus de facilité.
- Pour les verbes en -OAR, l'accent tonique ne remonte jamais au-delà du o final du radical; cf. la conjugaison d'ARMIROAR ci-dessus.
Remarques diverses
Prononciation de la terminaison -tz
La terminaison -tz de la 2ème p. p. varie selon les parlers: [t] en Béarn, en Bigorre, dans les Landes et à Luchon, [ts] dans les vallées béarnaises, le Gers et le centre et le nord du Comminges . Cette remarque est valable pour les autres temps et modes.
Forme et emploi de l'infixe de la conjugaison inchoative
L'infixe des verbes du 3ème groupe (-eish- dans notre tableau) a la forme -ish- dans le centre du Gers et -iss (-ís à la 3ème p. s.) dans le nord des Landes, le nord du Gers et la plus grande partie du Comminges. Dans les Landes, le Gers et la plus grande partie du Comminges, il s'emploie à toutes les personnes. EX.: bastishi - bastishes - bastish - bastishem - bastishetz - bastishen.
Particularités occidentales
- Dans tout le gascon occidental, pour les verbes en -ER et en -IR, la terminaison de la 2ème p. s. n'est pas -es, mais -s:
BÀTER: bati - bats - bat etc.
DROMIR: dromi - droms - drom etc.
BASTIR: basteishi - basteishs - basteish etc.
RECÉBER: recebi - receps - recep etc.
PÚDER: pudi - puts - put etc.
HUÉGER: huegi - hueis - huei etc.
VALER: vali - vaus - vau etc.
DÍSER: dic - dits (< *[diks] < lat. DICES) - ditz [dit] etc.
ESCRÍVER: escrivi - escrius - escriu etc.
Cette terminaison est plus anciennes que celle en -es et est le résultat normal de l'évolution à partir du latin; on la retrouve en catalan.
- Toutefois, on trouve -es à la 2ème p. s., et -e à la 3ème, lorsque cela est nécessaire à la prononciation, lorsqu'un groupe de consonnes précède:
OBRIR: òbri - òbres - òbre - òbrem - òbretz - òbren
On retrouve cette particularité en catalan.
- Le présent rhizotonique
Le présent de l'indicatif rhizotonique, c'est-à-dire ayant l'accent tonique sur le radical à toutes les personnes, est employé dans les Landes, un grand nord-ouest du Gers, en Gironde et dans le Lot-et-Garonne. Voici les paradigmes des verbes modèles tels qu'on les entend dans la majeure partie des Landes:
CANTAR: canti - cantas - canta - càntam - càntatz - cantan
BÀTER: bati - bats - bat - bàtem - bàtetz - baten
DROMIR: dromi - droms - drom - drómem - drómetz - dromen
BASTIR: basteishi - basteishs - basteish - bastéishem - bastéishetz - basteishen
Emploi du présent de l'indicatif
L'indicatif s'emploie à propos d'un fait qui se déroule au moment où l'on parle.
Il peut aussi être employé pour désigner un fait qui s'est répété jusqu'à maintenant:
Quan ua hemna recep çò qui’s merita, qu’ei era la planhuda. (Palay)
Il existe également un présent historique qui remplace le prétérit pour donner plus de vivacité au récit.
Enfin, le présent peut s'employer pour parler d'un fait qui se déroulera dans un futur proche, généralement avec un adverbe de temps:
Los vòstes qu’arriban doman ! (Lapassade)