2. A. Le choix de l'auxiliaire

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Généralités

Comme en français, pour former les temps composés, on emploie l'auxiliaire aver avec tous les verbes transitifs et la plupart des verbes intransitifs. Les verbes -tous intransitifs- qui prennent l'auxiliaire estar sont les suivants: anar, arrecotir, arribar, baishar (au sens de "descendre"), càder, demorar, deviéner, devarar, entrar, estar, gessir, morir, nèisher, partir, pujar, sortir, tornar, vàder et viéner.


Anar au sens de "marcher", "fonctionner"

Anar, pris au sens de "marcher", "fonctionner", prend l'auxiliaire aver:

Qu'averé anat tan plan si aqueth sauvatjumi de dròlla s'èra sabuda tiéner. (Bouzet): "Ça aurait marché aussi bien si cette petite sauvageonne avait su se tenir."


Demorar au sens d'"attendre"

Lorsqu'il a le sens d'"attendre", demorar prend l'auxiliaire aver:

Que t'èi demorat. (Lavit): "Je t'ai attendu."


Le cas de passar

Dans la langue actuelle, passar forme généralement ses temps composés avec l'auxiliaire estar; cependant, il s'agit là d'une influence française à rejeter; traditionnellement, ce verbe forme ses temps composés avec l'auxiliaire aver; il convient de suivre cette règle:

Vasàs que i a passat. (Camélat): "Bazas y est passée."

Fòrça jorns an passat. (Massartic): "Un grand nombre de jours sont passés."

Sabi escotar, e n'èi pas jamès passat per batalaire. (Bladé): "Je sais écouter, et je ne suis jamais passé pour bavard."

Au demeurant, des auteurs récents suivent cet usage authentique:

Un mes qu'avè passat. (Sabalot): "Un mois était passé."


Non-répétition de l'auxiliaire

Lorsque plusieurs verbes conjugués à un temps composé se suivent, on peut n'exprimer l'auxiliaire que pour le premier, même lorsque le(s) verbe(s) qui suit (/suivent) ne prennent pas le même auxiliaire:

Que deu estar tornat d'Auloron véner carbon e partit tà pintar. (Sabalot): "Il doit être revenu de vendre du charbon à Oloron et reparti picoler."

Qu'avèm escanat e penut lo mossur, minjat e pintat. (Camélat): "Nous avions égorgé et pendu le cochon, mangé et bu."

Que s'èran plan lavats, copat la barba. (Sabalot): "Ils s'étaient bien lavés, coupé la barbe."


Avec les semi-auxiliaires

À propos du choix de l'auxiliaire pour former les temps composés des verbes semi-auxiliaires, on consultera la fiche 4. H. Les verbes qui peuvent être suivis d'un infinitif.


Dans les constructions ergatives et assimilées

Dans les constructions ergatives et assimilées, l'auxiliaire des temps composés est généralement aver:

Que voi pariar qu'a arribat quauquarren a Casimir. (Peyroutet): "Je parie qu'il est arrivé quelque chose à Casimir."

Pour plus de détail, voir 4. F. Les constructions ergatives.


Avec les verbes pronominaux

Règle générale

Pour former leurs temps composés, les verbes pronominaux prennent l'auxiliaire estar:

Que s'ei desvelhada camas dolentas e pès plagats. (Lavit): "Elle s'est réveillée avec les jambes douleureuses et les pieds couverts de plaies."

Il en va de même pour les verbes pronominaux correspondant à des verbes intransitifs du français:

... quan lo s'èran escapadas paraulas hòlas davant Bertran. (Peyroutet): "... quand lui avaient échappé des paroles folles face à Bertrand."


Dans les constructions pseudo-pronominales

Dans les constructions pseudo-pronominales (voir 3. Q. Les verbes pronominaux), l'auxiliaire est aver:

Jonvè que s'avè hèit seguir lo hrair e lo cosin. (Javaloyès): "John Way avait emmené avec lui son frère et son cousin."

Bordèras e eth non s'avèn jamei avut arren. (Casebonne): "Bordères et lui s'étaient toujours bien entendu."

Que vedetz, ara, que vs'avetz mancat la hèita? (Palay): "Vous voyez, maintenant, que vous avez manqué votre coup?"

Que me n'èi vist. (L2): "J'ai eu des difficultés."

Que s'avè amassat, i avè bèra pausa, ua mèrca dens los peus, au ten. (Manciet): "Il avait écopé, il y avait longtemps, d'une marque dans les cheveux, au front."

quan eth madeish en còr s'a hèit eth trauc (Philadelphe): "quan lui-même au coeur s'est fait le trou"

Sons vesins s'ac aurén tot balhat entà aver bestiar coma lo son. (Bladé): "Ses voisins auraient tout donné pour avoir du bétail comme le sien."

Qu'èran tots capòts de s'aver deishat escapar l’ausèth qui credèn pres. (Casebonne): "Ils étaient tout confus d'avoir laissé échapper l'oiseau qu'ils croyaient pris."

Toutefois, sans doute à cause de l'influence du français, on emploie l'auxiliaire estar avec dise's et demandà's (mais pas avec pensà's):

E vs'ètz jamei demandat perqué no’m soi pas maridat? (Palay): "Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi je ne me suis pas marié?"

Que s'èra dit que Calineta e’u vieneré cercar. (Sabalot): "Il s'était dit que Calinette viendrait le chercher."

Que'm soi dita: que te'us poirén benlhèu panar. (Daugé): "Je me suis dit: ils pourraient peut-être te les voler."

mais: Shens n’aver parlat enqüèra ad arrés... que s'avè pensat d’anar tà casa tà la fin deu Carnaval e d’anar trobar lo mèste de Bordèras. (Casebonne): "Sans en avoir encore parlé à personne... il avait formé le projet d'aller chez lui à la fin de la période de carnaval et d'aller voir le maître de Bordères."