3. R. Les combinaisons de pronoms personnels faibles

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À un même verbe peuvent se rapporter plusieurs pronoms personnels faibles. Ceux-ci se combinent selon des règles strictes.


Ordre des pronoms faibles combinés

Ordre général

Les pronoms faibles se combinent entre eux selon un ordre strict, quelle que soit leur position, avant ou après le verbe; il y a sept positions possibles:

1: LO/LA/LOS/LAS - 2: SE - 3: TE/VSE - 4: ME/NSE - 5: NE - 6: AC - 7: I

Que se t'a desbrombat! (Javaloyès) 2 + 3: "Ils t'ont oublié."

Que s'ac desbromban enqüèra mei viste. (Casebonne) 2 + 6: "Ils l'oublient encore plus vite."

Las toes gentz te m'an liurat. (Récits d'Histoire sainte) 3 + 4: "Ton peuple t'a livré à moi."

E jo non poish briga empachà'us-ne. (Javaloyès) 1 + 5: "Et je ne peux absolument pas les en empêcher."


Autre ordre

  • Dans les Landes et le nord du Gers, se, te/vse et me/nse passent devant lo/la/los/las:

Me'u trobavi, aqueth cap d'an, plan vielhit. (Manciet): "Je le trouvais, ce jour anniversaire, très vieilli."

  • À Orthez et à Salies, l'ordre est complexe; on a: 1: SE - 2: NE - 3: TE/VSE - 4: ME/NSE - 5: LO/LA/LOS/LAS - 6: AC - 7: I

E lo briu que se'n lo halà tà l'auta part deu gave. (Lalanne): "Et le courant l'emporta de l'autre côté du gave."

se'n la miar entà l'in·hèrn (Larroque): "pour l'emporter en enfer."

Se la voletz, que'vs la balhi. (Hustach): "Si vous la voulez, je vous la donne."

Mais lorsque LO/LA/LOS/LAS, pronoms COD, sont employés avec NE et sans présence d'autres pronoms faibles, ne prend la forme en; on a alors: l'en, los en, las en. Lorsque LO ou LOS sont COS, on a à Orthez que'n lo, que'n los.


Formes prises par les pronoms faibles dans les combinaisons

Lorsqu'ils se combinent entre eux, les pronoms faibles peuvent présenter leur forme pleine, leur forme élidée ou leur forme enclitique. Voici les règles permettant de former les combinaisons:

- quand deux ou plus pronoms faibles peuvent prendre une forme élidée ou enclitique, c'est le dernier qui prend une de ces formes, lorsque c'est possible:

Que se te'n poderé emportar tà casa soa. (Javaloyès) 2 + 3 + 5: "Il pourrait t'emporter chez lui."

- la règle ci-dessus ne s'applique évidemment pas pour les pronoms qui n'ont pas de forme élidée ou enclitique:

B’èri content de l'ac fóter! (Javaloyès) 1 + 6: "J'étais content de le lui foutre!"

- avec lo et los, la règle précédente ne s'applique pas non plus; lo prend sa forme enclitique chaque fois que c'est possible et los la prend toujours:

Que'u ns'an tuat! (Camélat): "Ils nous l'ont tué!"

... mes que'u ne tiravan, vergonhosas. (Javaloyès): "... mais elle l'en enlevaient, honteuse."

Çuprean qu'èra dejà dab jo quan recebó lo vòste imatge, lavetz que'u m'amuishè. (Casebonne): "Cyprien était déjà avec moi quand il reçut votre photo, alors il me la montra."

- placés après la, les pronoms se, me, te, nse, vse et ne se présentent généralement sous leur forme pleine au lieu de leur forme enclitique:

Que la me harèi tota sola, la propaganda! (Palay): "Je me la ferai toute seule, la propagande!"

Qui la se bremba? (Javaloyès): "Qui se rappelle d'elle?"

Qu'èra caduda tà hens d'un segassar, e que se'n vedón ua tà la ne tirar. (Peyroutet): "Elle était tombée dans un roncier, et ils eurent du mal à l'en extirper."

- la s'élide généralement devant i:

Qu'ei aquiu totun, presenta fisicament. Qui l'i a miada? (Lavit): "Elle est là pourtant, présente physiquement."

Qu'i ei aquiu, la hada de Massicamp, que l'i èi sentida, que l'i èi vista. (Lalanne): "Elle est là, la fée de Massicamp, je l'y ai sentie, je l'y ai vue."


Fréquence des combinaisons de pronoms faibles

Les combinaisons de pronoms faibles sont plus fréquentes qu'en français, à la fois dans la langue parlée et dans la langue écrite, et il n'est pas rare de voir des combinaisons de trois, voire quatre, pronoms faibles:

Pren-te'm a jo. (Camélat) 3 + 4: "Prends-moi."

Que crei / que las gojas tau som que la se n'an portada. (Palay) 1 + 2 + 5: "Je crois que les bonnes l'ont emportées en haut."

Que me n'i vau. (L2) 4 + 5 + 7: "Je m'y en vais."

Que se me n'arrid. (Javaloyès) 2 + 4 + 5: "Il me sourit."

Que vs'ac i poderí hicar. (Palay) 3 + 6 + 7: "Je pourrais vous l'y mettre."

Ça-i-te-n'i. (Lalanne) 3 + 5 + 7: "Viens-y."

