4. J. La prononciation de N en fin de mot

De Wikigram
Aller à la navigation Aller à la recherche
  • La lettre n correspond en gascon à deux sons différents:

- [n]: "n dental", se prononce avec la langue placée à la racine des dents; c'est le [n] du fr.;

- [ŋ]: "n vélaire", se prononce avec la langue placée sur le voile, prolongement membraneux du palais vers l'arrière de la cavité buccale.

  • En position initiale et dans le corps des mots, n se prononce toujours [n], et ce dans tout le domaine gascon.
  • En fin de mot, n se prononce différemment selon la classe à laquelle appartient le mot (verbe, nom...) et selon les lieux.


N final dans les formes verbales

  • N apparaît à la troisième personne du pluriel des verbes conjugués et se prononce généralement comme un n dental:

Que son. [kesˈun ]

Que cantan. [kekˈantɔn]

  • Toutefois, dans le Lot-et-Garonne, le nord et le centre du Gers et presque tout le Comminges, c'est un n vélaire qu'on prononce:

Que son. [kesˈuŋ]

Que cantan. [kekˈantɔŋ]



N final des autres mots: cas général

  • À la fin des autres mots, n final se prononce généralement [ŋ] (n vélaire):

Doman, qu'auram pan e vin. [duˈmaŋ] [kawɾˈampˈaŋˌeβˈiŋ]

  • Toutefois, ce [ŋ] a disparu en Béarn et dans les Hautes-Pyrénées. Soit on ne prononce rien du tout, c'est le cas des Hautes-Pyrénées et des vallées montagnardes béarnaises:

Doman, qu'auram pan e vin. [dumˈa] [kawˈɾampˈaˌeβˈi]

  • Soit il en reste une trace: la voyelle précédente est plus ou moins nasalisée, c'est-à-dire prononcée en évacuant l'air en partie par les narines, c'est le cas de tout le Béarn non-montagnard:

Doman, qu'auram pan e vin. [dumˈã] kawɾˈamˈpãˌeˈβĩ]

  • Dans la région de Salies, cette nasalisation, après e, entraîne l'ouverture de [e] et la formation d'une diphtongue [ɛj]:

plen [plˈɛj]

tanben [taβˈɛj]

lo men [lumˈɛj]

  • Dans les noms et adjectifs qui se prononcent avec n vélaire, dans les zones correspondantes, devant s du pluriel celui-ci peut être prononcé ou disparaître, suivant les zones:

los cans [luskˈaŋs] (Landes), [luskˈas] (Gers, Comminges, Couserans).

  • N se prononce également [ŋ], ou disparaît, suivant les régions, dans de nombreux toponymes gascons comme Juranson,Madiran...

Voir aussi: 2. G. Les voyelles nasales


N final des autres mots: cas particuliers

N dental

  • Dans certains mots (qui ne sont pas des verbes), n final se prononce [n] (n dental) dans l'ensemble du domaine gascon.
  • Il s'agit d'une part de mots existant depuis longtemps dans la langue et d'autre part d'emprunts divers; en voici une liste qui tente d'être exhaustive:

adarron

Aimon (Aymon, personnage de la littérature)

aliban (/aliman)

an

arron

Artaban

(a)ton

augan

balin-balan

bon (lorsqu'il est employé seul comme interjection, ou dans lo bon Diu)

bren

cancan

carcan

carlaman

carrin-carran

caven

chin

chorrin-chorran

clin

cohen

con

crin-crin

curran

curron, "entame du pain"

demon (francisme pour demòni)

din-din (onomatopée)

din-don (onomatopée)

dindon-dindon

divan

dondèna dondon

drin

ecran

emban

empan

endan

engan

enguan

entertien (/entretien)

entien/ entin, "tout de suite"

entin, "chantier"

esclin

estron

examen

forban

galin

gon

gran

grenchin-grenchan (onomatopée)

guerlin-guerlan

gusman

man, "stérile"

mieitan

mon (possessif)

món (forme ancienne de monde)

moribon

nan

on, "où", et aussi forme de òm

pairan

pan, "pan de mur"

patin (dans e patin e patèna)

paulin

pregon

quan

quin

rapian

redon

riban

roman, "roman" (genre littéraire)

