3. C. L'article neutre

De Wikigram
Aller à la navigation Aller à la recherche

Le démonstratf ÇÒ, accompagné de la préposition de joue le rôle d'un véritable article neutre, équivalent à l"article neutre du castillan lo. Néanmoins, plusieurs cas sont à distinguer.

Çò de remplace une proposition relative:

çò de bevut a l’aubèrja (Oey en Bearn): "ce qui avait été bu à l'auberge". Toutefois, il peut se traduire de différentes manières en français.

Comme on va le voit, ces tournures sont très idiomatiques et concourent à l'authenticité de la langue.


L'appartenance

Çò suivi de de et d'un groupe nominal ou d'un pronom, notamment possessif, peut marquer l'appartenance:

Çò deus amics n'ei pas tostemps çò de noste. (Bouzet): "Ce qui est aux amis n'est pas toujours à nous."

Entà tu çò de noste qu’ei ton. (Nadau): "Pour toi, ce qui est à nous est à toi".

Balha’u tot çò de ton, mes a çò de men non tòques. (Camélat) "Donne-lui tout ce qui est à toi, mais ne touche pas à ce qui est à moi."


La matière

Çò suivi de de et d'un groupe nominal peut indiquer la matière:

Çò de hèr que vau miélher que çò de husta. (d'après Bouzet) "Ce qui est en fer vaut mieux que ce qui est en bois."


Devant un adjectif ou un participe passé

Çò suivi de et d'un adjectif ou d'un participe passé équivaut à une proposition relative, mais aussi à l'article français "le" employés dans les même cas (adjectif substantivé):

çò de mei mauaisit en aqueth ahar: "le plus difficile, dans cette affaire"

Çò de dit, dit. (Lalanne): "Ce qui est dit est dit".

Çò de devut: "Ce qui est dû", "le dû"

Aquò qu’ei çò de mei important. (Javaloyès): "C'est le plus important."

Que’n viengón a çò de seriós. (Peyroutet): "Ils en arrivèrent aux choses sérieuses."


Le sens de çò de en fonction du contexte

Toutefois, le fait que çò de remplace une relative fait que dans de nombreux cas, son sens devra être tiré du contexte:

Lagisquet, estruça’t çò de ton e disnem dab aquò. (Yan dou Sabalot): "Lagisquet, range tes provisions et déjeunons avec cela"

Çò de mei bèth n’a pas qu’un temps. (Al Cartéro): "Les plus belles choses ne durent pas."

Arren de çò de uei non vau çò d’autes còps ! (Philadelphe): "Rien de ce qui est moderne ne vaut ce que nous avions autrefois."

condà’us çò de Montfòrt… (Philadelphe): "leur raconter ce qui arriva à Montfort"

Per noste, qu’aiman çò de bon. (Oey en Bearn): "Chez nous, on aime les bonnes choses."

Se Auguste e m’avè hèit gai en condant-me las istòrias deu parçan d’Ortès, que m’estonà enqüèra mei en devisant de çò de Luc. (Lalanne): "Si Auguste m'avait fait plaisir en me racontant les histoires de la région d'Orthez, il m'étonna encore davantage en parlant des histoires de Lucq-de-Béarn."

I a pas arren qui’m haça autant biscar que las personas qui s’ocupan de çò deus auts. (Palay): "Il n'y a rien qui me fasse autant enrager que les personnes qui s'occupent des affaires des autres."

Escotatz çò d’un qui dèisha lo fesin entà tornar gahar l’agulhada. (Daugé): "Écoutez ce que m'écrit quelqu'un qui abandonne le fusil pour reprendre l'aiguillon."

Ne’m brembi pas autant com de çò de la plaça, de l’efèit qui’m devó har l’arribada au miei deus vetèths e de las vacas qui bramavan (Palay): "Je ne me souviens pas autant de ce que je vis sur la place, de l'effet que dut me faire l'arrivée au milieu des veaux et des vaches qui beuglaient."


Cas particuliers

  • çò d'aute signifie "le reste".
  • per çò de signifie "en ce qui concerne". On trouve aussi, et plus souvent, cette locution avec une relative: per çò qui ei de. Voir Emploi de PER et d'(EN)TÀ.
  • çò de est précédé de de pour exprimer le partitif:

Que n’i a de çò de navèth. (Palay): "Il y a du nouveau"

Que’n hètz de çò de beròi, papà. (Palay): "C'est du joli ce que vous faites, papa."

Pair! Uei non serà pas lo dit, que vse’n pòrti de çò de bon! (Camélat): "Père ! Aujourd'hui on ne dira pas que vous n'avez pas bien mangé, je vous porte du bon !"

  • çò de medish veut dire "la même chose". Toutefois, on dit généralement la medisha causa.


Voir aussi: Les équivalents de CHEZ