Que me n'i torni. (L2) 4 + 5 + 7 : "J'y retourne."

Be se n'i ei volut anar? (Palay) 2 + 5 + 7: "Il a voulu s'y en aller, non?"

L'aso que se m'escapa. (Badiolle) 2 + 4 [= Lo men aso que s'escapa]: "Mon âne s'achappe."

Tira-te'm de davant. (Palay) 3 + 4: "Enlève-toi de là."

eth vent torrat qui se nse'n pòrta (Philadelphe) 2 + 4 + 5: "le vent glacé qui nous emporte."

Que se me n'i empòrta. 2 + 4 + 5 + 7: "Il m'y emporte."


Cas particulier: deux pronoms faibles de la troisième personne

Règle générale

Lorsque se trouvent employés ensemble deux pronoms faibles de la troisième personne, un COD et un COS, le pronom COD se présente toujours sous la forme ac, quel que soit le genre et le nombre; le pronom COS conserve la forme lo ou los:

Mossur lo Maire que's hiquè las bajaulas entà léger aqueth paperòt, e quan l'avó passat tres o quate còps que partí de cap tà la botiga deu Prospèr... que l'ac amuishè en lo disent ... (Mounaix) [l': a Prospèr; ac: aqueth paperòt]: "Monsieur le Maire se mit les lunettes pour lire ce bout de papier, et quand il l'eut parcouru trois ou quatre fois il partit au magasin de Prosper... il le lui montra en lui disant..."

Que'm dictava peguerias e que l'ac escriví. (Palay) [lo: per eth (celui qui dictait); ac: las peguerias]: "Il me dictait des blagues et je les écrivais pour lui."

Que l'aví hicat lo cataplasma com se deu, au clòt de l'estomac; eh donc, qu'a calut que'u n'ac tirèssi entà l'ac méter per dessús lo tricòt. (Palay) [lo: lo malaut; ac: lo cataplasma; ne dans la première combinaison: deu clòt de l'estomac]: "Je lui avais mis le cataplasme comme il se doit, au creux de l'estomac; eh bien, il a fallu que je le lui en enlève pour le lui mettre au-dessus du pull."

Non saben pas on an los utís. — Que'us ac harèi trobar. (Palay): ['us: ad eths; ac: los utís]: "Ils ne savent pas où sont leurs outils. — Je les leur ferai trouver."


Autre règle

  • Dans une partie du Béarn, les Landes et le nord du Gers, le pronom COS est représenté par i, tant au masculin qu'au féminin et au singulier qu'au pluriel, tandis que le pronom COD reste inchangé:

Un d'aqueths calhaus que'u cadó suu nas e que l'i esclachà un drinòt. (Hustach): [lo = lo nas; i = ad eth]: "Un de ces cailloux lui tomba sur le nez et le lui écrasa quelque peu."

Lo medecin que l'avè ordonat cachets, nau per dia, que crei. Eh donc, que soi segur que Paulà ne'us i dava pas. (Peyroutet): ['us: los cachets; i: ad eth]: "Le médecin lui avait ordonné des cachets, neuf par jour, je crois. Eh bien, je suis sûr que Paula ne les lui donnait pas."

  • Toutefois, le pronom COS conserve la forme lo ou los lorsque le COD est le pronom neutre ac:

Daunina ne volè pas que Rosin qu'anasse tà Sauvatèrra e que l'ac avè dit un dia en arrident. (Hustach): "Daunine ne voulait pas que Rousin aille à Sauveterre et elle le lui avait dit un jour en riant."


Erreur à éviter

En fr. parlé, on dit couramment: "Je lui ai donné", "Je leur ai donné", pour "Je le lui ai donné", "Je le leur ai donné". En gascon, on exprime obligatoirement les deux pronoms:

Que l'ac èi balhat.: "Je le lui ai donné." [français parlé: "Je lui ai donné."]

Que l'i èi balhat. [idem]

On ne peut dire Que l'èi balhat que lorsque un COD exprimé suit le verbe:

Que l'èi balhat lo CD.: "Je lui ai donné le CD."


Cas particulier: emploi allocutif de te, vse

Dans certains cas, on emploie les pronoms faibles de seconde personne, te ou vse, selon que l'on tutoie ou l'on vouvoie la personne à qui on s'adresse, dans le but d'impliquer cette personne dans ce qu'on lui dit, alors qu'elle ne l'est normalement pas:

Quin lo te mandarí drin entà's passejar, / si'm comandava atau! (Palay): "Comment je te l'enverrais un peu promener, s'il me commandait comme ça!"

De tira qui'm vi, lo Pièrra de Sahoret que se te m'apèra. (Lalanne): "Dès qu'il me vit, Pierre Sahouret te m'appelle."

Au parion, d'aviada, que'us t'aví tirat lo portrèit. (Camélat): "Le couple, d'entrée, je te les avais analysés"

En dus sauts, Laròsa qu'estó sus lo gran, Lagisquet suu petit. Qu'estó mei viste hèit que ne cau entà'c díser. En un virat de man, que'us vse hasón sortir tau com èran *rentrats. (Sabalot): "En deux sauts, Larose fut sur le grand, Lagisquet sur le petit. Ce fut plus vite fait qu'il ne faut pour le dire. En un tournemain ils vous les firent sortir comme ils étaient entrés."