Satan

segon

son (possessif simple)

s(h)orrin

a sorrons (locution adverbiale)

sostien

tin-tan (onomatopée)

tin-ta-ra-tan (onomatopée)

tin-ti-ca-tan (onomatopée)

tin-tin (onomatopée)

tiran

ton (possessif simple)

ton-tan (onomatopée)

zon-zon (onomatopée)

  • C'est aussi le cas des prénoms Bertran et Jan ou Joan, des formes verbales de la troisième personne du singulier des verbes en -éner et en -óner: enten, hen, pen, pren, ten, tien, ven et vien, escon, hon, respon et et de leurs composés (apren, con·hon...).
  • C'est également le cas de mots entrés récemments dans la langue: mots en -èn comme eslovèn, oxigèn..., mots divers comme plan ("un plan") et ses composés, clan, fan, han (peuple de Chine), Neptun, diafan, tsigan… y compris les toponymes étrangers qui n'étaient guère employés jusqu'à présent en gascon: Afganistan, Iran, Liban, Teheran... Toutefois, dans d'autres emprunts, plus anciens, c'est un n vélaire [ŋ] ou muet que l'on a: artisan, charlatan, cortisan, partisan, safran.
  • Enfin, on a un n dental dans les diminutifs en -in: berogin [beɾujˈin] ou [beɾuʒˈin].


Le cas de TAN

Pour la prononciation de tan, et afin de connaître les cas où on écrit tan et ceux où on écrit tant, on se reportera à la fiche 6. C. TAN ou TANT ?.


Le cas des toponymes gascons

Dans les toponymes gascons, n final peut être un n dental [n], ou un n muet / vélaire. Se prononcent avec un n dental: Aucun, Aran, Montardon, Orion, Pueilahun, Sent Goen... et, avec n suivi de s, Arrens, Trebons et Coserans... Se prononcent avec un n muet ou vélaire: Arrustan, Campan, Loron, Madiran, Nebosan, Sarrancolin, et, devant s, Lons.

Ces listes ne sont évidemment pas limitatives.


Le cas de n final des paroxytons

Certains paroxytons (mots ayant l'accent tonique sur l'avant-dernière syllabe) se terminent par n; ce n est toujous muet: arràfen, òrguen, Guíshen, Bidàishen, Dònhen, Vidèren.

On notera d'ailleurs que la forme que la forme de gérondif en dísent se prononce dans beaucoup d'endroits [endˈize].


Le cas de UN AUTE

Dans un aute, le n se prononce [ɲ], c'est-à-dire comme nh dans montanha. Ainsi, un aute se prononce [yɲˈawte] et même [ɲˈawte]. On trouve parfois la graphie 'n aut, qu'il convient d'éviter.

En Béarn et Bigorre, ua auta présente la même prononciation de n.


Divers

  • N est, selon les lieux, vélaire ou muet dans autan ("l'autan") et tron ("tonnerre", mot ancien).
  • panquesa ("belette") se prononce selon les lieux [paŋkˈezɔ], [pakˈezɔ] ou [pãkˈezɔ]. Ce mot est un hispanisme, composé des mots pan et queso.
  • Dans non, le n final semble partout muet à l'heure actuelle. L'étude de textes antérieurs au XXe siècle montre qu'il était prononcé en maints endroits.
  • On prononce n dental, devant s, dans le mot volons employé dans la locution volons o non: "bon gré mal gré".
  • En fin de mot, n ne se prononce pas lorsqu'il est placé après un r:

carn [kˈaɾ]

govèrn [guβˈɛɾ]

Toutefois, ce n se maintient dans la prononciation en Gironde, dans le nord et l'ouest des Landes et dans quelques parlers du Couserans.